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L'oeuvre de Gustave Doré au cinéma

1895. Revue d'histoire du cinéma, n°72 (printemps 2014)

Abstract

Selon Ray Harryhausen, maître des effets spéciaux cinématographiques, « Gustave Doré aurait été un grand chef opérateur […] il regardait les choses avec le point de vue de la caméra ». L’œuvre de Doré a marqué de manière indélébile l’imaginaire filmique depuis ses origines. Peu de films sur la Bible, depuis la Vie et Passion de Jésus Christ produit par Pathé en 1902, qui ne se réfèrent à ses illustrations, ni d’adaptation cinématographique de Dante ou encore de Don Quichotte qui ne l’aient pris comme modèle, de Georg Wilhelm Pabst et Orson Welles à Terry Gilliam. Il n’est pas de films sur la vie londonienne et victorienne qui n’empruntent leurs décors aux visions de Londres, un pèlerinage, qu’il s’agisse de David Lean, de Roman Polanski ou de Tim Burton. Nombre de scènes oniriques, fantastiques, fantasmagoriques ont puisé dans l’œuvre graphique de Doré, depuis le Voyage dans la lune de Georges Méliès en 1902. Si dans le domaine du dessin animé ou de l’animation, la dette de Walt Disney envers Doré est immense, ses forêts « primitives », notamment celles d’Atala, ont aussi servi aux différentes versions de King Kong, de l’original de 1933 au film de 2005 de Peter Jackson qui s’était déjà appuyé sur l’œuvre de Doré dans Le Seigneur des anneaux. Ce chapitre du catalogue de l’exposition "Gustave Doré : l’imaginaire au pouvoir" présentée au Musée d’Orsay à Paris et au Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa, qui prend corps dans un choix d'extraits de films "accrochés" à côté des gravures, montre comment, depuis la dette explicite de Jean Cocteau dans La Belle et la bête (1945) jusqu'aux réminiscences doréennes du personnage de Chewbacca dans la Guerre des Etoiles, le cinéma a « gravé » Doré dans l’imaginaire du XXe siècle.