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L’impossible discours de la méthode

1998, Le Portique

Abstract

« En philosophie, la difficulté est de ne pas dire plus que ce que nous savons. » Wittgenstein Quand Wittgenstein est né, à Vienne, Freud avait trente-trois ans. Quand Freud est mort, à Londres, Wittgenstein avait cinquante ans. Or ils ne se sont pas rencontrés. Freud ne mentionne pas Wittgenstein. Wittgenstein parle à diverses reprises de Freud, dont il a lu certains travaux et avec qui l'une de ses soeurs, Gretl, a fait une analyse. Après avoir dit de Freud que c'était quelqu'un qui avait « quelque chose à dire », litote très élogieuse, Wittgenstein a critiqué ses travaux et sa méthode avec beaucoup d'exigence et de clairvoyance, puis il a cessé de l'évoquer. Dans le livre qu'il leur a consacré, P.-L. Assoun 1 insiste sur la position privilégiée qu'aurait pu occuper Wittgenstein comme interlocuteur de Freud. À les lire, en tout cas, on ne peut qu'être frappé par l'impression qu'ils donnent l'un et l'autre d'être absolument souverains. Il y a chez chacun, quoi qu'il en soit des périodes de doute ou de découragement, la conscience aiguë d'énoncer quelque chose d'essentiel, la conscience de la valeur de ce qu'ils pensent, découvrent et exposent, dans le sentiment de la distance qui les sépare de la médiocrité générale. On pense à l'exercice des forces actives et créatives du « fort » selon Nietzsche. C'est sans doute dans cette conscience que prend sa source le courage que l'un et l'autre invoquent, que l'un et l'autre estiment nécessaire, que l'un et l'autre exigent d'euxmêmes et se reconnaissent.