Academia.edu no longer supports Internet Explorer.
To browse Academia.edu and the wider internet faster and more securely, please take a few seconds to upgrade your browser.
2017
La mystique d’amour s’inscrit dans la continuité des nombreuses religions et courants spirituels nés en Iran. Les mystiques d’amour iraniens ont approfondi l’expérience de l’état amoureux pour en utiliser l’énorme charge affective afin de se catapulter vers le Profond. Au XIe siècle, dans le premier traité sur l’amour écrit en persan, Ahmad Ghazali décrit les différents états intérieurs rencontrés par le disciple sur son chemin d’ascèse. Au-delà des expériences ponctuelles d’entrée dans le Profond, Ahmad Ghazali vise à une ascèse plus mature qui conduise le mystique vers une vie qui gravite autour d’un état permanent de conscience inspirée. La séparation entre monde intérieur et extérieur disparaît alors : « Il y a là un mystère sublime, c’est que l’amour brille de l’intérieur vers le dehors tandis que l’amour des créatures pénètre du dehors vers l’intérieur1 ». L’autre devient objet de contemplation car il est le miroir du divin ; le monde se transforme en source d’inspiration pour l’ascèse. Au XIIe siècle d’autres mystiques vont traduire cette expérience de l’amour mystique à travers la philosophie orientale, les récits initiatiques ou la formation de confréries soufies. Les poètes, artistes et artisans des différents Métiers vont diffuser le contenu de ces paysages transcendantaux dans le monde à travers leurs productions. Cette nouvelle esthétique aura pour conséquence la transformation du tréfonds psychosocial iranien. L’investigation de terrain a permis de constater que ce tréfonds de conscience inspirée reste encore présent aujourd’hui dans l’âme du peuple iranien.
Les mots du désir, 2020
La passion amoureuse et le désir de l'autre qu'elle implique se comptent parmi les thèmes les plus fréquemment abordés dans la littérature médiévale de langue arabe. La poésie ʿudhrite et les notices sur les amants chastes, qui fournissent le contexte dans lequel les poèmes d'amour sont récités 1, en sont un exemple. « Les poètes d'amour de l'école bédouine, qui s'opposent traditionnellement à ceux des villes, seraient issus de la tribu des Banū ʿUdhra ; leur conception de l'amour tiendrait à une vision pure, innocente et sobre de la vie, propre au monde bédouin et surtout à cette tribu 2. » Bien qu'il n'admette aucune pratique sexuelle, l'amour ʿudhrite se fonde sur le désir de l'union charnelle, qui doit demeurer à tout jamais inassouvi. Certains textes relevant du mujūn, produits dans le même contexte socioculturel et par la même élite intellectuelle 3, attribuent également une importance particulière au thème du désir, notamment sexuel. Le terme mujūn, dont la richesse décourage toute tentative de traduction, ne désigne pas un genre littéraire, mais un type d'écriture recouvrant des champs sémantiques allant de la frivolité jusqu'au libertinage et à l'obscénité effrontée la plus large 4.
Bulletin Questes, N°22, 2011
Le pèlerinage, souvent associé à la croisade dans la geste de Charlemagne où les chevaliers chrétiens empruntent la route de Compostelle pour communier et conquérir dans un même mouvement, connaît une certaine fortune littéraire en tant que motif narratif dans les romans des XII e et XIII e siècles. Topiques et néanmoins malléables, les épisodes de pèlerinage s'offrent en effet comme des ressorts narratifs précieux dans des textes mettant en scène des héros qui progressent et s'accomplissent à travers quêtes et épreuves variées. Écartant les romans arthuriens qui préfèrent souvent, dans la formation de leur héros, la rencontre avec un ermite à la prise de bourdon, je voudrais confronter ici la manière dont quelques romans d'aventure des XII e et XIII e siècles exploitent le motif du pèlerinage. Floire et Blanchefleur, Amadas et Ydoine, L'Escoufle de Jean Renart, sont trois représentants du « nouveau roman » médiéval 1 , ce genre romanesque qui échappe à la classification en trois « matières », -France, Rome, Bretagne -définie par Jean Bodel 2 . Peu portés sur la féerie, ces récits ont ceci en commun qu'ils mettent sur les routes des personnages mus par l'amour : leurs héros sont des amants qui, se trouvant séparés et éloignés par le destin, entreprennent des quêtes parallèles sur les routes d'Occident ou d'Orient pour se rejoindre. Les romans s'achèvent lorsque les couples
Le champ sémantique de l'amour dans les romans courtois du X I I e siécle Eröss Orsolya * Cf. Georges Matoré, La m é th o d e en lexicologie, Paris, Didier, 1953. Jacques Le Goff, La civilisa tion de V O c c i d e n t M é d i é v a l e , Paris, Flarnmarion, 1982, p. 323. L es ro m a n s de C h r étie n de T ro yes , Collection : L es C la ssiq u es F rangais au M o y e n A g e ; Paris, Ed. Librairie Ilonoré Champion.
