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François Sigaut (1940-2012)

2013, L'Homme

François Sigaut fit ses études secondaires chez les Jésuites, où il cultiva sa passion précoce de la lecture, une familiarité avec les textes latins et philosophiques, et acquit une indéfectible défiance à l'égard de toutes les religions. Au grand étonnement de sa famille citadine, que rien ne rattachait à la terre sinon le grand-père fabricant du célèbre pain d'épices rémois à la farine de seigle, il s'oriente vers l'agronomie. Après les classes préparatoires au collège Stanislas à Paris, il entre à l'Institut national agronomique (1960-1962) puis à l'École supérieure d'agronomie tropicale de Nogent-sur-Marne (1962-1964). Le jeune ingénieur agronome effectue une année de coopération technique au Niger, puis exerce son métier comme chargé d'études d'aménagement rural pour diverses régions de France et d'Algérie. En 1971, tout en continuant cette activité à temps partiel, il décide de reprendre des études et s'oriente vers l'ethnologie. Il s'interrogeait alors sur les évolutions historiques en agriculture, comme par exemple le passage de l'araire à la charrue, sur lequel le livre d'Haudricourt et Jean-Brunhes Delamarre (1986 [1955]) ne nous éclairait pas suffisamment à son gré. Il se plonge alors dans les auteurs anciens et découvre le sens oublié du terme jachère, ce qui lui dévoile, du même coup, le contresens entretenu dans les travaux d'histoire rurale. Il s'adresse alors à l'un des meilleurs historiens, qui ne lui répond pas, et à André Leroi-Gourhan, qui l'envoie à Robert Cresswell. Il a d'abord l'intention d'en faire le sujet principal d'une thèse, mais, doutant de son acceptation, il s'oriente, à l'incitation de Jacques Barrau, vers un sujet moins polémique mais tout aussi inattendu : le rôle et la place du feu dans les techniques anciennes de préparation du champ en Europe. Il prépare sa thèse sous la direction de Lucien Bernot, dont la jovialité et l'ouverture d'esprit l'avaient séduit et encouragé, obtient un HOMMAGE