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Izdebski et al Annales 2022

Abstract

L'histoire, en tant que discipline, traverse une phase de transition. D'une part, de nouveaux types d'indices (palynologiques, dendrologiques, glaciologiques, ostéologiques, archéogénétiques, etc.) sont disponibles, mais beaucoup d'historiens demeurent réticents à les utiliser, faute d'avoir été formés pour le faire. D'autre part, la situation mondiale actuelle, particulièrement critique, marquée par des changements climatiques et des perturbations écosystémiques sans précédent ainsi que par l'émergence (non sans lien avec ces dérèglements) de maladies hautement transmissibles, incite à se tourner vers le passé, à la recherche de parallèles signiants et de boussoles susceptibles de nous guider. Des professionnels d'autres disciplines-notamment de la médecine, des sciences de l'environnement et de l'économie-se sont attelés à cette tâche en proposant au grand public des « leçons historiques ». Les historiens, quant à eux, participent encore trop peu souvent aux débats sur les dé s du présent et le futur de la planète qui en découle, alors même que ceux-ci captivent l'opinion et contribuent effectivement à tracer les contours de notre avenir. Pour remédier à cette situation, les historiens doivent s'emparer des nouveaux indicateurs et des perspectives disciplinaires et théoriques sur le passé qui ont émergé au cours des décennies récentes. Par ailleurs, ils doivent défendre la pertinence de ce que l'on pourrait appeler, dans une perspective évolutionniste, le passé récent-à savoir la période allant de l'Antiquité à la révolution industriellepour apporter des réponses aux questions majeures qui occupent aujourd'hui nombre d'esprits. Les auteurs du présent article, huit historiens et huit spécialistes de sciences naturelles, souhaitent participer à cet effort en ré échissant à la