Nicolas Bernard, Géographie du nautisme

Questions de communication, 2003

L'Espace géographique, 37.1, 93-95, 2008

Review essay of: - BLAIS H., LABOULAIS I. (2006). Géographies plurielles. Les sciences géographiques au moment de l’émergence des sciences humaines (1750-1850). Paris : L’Harmattan, coll. « Histoire des sciences humaines », 349 p. - BLAIS H. (2005). Voyages au Grand Océan. Géographies du Pacifique et colonisation (1815-1845). Paris : CTHS, 351 p. - FROLOVA M. (2006). Les Paysages du Caucase. Invention d’une montagne. Paris : CTHS, 206 p. - FORÊT Ph. (2004). La Véritable histoire d’une montagne plus grande que l’Himalaya. Paris : Bréal, 287 p.

La place de l'histoire maritime dans l'enseignement secondaire néerlandais. Pour comprendre la place qu'occupe l'histoire maritime dans l'enseignement néerlandais, il faut comprendre la place qu'elle occupe dans l'histoire et la société néerlandaises. Dieu créa le monde sauf la Hollande que les Hollandais ont créée eux-mêmes. Cette phrase indique l'importance de la place de l'eau dans l'histoire néerlandaise. Et il en est de même pour comprendre l'égalité dans la société néerlandaise. Face aux dangers de la mer et des rivières, tout le monde est égal. Une submersion n'exclue pas les nobles et pour protéger la terre il faut se ranger coude à coude. Il y a plus à dire, mais ce qu'il faut comprendre c'est que la Hollande et l'eau sont deux notions inséparables. Un autre aspect c'est la position géographique des Pays-Bas. Dans leur delta, deux grands fleuves européens occupent une place stratégique vers tous les sens, soit vers les pays outre mer, en quittant la mer du Nord, soit vers l'intérieur de l'Europe par le Rhin et la Meuse. Voilà quelques facteurs qui ont causé la place importante de l'eau et de la navigation dans l'histoire néerlandaise. Parmi les facteurs qui ont pu créer notre 'Siècle d'or', ceux qui sont en rapport avec l'eau et la navigation l'emportent sur ceux qui sont en rapport avec les actions terrestres. Bien que l'art de faire la guerre par terre ait connu une révolution sous les stathouders Maurice et Frédéric-Henri (le petit fils de l'amiral de Coligny), reconnu internationalement, et plus tard la résistance du Stadhouder Guillaume III envers Louis XIV pendant la Guerre de Hollande et les armées néerlandaises pendant la Guerre de la Succession d'Espagne, ces exploits sur terre n'ont jamais pu entrer dans la mémoire collective des Hollandais. Sauf les noms des stathouders-généraux, personne aux Pays-Bas n'est au courant des dirigeants des armées néerlandaises et les rares généraux qui ont pu y entrer doivent être mis en rapport avec les guerres que les Pays-Bas ont menées dans les colonies, surtout l'Indonésie actuelle. Et au lieu d'être glorifiés, ils sont souvent contestés à cause des atrocités qui ont accompagnées leurs actes d'héroïsme …… Il en est complètement différent avec les héros de la mer. Les noms de nos grands amiraux De Ruyter, Tromp, Piet Heyn, Evertsen, Van Speyk et dernièrement Karel Doorman se trouvent partout et même proverbialement 1. Presque chaque ville héberge un quartier dont les rues portent les noms des 'héros de la mer', même dans le fort intérieur de notre pays. Et pour les généraux, rien ou bien en rapport avec une période de notre histoire. Mais il n'y a pas de quartiers 'généraux néerlandais'. Cette domination maritime est aussi entrée dans la langue néerlandaise où des centaines d'expressions et proverbes proviennent de la navigation. Et dans la vie politique les dirigeants aiment se comparer avec ce passé glorieux. Votez Colijn, le timonier dans la tempête ! L'Etat est comparé avec un vaisseau : 'Le vaisseau d'Etat' qu'il faut mener à bon port et cette métaphore s'étend même dans la vie religieuse : beaucoup d'églises portent des noms tels que : le bon port, le phare ou bien l'ancre. Il en résulte que l'histoire maritime occupe une place dans les curriculums de l'enseignement. Pour mieux comprendre, il faut savoir que la publication des méthodes historiques est une affaire privée. Les grands éditeurs ont tous 'leur méthode', autrefois même avec des accents sur leur point de départ idéologique. Il y avait des éditeurs catholiques, 1 En 1831 le lieutenant de vaisseau Van Speyk a préféré faire sauter son vaisseau en jetant une mèche allumée dans la soute aux poudres au lieu de le rendre aux Belges en révolte. Il en a résulté une expression proverbiale : 'Je préfère me faire sauter' quand on se trouve dans une situation désespéré où il n'y a pas d'issue.

Joseph Bernard, 1866-1931. De pierre et de volupté, 2020

hôtel d'un riche collectionneur,lg2' Tirage photographique (détail) Paris, bibliothèque des Arts décoratifs, album Maciet 309/20 Louis Deltour lusieurs des pavillons de l'Exposition de'1925 donnaient à voir des ceuvres de Joseph Bernard: plâtres, pierres ou bronzes. C'est surtout sa Frise de la Danse moulée, découpée, agranclie, multipliée, qui connut un large succès: aux frontons de l'hôtel d'un riche collectionneu r lFtc.114, p.225J, dans le patio de Ia cour des Métiers ou dans le hall d'une ambassade francaise. Omniprésentes dans les ensembles architecturaux et mobiliers de '1925, ces ceuvres sont assurément décoratives, Paul Vitry y voyant même, " la formule de la sculpture décorative la plus heureuse et la plus complète que nous présente l'expositionl,. C'est dire combien le ndécor, et le udécoratif) ont compté pour Bernard et la défini tion de son esthétique, à une époque où, comme le notait Maurice Denis, le (mot décorâtif ,916;1 devenu ula "tarte à la crème" des discussions entre artistes2,. Ces notions, souvent employées mais rarement questionnées3, constituent deux clés particulièrement intéressantes pour lire son ceuvre. L'approcher comme un décorateur permet de le situer dans le (système instjtutionnela, dans lequel ont évolué les sculpteurs des générations post rodiniennes, pour qui les travaux de décoration architecturale ont été 5) TEcHNrouES, N.4ATÉRJAUX, DoMAtNEs: TATLLE DtREcrE I ART(s) DÉco I DESstN