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Jouer l’autre rôle. Genre et jouabilité en centre de loisirs

Abstract

Comme de nombreux chercheur-e-s ont pu l'observer dans les centres de loisirs des rapports sociaux inégaux participent à la construction des identités sexuées enfantines et, par conséquent, à la reproduction des normes et des stéréotypes. Dans une perspective complémentaire, nous nous intéressons plus particulièrement aux situations où nous avons pu observer la perméabilité d'une frontière socialement construite et régulièrement renforcée. Cet article s'attachera à montrer comment la jouabilité d'une situation autorise plus ou moins le « travail des frontières » (Thorne, 1993). Pour ce faire, notre fil rouge sera le jeu, dans son rapport avec la sociabilité des enfants et des adultes. Après la contextualisation de nos données empiriques et la présentation des concepts qui serviront à les analyser, la première partie s'attachera à interroger les relations entre l'équipe d'animation et les enfants. Nous remarquerons comment le centre de loisirs est loin d'être une entité uniforme, par l'enchaînement de moments qui n'offrent pas les mêmes degrés de participation aux professionnel-le-s et aux enfants. À partir des variations de la jouabilité, la troisième partie montrera comment celle-ci permet, plus ou moins, la traversée de la frontière de genre. Enfin, la dernière partie tentera de monter en généralités en prenant appui sur d'autres recherches antérieures étudiant notamment d'autres formes de séjours de vacances s'éloignant de la forme scolaire de socialisation. Terrain, données, et cadres théoriques Suite aux travaux de Ferreira (2010) qui constate un lien entre la mixité de certaines activités et l'assouplissement du contexte dans lequel elles s'inscrivent, j'ai repris mes propres données au filtre du genre. Celles-ci sont issues d'un travail de recherche ethnographique réalisé dans le cadre d'un centre de loisirs sur la place du jeu des enfants et ses rencontres avec l'activité des animateurs (Besse-Patin, 2012).