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Les émotions en discours et en image(s)

2017, Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - memSIC

Abstract

Émotion, langue et discours L'article de Laurent Müller intitulé « Le mot comme stimulant de l' émotion : la perspective de Jean-Marie Guyau » propose de résoudre le paradoxe suivant : pourquoi écrit-on, pourquoi même parle-ton si l' émotion, par sa nature sensible et vive, est assignée à être indicible et à échapper aux mots ? À considérer l' émotion en sa consistance vive et singulière, unique et préverbale, rien ne paraît plus paradoxal que de la vouloir dire. Parler, en effet, n' est-ce pas communiquer, mettre en commun-mais comment mettre en commun ce qui est propre ? Comment rendre même par un idiome l' émotion toujours idiosyncrasique ? N' est-ce pas un projet voué à l'insuccès que celui de ramener l'affect radicalement individuel à une généralité vouée à en abstraire l'unicité-à un genre ? Car les mots ne désignent que des genres, comme le remarque Bergson, à l' exception notable des noms propres, mais dont le nombre fini ne peut rivaliser avec l' ondoyance héraclitéenne des émotions. Tout autre est la proposition de Jean-Marie Guyau : l' émotion, en son fond, est impersonnelle et même éternelle parce qu' elle ressortit à la puissance de vie. C' est donc, en définitive, à cette Les mécanismes de la réaction émotionnelle du public récepteur est visée aussi par l'article « Susciter une émotion pour dominer l' esprit : la propagande antisémite et les écrivains » d' Atinati Mamatsashvili. L'auteure analyse le formatage des émotions par la propagande visuelle employant des affiches, sur le mode de l'action-réaction, en mettant le focus sur des réactions qui peuvent échapper à la programmation initiale : l'action de la propagande antisémite dans la France de Vichy, visant la provocation d'une réaction émotionnelle au sein de la population (la peur, la haine devant justifier l' exclusion des juifs) a provoqué aussi une réaction qui échappe à la visée propagandiste, celle illustrée, par exemple, par Pilote de guerre d' Antoine de Saint-Exupéry et L'Étoile jaune d'Édith Thomas. Ces deux écrits démasquent et démontent les stéréotypes antisémites dans leurs dimensions visuelle et émotionnelle, en leur confrontant des émotions essentiellement sociales-la sympathie, la culpabilité, la honte-porteuses d'une dimension morale.