How did ancient Iranian religion represent the wolf? Between the mythological data, the realities of the agro-pastoral world, and the symbolism of exegetical tradition, Late Antique Zoroastrianism considered the wolf as primarily a species to kill. In reality, much more than the Canis lupus hides behind the word 'wolf ' (Middle Persian gurg), including most nocturnal predators but also devastating illnesses, a monster whom the Savior will destroy at the end of time, and finally heretics who renounce or deform the Good Religion. However, this negative image is nuanced by the recognition of the strong ties between the she-wolf and wolf cubs, both in texts where the protective qualities of this large predator are evoked, and in iconography, namely magic seals, where one finds the image of the nourishing she-wolf, perhaps connected to perinatal magic.
Journal of Arabic and Islamic Studies, 1970
This article focuses on the method of transmission in aḫbār belonging tothe Arabic literary genre of love prose. The survey of the system ofquotations in thirteen love treatises written between the 4th/10th and the11th/17th centuries indicates that the traditional isnād, in which the names of the transmitters are included, was progressively abandoned. Authors starting from Muġulṭāy (d. 762/1361) chose instead to favour quotations of books by their titles, even though the preferred method of transmitting knowledge was still oral during the Mamluk period. Use of written ‘references’ not only indicates a formal change of conventional practice, but also implies the willingness of later authors to claim a kind ofauthorship in reshaping stories taken from old material.
The Armenian church of Saint George in Esfahan attracts a great popular devotion among both Christians and Muslims. The great popularity of Saint George among believers of both religions is a common feature of Middle-East societies. However, this case looks quite particular. For Armenians, the saint looks like a very abstract figure and seems much more to be a witness of the votive relation, formulated “in his name”, than the direct partner of the believer ; in fact, it is to the Christ that Christian and Muslim devotees address themselves. Moreover, the charisma of the place is also linked to the presence of sacred stones from Etchmiadzine (Armenia’s spiritual centre), which play a great part in the devotional practices. Through this case study, we aim also to present some reflections on the nature and the modalities of “mixed” devotional practices and on the particularities of the cult of saints among Armenians in Esfahan. L’église arménienne Saint-Georges d’Esfahan attire une forte dévotion populaire non seulement chrétienne mais aussi musulmane. Le grand charisme de saint Georges auprès des fidèles des deux confessions est un trait commun aux sociétés du Moyen-Orient. Toutefois, ce cas précis obéit à une logique particulière. Le saint apparaît comme une figure très abstraite et semble plutôt témoin du lien votif, prononcé « en son nom » que son réel destinataire ; c’est plutôt au Christ que s’adressent les fidèles chrétiens et musulmans. Par ailleurs, le charisme du lieu découle aussi de la présence de pierres sacrées en provenance d’Etchmiadzine (le centre spirituel de l’Arménie), qui se trouvent placées au cœur des pratiques votives. À travers cette étude de cas se dégagent également quelques pistes de réflexion sur la nature et les modalités des pratiques dévotionnelles « mixtes » et sur les particularités que le culte des saints adopte parmi les Arméniens d’Esfahan.
