2009
Constitution du texte Canonicité et importance traditionnelle L'apparition dans l'histoire du Cantique des cantiques (= Ct), šîr haššîrîm, le Cantique par excellence, est aussi abrupte que l'entame de son texte : nul indice sur son auteur (autre que le patronage salomonien), sur les circonstances de sa composition ou ses premiers destinataires. Cette indétermination fondamentale ouvre le champ à une grande variété d'hypothèses. La première allusion à Ct pourrait figurer en Si 47,17, au début du 2 e s. av. J.-C., lorsque, à propos de Salomon, il est dit : « Tes chants, tes proverbes, tes sentences et tes réponses ont fait l'admiration du monde ». Quoi qu'il en soit, Ct était lu à Qumrân (50 av. J.-C.-50 ap. J.-C.) : on a découvert quatre fragments de ce texte dans trois manuscrits de la grotte 4 et un de la grotte 6, sans que l'on connaisse l'usage précis qui en était fait (liturgique, patrimoine culturel, lecture allégorique ?). La Septante l'a retenu sous le même nom de a i sma a i smatôn. Cette traduction semble remonter au premier siècle de notre ère. Vers 93-96, Flavius Josèphe paraît y faire allusion lorsque, dans son énumération des livres bibliques, il cite après le Pentateuque et treize livres prophétiques « les quatre restants [qui] contiennent des hymnes à Dieu et des conseils de vie pour les hommes » (Josèphe, C. Ap., 1,40). Il s'agit probablement des Psaumes et des trois livres attribués à la sagesse de Salomon : Proverbes, Cantique et Qohélet. Cependant, le quatrième pourrait tout aussi bien être le Siracide, retrouvé également dans les manuscrits de la mer Morte. Les écrits rabbiniques datant des alentours des 2 e-3 e s. rapportent les discussions du siècle précédent autour du statut de Ct et de Qo. Ainsi la Mishna : « "Le Cantique et Qohélet souillent les mains" [autrement dit sont à manier comme des réalités saintes]. R. Judah [2 e s. ap. J.-C.] a dit : "Le Cantique souille les mains, mais pour Qohélet il y a discussion". R. José [2 e s. ap. J.-C.] a dit : "Qohélet ne souille pas les mains, mais pour le Cantique il y a discussion". R. Siméon