Academia.eduAcademia.edu

Iconographie et liturgie

patzinakia.com

Abstract

Cette étude proposera une lecture de l'iconographie de cinq sanctuaires moldaves décorés à la fin du XV e siècle et au début du siècle suivant, par le biais de l'empreinte liturgique sur les choix des thèmes. On préface la description des programmes et leur analyse par un aperçu de l'histoire des commentaires liturgiques -principale source dans l'interprétation des sacrements de l'Églisedans les derniers siècles de la survivance du Byzance et par une élémentaire présentation des conditions historiques et culturelles de l'essor de l'activité artistique en Moldavie pendant la seconde moitié du XV e siècle. L'analyse qu'on propose tâchera de prouver que non seulement les images traditionnelles du décor de l'abside, dont la signification ecclésiale et sacramentelle est connue, mais encore une des plus originales additions à ce tronc commun -hérité du Byzance -proposées par ces ensembles monumentaux, le « glissement » des scènes du cycle des Passions dans le sanctuaire, comporte un fécond sens liturgique.

Key takeaways

  • Leur effort était celui de réinterpréter la théologie liturgique, fondée dans le mystère Pascal du Christ, partant de sa kénose par l'Incarnation, Passion et Crucifiement, à travers son exaltation par sa Résurrection, son Ascension et son siège à droite du Père, jusqu'à sa glorification finale dans la Liturgie céleste de l'Agneau, avec les anges et les saints devant le trône du Dieu, étapes de la providence divine qui forment une réalité permanente représentée en images et réactualisée dans le rituel 16 .
  • Après le X e siècle, avec l'essor de la liturgie dans la tradition culturelle et sociale à Byzance, témoignée par des réformes liturgiques, la vie religieuse est centrée sur le problème de la présence du Christ dans les espèces consacrées, ce que rend l'abside lieu de l'exaltation de l'eucharistie ; l'iconographie fait écho à ce phénomène par l'importance accrue des représentations des évêques (le prêtre qui consacre les offrandes eucharistiques remplaçant les visionnaires qui y étaient habituellement représentés) et par l'accent mis sur l'institution de l'eucharistie lors de la Cène : à partir du XI e siècle la Communion des Apôtres ne manque pas du décor absidal 27 .
  • De plus, ces images sont en effet le début et la conclusion respectivement du cycle des Passions, qui se succède sans césure dans le naos, l'unifiant ainsi à l'abside ; le phénomène et le plus spectaculaire à Popăuţi, où la frise coule sans aucune barrière, englobant même la Communion des apôtres ( fig. 28 et 29).
  • Toutefois elle parut rarement dans la décoration monumentale dans le X e siècle (dans la niche de nord du sanctuaire de l'église rupestre du monastère de la Vierge Kaloritissa à Naxos 55 et dans la prothèse de l'église cappadocienne Kiliçlar kilise à Göreme 56 ) et la première moitié du siècle suivant (dans l'abside de l'église Panagia ton Chalkeon à Thessalonique, 1028 57 ).
  • Au fur et à mesure que les commentaires liturgiques, envisageant le mystère central de la liturgie eucharistique, l'oblation des espèces consacrées, s'imposent dans la littérature chrétienne, l'abside commence à être vue comme lieu où le Christ se manifeste aux hommes dans son existence la plus accessible, celle sacramentelle 61 .