Price-Mars commence à s’intéresser au vodou à partir des années 1920. Son premier texte sur la question, paru dans la Revue de la Société haïtienne d’Histoire et de Géographie, date de 1925, « Le sentiment et le phénomène religieux chez les nègres de Saint-Domingue ». Il y aborde la question du point de vue historique. Il ne la traite vraiment que dans son chef d’œuvre Ainsi parla l’oncle [1928]. Bien avant lui, d’autres intellectuels haïtiens, comme Duverneau Trouillot, ont étudié le vodou. En 1885, ce dernier publie Le Vaudoun: Aperçu historique et évolutions. Price-Mars en fait références, discute et cite d’autres articles de ses contemporains, particulièrement celles de Jean Chrysostome Dorsainvil, "publiées entre 1912 et 1913 dans Haïti Médicale, sous le titre suggestif de « Vaudoun et névrose »"(dixit Price-Mars). Si l’auteur s’inscrit bien dans une dynamique d’études et de réflexions qui remonte au 19e siècle, il inaugure une tonalité vraiment nouvelle dans la manière d’aborder cette question. A la différence de ses contemporains et de ses devanciers, Price-Mars élabore une démonstration du caractère « religieux » du vodou, point de départ de tout un dispositif de reconnaissance de la culture populaire. Quel est l’enjeu de cette démarche ?