Aux sources des liturgies indo-iraniennes, 2020
Les temps sont mûrs pour définir un nouveau type de comparatisme indo-iranien, qui serait fondé sur une approche globale de littératures pareillement constituées à des fins liturgiques : la védique et la mazdéenne. Telle était la conviction commune aux organisateurs du colloque intitulé Aux sources des liturgies indo-iraniennes, qui s’est tenu à l’Université de Liège, les 9 et 10 juin 2016, avec l’appui du Fonds National pour la Recherche Scientifique. Le présent volume, fondé sur les contributions présentées à ce colloque, est destiné à permettre à des indianistes et à des iranistes spécialisés dans ces questions de faire le point sur l’état des connaissances en présence les uns des autres. Compte-rendu par J. Martínez Porro (2023) : https://fu-berlin.academia.edu/JaimeMart%C3%ADnezPorro/Reviews
Clio, 2011
En 2005, Leah Otis Court déplorait le fait que pour beaucoup de chercheurs « la société médiévale aurait trouvé l'amour et le mariage si incompatibles que la passion ne pouvait se manifester que dans l'évocation littéraire d'une liaison extra-conjugale » 1 . Il s'agit pour elle d'une vision erronée que des travaux très sérieux ne parviennent pas à écarter même en démontrant, a contrario, que le mariage est bien, en littérature, le lieu privilégié de l'amour conjugal parfaitement légitime et pas des seules passions illicites 2 . Elle s'est également attachée à montrer que l'amour dans le mariage peut exister sans forcément n'être qu'une version de l'obéissance et de la sujétion de l'épouse à son mari 3 . Le bonheur conjugal se compose alors d'attachement, de respect, de fidélité dans une relation faite de réciprocité. Mais les remarques ou les regrets de Leah Otis Court concernent essentiellement la littérature courtoise des XII e -XIII e siècles.
L'écriture de l'amour" dans la littérature arabo-islamique médiévale s'est développée dès une époque ancienne. Le thème de l'amour, qui est sans doute un des plus souvent traités, apparut d'abord sous forme poétique. Les poèmes préislamiques (qa īda ṣ -s) contenaient déjà un "prélude amoureux", le nasīb, dans lequel le poète exprimait le chagrin que lui causait la séparation de l'aimée 1 . Le poème d'amour devint par la suite un genre poétique à part entière, le ġazal 2 . L'apparition du concept de l'amour 'u rite (ou ḏ « courtois ») constitue également une étape importante du développement de la poésie amoureuse arabo-islamique 3 . Cet amour, dont la chasteté est un trait essentiel, est en effet à l'origine des théories qui furent par la suite développées dans des ouvrages en prose. En complément des études monographiques qui peuvent être faites sur le sujet 4 , il est sans doute utile de retracer la naissance et le développement du genre littéraire des traités d'amour et de la théorie que ces ouvrages sous-entendent, dans une approche historicolittéraire.
La physique d’Abu l-Barakât al-Baghdâdî et quelques unes de ses originalités ont été mises à jour et étudiées en son temps par Shlomo Pinès, notamment sous l’angle philosophique et historique. Cette étude se propose de montrer que de véritables changements de paradigme ont eu lieu dans le monde arabe sur cette question, même s’il est difficile de dire aujourd’hui quelle en fut la transmission vers le monde latin.
Le cheval, l’âne et la mule dans les Empires de l’Orient ancien. Des Néoassyriens aux Sassanides, M. Spruyt et D. Poinsot (éd.), Paris, 2022., 2022
Être de transition et de médiation avec le surnaturel, le cheval de la mythologie iranienne joue un rôle d’intermédiaire entre la lumière et les ténèbres, le ciel et la terre, le monde immatériel et le monde terrestre. Les récits de l’Iran ancien le mettent en scène tantôt comme avatar ou attribut des dieux (Mithra, Tištriia, Vǝrǝthragna), tantôt comme fondateur de temples ou encore comme passeur entre les générations ou les frontières. Le rôle divinatoire et oraculaire du cheval se manifeste aussi bien par son hennissement que par ses di昀昀érentes robes et les épis qui les constellent. Aux côtés de la littérature zoroastrienne, des traités mé- diévaux persans moins connus tels que le Nowrūz-nāme attribué à Omar Khayyām (xiie s.), le Faras-nāme de Qayyem Nahāvandi (xiie s.) et le Ādāb al-ḥarb wa al-šajāʿa de Fakhr-e Modabber (début du xiiie s.) qui décrivent en détails des présages bons ou mauvais associés à ses caractéristiques physiques nous aident à percevoir la continuité de l’image du cheval en tant que vecteur du surnaturel.
