2013, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)
Contre toy fault que ma langue declicque En rhetorique car tu m'es trop inique 3 Déroutant le lecteur, les cavalcades de calembours des textes de Verheggen sont aussi des exposés en acte de l'art de la composition et du style poétiques, soit des arts poétiques. « Leçon de Pésie », par exemple, en oubliant le [o], précisément lyrique, qui donne toute sa noblesse au terme « poésie », applique le principe de « gaucherie apparente » prôné par « Leçon d'inattention » 4. Des « manifestes », parfois « cochon[s] » 5 , prodiguent de manière musclée une déferlante de conseils aux « jeunes gens » alors que des « éloges » vantent « Sauveurs de l'humidité labiale », « Écholalistes déchaînés » et autres « Praticants du hoquet lyrique » 6 pendant qu'une « lettre », nécessairement adressée à un « Rocker » du nom de « Rainer Maria », explique comment « écrire en chaleur », « en rut », « en éruct pour ne pas dire en éructation » 7. Ces arts poétiques d'un genre irrévérencieux témoignent du besoin compulsif qu'a Verheggen de commenter sa pratique poétique, d'en cerner les contours. Dans « Pour en baver ! », préface d'Artaud Rimbur, il déclare en effet : J'ai toujours voulu écrire sur Artaud […] un texte, bref et fulgurant, qui puisse, d'un côté accompagner mes lectures-performances et, de l'autre, être, à mes yeux, une sorte d'art poétique violent. Hard, comme on dit aujourd'hui : un hard poétique ! 8 Expression de l' « inSONscient » 9 , cet art poétique, né d'une « réflexion [faisant] penser le son et le sens ensemble ! De leur naissance à leur profération ! » 10 , conduit Verheggen à situer sa pratique poétique non seulement par rapport aux grandes figures de la poésie des XIX e et XX e siècles (Rimbaud, Artaud et Michaux, notamment), mais également par rapport aux pratiques contemporaines de l'oralité, en particulier celles des performances de rap et de slam.