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«Dans la Grèce antique, l'homme fut essentiellement et presque uniquement le modèle du sculpteur. Pour exprimer l'inconnu divin qui entoure l'homme, les autres peuples avaient inventé les monstres. Les Grecs ont pensé qu'ils pouvaient tout dire-ou presque tout-avec la forme humaine». 1 Le monstre 2 est généralement un être hybride composé d'éléments provenant d'animaux de plusieurs espèces (oiseaux, félins, ruminants) entrant dans la composition d'une entité imaginaire. Les figures monstrueuses conjuguent l'ambiguïté de plusieurs pouvoirs : fasciner, troubler, épouvanter, attirer. L'étymologie permet de mieux comprendre la signification des forces contenues dans chaque représentation monstrueuse car nous avons emprunté ce terme au latin monstrum, et dont il faut chercher les origines dans le verbe monere signifiant "faire penser", ou "attirer l'attention sur", mais aussi "avertir". Ce terme complexe est lui-même à l'origine d'autres termes comme : monument, prémonition, ou moniteur. Cippe funéraire-musée de Perugia Ainsi, lorsque cette "création" de la langue s'introduit dans notre esprit, l' "être monstre" n'est jamais quelque chose de simple, car cette "invention" cultive, dans l'ambiguïté de notre psyché, de multiples pouvoirs évocatoires liés à la peur, au langage des formes, à la polysémie culturelle, aux catégories esthétiques, à la puissance du symbolique. 1-Jean CHARBONNEAUX, La Sculpture grecque archaïque-éditions de Cluny, Paris, 1938, p. 5. 2-Les formes différentes et rares d'aberrations morphologiques et corporelles sont fréquentes chez les embryons d'animaux et elles existent aussi dans l'espèce humaine. Pour des peuples constitués essentiellement d'éleveurs rompus à la découpe des carcasses animales, comme pour les sacrificateurs religieux et superstitieux en contact avec les animaux, un jeune animal porteur d'aberrations monstrueuses devait certainement poser de multiples questions. Ovide écrivit à ce sujet un traité sur les monstres. Au Moyen âge, période notre histoire emprunte de multiples peurs, toute malformation corporelle ne peut être que l'oeuvre du diable, qui est un "être" lui-même représenté "monstrueusement". Nombreux sont les artistes qui s'adonnent à la création d'êtres hybrides, soit sous forme de grotesques comme Breughel, soit sous forme de créations imaginaires qui n'intéresseront que quelques siècles plus tard la cryptozoologie. Il faut attendre Ambroise PARE en 1573, pour que l'analyse des "malformations" touchant les corps connaisse un début de classification scientifique. Ce n'est qu'au début du XVIIe siècle, avec l'apparition de la tératologie, que sera développée une branche d'étude nouvelle : celle des aberrations naturelles. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que le zoologiste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire ose aborder les anomalies de l'organisation chez l'homme et l'animal. Les biologistes apportent finalement de nouvelles connaissances dans le domaine de la tératogénèse à la fin du XXe siècle. Ils permettront de comprendre comment un foetus peut être perturbé par des substances capables de franchir les barrières de l'utérus maternel (pour éclairer sa compréhension du sujet lire l'ouvrage fondateur de Jean-Claude AMEISEN, La sculpture du vivant, le suicide cellulaire ou la mort créatrice-éditions du Seuil, Paris, 1999 ; et Points Seuil, 2003).
Réflexions sur les symboles et les mythes relatifs à la culture amazighe On a souvent cantonné les symboles et les mythes à un espace culturellement restreint. La plupart du temps, ils sont donc perçus comme statiques, cloisonnés, émanant d'une culture déterminée,. Or plusieurs études comparées ont mis en évidence les traces d'une origine commune, , qui se serait répandue à d'autres cultures sous une forme différente. Certes, mythes et symboles s'adaptent en fonction d'un espace identitaire original. Toutefois, une analyse plus approfondie recèle la clé des arcanes du symbole. On distingue alors une troublante analogie, laissant apparaître un fond commun. Le contexte iconographique a tout simplement changé de forme pour véhiculer une même idée sous-jacente. On peut l'illustrer par le mythe de la création de l'homme, pétri dans le limon et l'eau, une évocation symbolique partagée par les Égyptiens, les Grecs et l'Ancien Testament. À une époque lointaine où la science était encore limitée, et où les clés du savoir étaient l'apanage d'une élite, mythes et symboles faisaient office d'une transmission de la connaissance pour expliquer les mécanismes du monde terrestre. En évoquant le mythe, Edith Hamilton 1 dit « qu'il est à l'origine de la science, l'expression des premières tentatives de l'homme d'expliquer sa vision du monde » ['Myths are early science, the result of men's first trying to explain what they saw around them']. Le mythe illustre un modèle de comportement grâce à des paroles chantées par les aèdes ou rapportées par les conteurs au fil des siècles; le symbole, fige une image évoquant