Recherches sémiotiques, 2009
En Iran, les publications sur la Perse antique, en particulier sur la dynastie achéménide, se multiplient après la révolution islamique (1979). La connaissance de ce passé occulté depuis le VIIe siècle par l’islamisation est tributaire des travaux orientalistes européens, car ceux-ci ont fourni la clé des inscriptions royales encryptées dans des langues disparues. Retraduire ce savoir en persan moderne est une condition du retour aux origines préislamiques de l’identité iranienne, mais cette réappropriation est investie d’une fonction politique. Les deux tiers des publications sur les Achéménides sont des traductions. Les titres répertoriés depuis 1971 font voir que le rythme des publications originales ou traduites soutient le courant d’opposition à la théocratie islamique. En suivant l’évolution des publications originales et traduites sur les Achéménides, l’étude montre en quoi, paradoxalement, l’histoire de la Perse antique n’a pas cessé de servir le courant moderniste qui s’exp...
This article focuses on the method of transmission in aḫbār belonging to the Arabic literary genre of love prose. The survey of the system of quotations in thirteen love treatises written between the 4th/10th and the 11th/17th centuries indicates that the traditional isnād, in which the names of the transmitters are included, was progressively abandoned. Authors starting from Muġulṭāy (d. 762/1361) chose instead to favour quotations of books by their titles, even though the preferred method of transmitting knowledge was still oral during the Mamluk period. Use of written 'references' not only indicates a formal change of conventional practice, but also implies the willingness of later authors to claim a kind of authorship in reshaping stories taken from old material. L'histoire de la littérature arabo-islamique compte une quinzaine de traités d'amour conservés, dont la production s'est étendue sur huit siècles environ. Du point de vue chronologique, les premières...
Indo-European Linguistics and Classical Philology, 2020
In this article, words designating 'love' in ancient Indo-European languages are classified according to their original meaning. The etymological research tries to make a historical reconstruction of this feeling and thus find answers to the old question "What is love?". Etymological analysis shows us that the Proto-Indo-European language did not transmit to its descendants a common lexeme denoting 'love'. The most attested root *preyH-appears with the meaning 'love' only in Indo-Iranian, Germanic and Slavic. The 18 roots from which the words meaning 'love; friendship' in the different Indo-European languages derive could be classified into three main groups according to their original semantics. One of the most attested semantic developments is 'desire' > 'love' (*lewbʰ-, *keh 2-, *wenh x-, *g wh ed h-). Another widespread model of semantic evolution (*h 3 neh 2-, *ḱeh 2 d-, *peh 2-, *sterg-, *h 2 el-, *h 2 emh 3-) is linked to the idea that love is a care for the person loved. This model brings together several paths of semantic evolution and we can presume that it was originally linked to maternal love. Several Indo-European languages also reveal the perception of the object of love as a personal belonging, such as the limbs and organs of one's own body, as an extension of oneself (*preyH-). The other is not conceived as an otherness, but as a part of oneself, something which is lacking and to which one unites, attaches himself in order to acquire his integrity, cf. the Balto-Slavic formations from *meyH-; Toch. A ārt, Toch. B ārtt-; Gk. ἀρτύν from *h 2 er-; Skt. snéhati from *sneyg wh-. Two other formations (Gk. ἔρως, ἔραμαι and Lat. dīligō, dīlegere) represent love as connected to enjoyment, but an enjoyment, which consists in taking one's share, taking something for oneself. The semantic evolution of the Indo-European root *preyH-'to love', from which comes the adjective *priyo-, expressing personal belonging and implying an emotional relation to the "self", is the most eloquent illustration of the identification of the other with oneself.
La Trahison au Moyen Âge. Actes du colloque de l’Université de Lyon III (11-13 juin 2008), dir. M. Billoré, M. Soria, Rennes, PUR, 2009, p. 133-149., 2009
Loading Preview
Sorry, preview is currently unavailable. You can download the paper by clicking the button above.