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Constant Malva et ses modèles

2019, Textyles

Tous les critiques qui se sont penchés sur l'oeuvre de l'écrivain et mineur belge Constant Malva 1 reconnaissent de manière unanime l'originalité de son écriture. Comme Paul Aron l'a démontré, Malva se démarque de la plupart des autres écrivains de la mine, beaucoup plus conventionnels, grâce à la forme inédite qu'il donne à ses écrits 2 . En effet, bien que fidèle à l'impératif testimonial de toute littérature prolétarienne, il trouve des solutions textuelles qui lui permettent de conjurer la monotonie du récit et d'éviter les clichés liés au genre. C'est ainsi qu'il donne à Ma nuit au jour le jour la forme d'un journal largement fictif, qui ne couvre qu'une année, qui présente un incipit et un explicit tout à fait littéraires et dont la segmentation rend compte du quotidien dans sa singularité. Jean-Luc Martinet a par contre récemment affirmé que l'unité de la production de l'écrivain belge n'est pas à chercher dans une forme ou dans un genre, mais plutôt dans la construction d'une « figure auctoriale » dotée d'un « ton original », d'une sorte de « signature vocale » qui lui permettrait d'associer les fonctions testimoniale et littéraire de l'écriture, unifiant de la sorte les codes génériques 3 . Je voudrais, pour ma part, essayer de situer Constant Malva dans un contexte littéraire plus vaste que celui de la littérature prolétarienne ou de l'écriture de la mine, pour proposer une autre piste de lecture de ses oeuvres et en particulier de Borins (1937) 4 . Je donnerai d'abord un aperçu des modèles dont l'auteur dispose