un concept. Les deux combinés permettent à la mémoire populaire de s'en souvenir de manière claire et durable. « Le symbole permettait de dire l'ineffable » dit Daniel Elouard dans la préface de Christiane Desroches Noblecourt évoquant les 'Symboles de l'Égypte'. L'aspect religieux, restreint à un groupe d'initiés, appartient, quant à lui, aux mystères, tels que les Égyptiens ou les Grecs les concevaient. À ce stade, le mythe et l'expression symbolique sont alors analysés à des degrés plus subtils visant à appréhender les arcanes de la connaissance. Les réflexions modernes fournies par l'ethnologie et la linguistique (Claude Lévi-Strauss, Georges Dumézil) ont montré que ces liens sont partagés par tous les peuples. « La pensée humaine est partout unique et identique, et possède les mêmes capacités 2 ». De surcroît, ces éléments ne sont pas incompatibles non plus avec certaines données scientifiques modernes. Pour Claude Lévi-Strauss « l'anthropologie vise à une connaissance globale de l'homme ». Cette branche des sciences humaines évoque en particulier la permanence universelle de quatre symboles primitifs : le point, la croix, le cercle et le carré 3. Analysés chronologiquement, dans une optique scientifique, ils cadrent correctement à la théorie du Big Bang. La seule différence est que la science décrit l'expansion de l'univers à partir d'une implosion primordiale et que le mythe évoque en plus l'au-delà du chaos précédant le point zéro. Évidemment, pour un scientifique, ce n'est plus alors qu'une question conjoncturelle. Le concret caractérise la science alors que la pensée philosophique se complaît souvent dans l'abstraction. Or cela n'a pas toujours été le cas. Il suffit d'évoquer le mathématicien grec Pythagore (né vers 580 av.J.-C.), l'un de ces « Grand Initiés 4 », chantre de la symbolique du nombre. « L'homme grec », nous dit J-P Vernant 5 , « ne sépare pas, comme deux domaines opposés, la nature et la surnature. » Par ailleurs, semble-t-il, les historiens sont restés fortement cloisonnés, refusant même parfois d'admettre certaines réalités techniques, scientifiques ou culturelles. Ce sont là d'ailleurs des questions d'actualité, animant, par exemple, un débat au sujet de la construction des pyramides et de leur fonction supposée.
2005
Despite a more than century-long turbulent history, Pasteur Institute has preserved its ambiguous status as a nonprofit private organization and is still pursuing its three assignments of research, education and vaccination. How have the persons working there defended and profited from the image of Louis Pasteur, turned the Institute into a place of memory, and maintained the founding project’s major goals ? Given these conditions, the internal transformations necessitated by a constantly changing scientific and economic environment can only occur by adhering to a tradition that everyone recognizes as important, even though interpretations vary from one person to the next
Recherche en soins infirmiers, 2019
Distribution électronique Cairn.info pour Association de Recherche en Soins Infirmiers. © Association de Recherche en Soins Infirmiers. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Homère rhétorique. Études de réception antique, 2018
in Homère rhétorique. Études de réception antique, textes réunis et édités par Sandrine Dubel, Anne-Marie Favreau-Linder, Estelle Oudot, Turnhout, Brepols, 2018 (reçu en 2019), p. 121-139. Le présent article se situe dans le cadre général d'une recherche collective sur les scholies à Homère à laquelle le centre homérique souhaitait donner une impulsion. L'initiative « Homère rhétorique » était l'occasion idéale pour tenter de faire le point dans ce domaine, à partir des figures de la rhétorique 2 : quelles sont les figures connues des scholiastes et repérées explicitement par eux dans les scholies homériques ? Parmi ces figures, la concentration sur les métaphores et comparaisons correspond à certains problèmes qui m'ont paru cruciaux dans l'analyse du texte homérique. We study here the Greek lexicon for the notion of promising, which shows the frequency of the verbal prefix ὑπο– and of two verbal radicals (ὑπισχνέομαι, ὑπόσχεσις and certain forms of ὑφίσταμαι). Starting from contextual distribution and complementarity, we note a tendency to concatenate several promises and exchanges in large contexts. A quotation from Euripides’ Hippolytus in Austin’s How to Do Things with Words prompted an inquiry into performative uses of the promise and the oath. Greek ἐγγυῶ shows more clearly than the verbs composed with ὑπο– that performative use originates in a gesture, here taking by the hand, which Austin denied. An analysis of “Helen’s promise” in the Iliad, echoed by Lucian, shows how Greek language appreciates playing with such notions and words: characters sometimes substitute a promise for an oath, as if the speech act of promising constitutes a less serious commitment. Though strong performative uses are very rare in the corpus, these word plays imply their deep importance for mentalities.
L'Anthropologie, 2003
L'analyse des structures anthropologiques de l'imaginaire élaborée par Gilbert Durand permet de repérer un langage symbolique des idéogrammes du Mont Bego (circa 2500-1800 BC). Elles se répartissent en trois grands types de figures : figures associées au Dieu-Taureau et au Dieu de l'Orage, relevant de la première fonction, de type « héroïque » ; figures d'attelages, de réticulés, évoquant des champs labourés et renvoyant à la fonction maternelle et féminine dite « nocturne mystique » ; figures liées à l'initiation, à la relation entre la première et la deuxième fonction, relevant de la fonction dite « nocturne synthétique » et particulièrement repérable sur la dalle dite du « Sorcier ». Une étude comparative avec des figures symboliques plus tardives, présentes dans les pratiques cultuelles de la Grèce archaïque, puis classique et dans l'imaginaire gréco-romain, permet de comprendre que c'est toute une image cohérente du cosmos que l'homme méditerranéen se donne à voir, dans une grande stabilité, depuis les figures proto-ligures du Mont Bego jusqu'aux formes élaborées de l'imaginaire religieux gréco-romain, en particulier à travers ses rituels mystériques.
La figure de la Mère, Mirra Alfassa (1878-1973). Une analyse de l'hybridation culturelle de ses représentations. , 2018
The objective of this thesis is to explore the genealogy and hybridity in the collective representations of “the Divine Mother” (Mirra Alfassa, 1878–1973) during the “Mother-Aurobindo” movement. First, this comparative case study comprises an intertextual reading of Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872–1950) and “the Mother”. Second, it examines representations of “the Divine Mother” through 28 semi-structured interviews (Spring 2013) conducted in the Sri Aurobindo Ashram (Pondicherry, India), Auroville (Tamil Nadu, India), and the Sri Aurobindo Center of Montreal (Montreal, Canada). At the beginning of the 20th century, Mirra Alfassa was an impressionist painter in Paris acquainted with Alexandra David-Néel (1868–1969) and Auguste Rodin (1840–1917). During this period, Sri Aurobindo was a Freedom Fighter in India’s struggle for independence and a Bengali leader in the Swaraj movement (between 1905 and 1910). In 1910, he was exiled to Pondicherry where he became a yogi. After meeting Sri Aurobindo in 1914, Mirra Alfassa relocated to Pondicherry in 1920 where she would work alongside him until her death in 1973. The research questions are as follows: How does cultural hybridity present itself in literary, political, social, and mythical representations of “the Mother” between 1878 and 2013? What was Sri Aurobindo’s vision for “the Divine Mother”? What is the nature of Mirra Alfassa’s performance of “the Mother” and how was it taken up by her disciples? In Chapter one, I explain my theoretical framework, which is based on Homi K. Bhabha’s postcolonial approaches. I draw on Michel Boccara’s concept of mythical experience, Max Weber’s concept of charism, Donald Bruce’s concept of interdiscursivity, and also incorporate critical feminist perspectives. In Chapter two, an interdiscursive analysis traces the cultural and religious roots of Sri Aurobindo’s representations of the “Divine Mother” to the Vedas, Puranas, Hindu epics, and the thinkers of the Bengali Renaissance (Chatterji, Ramakrishna,Vivekananda,etc.). Aurobindo drew on these sources to link representations of India to those of “the Mother” to create a socio-political tool used to garner support for India’s emancipation from colonial rule. Sri Aurobindo then reconstructed the concept of “the Divine Mother” by associating it with Mirra Alfassa, who he met in 1914. In doing so, he wrote the poem Savitri and in 1926 named Mirra Alfassa “the Mother”, an avatar of “the Divine Mother”. In Chapter three, I explore “the Mother’s” performance. After Aurobindo’s death, she oversaw the Ashram and disciples, facilitated visits by Nehru and Indira Gandhi, and founded schools and Auroville (1968). Her performance is outlined most notably in the Mother’s Agenda, a thirteen-volume book of interviews with Aurobindo’s disciple Bernard Enginger (Satprem, 1923–2007). In Chapter four, I explore the disciples’ and sympathizers’ representations of “the Mother” through participant observation. The final chapter concludes with a discussion of the methodological relevance of semi-directed interviewing techniques in this relatively unexplored field. I also compare the advantages and disadvantages of the application of Homi K. Bhabha and Edward Said’s postcolonial concepts to this specific case study. KEY WORDS: Cultural hybridity, postcolonial, the Mother, Mirra Alfassa, Aurobindo. L’objectif de cette thèse est d’explorer la généalogie et l’hybridation des représentations collectives de la figure de « la mère divine » dans le contexte du Mouvement Mère-Aurobindo et de l’émergence de la nation indienne. Il s’agit d’une recherche comparative qualitative se fondant d’une part, sur une étude d’un corpus de textes en relation aux publications de Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872-1950) et de la Mère (Mirra Alfassa, 1878-1973) et, d’autre part, sur une analyse empirique effectuée au printemps 2013 de 28 verbatims de répondants provenant des sites indiens de l’Ashram Sri Aurobindo à Pondichéry, d’Auroville au Tamil Nadu et du Centre Sri Aurobindo de Montréal. Mirra Alfassa était une amie d’Alexandra David-Néel (1868-1969) et une peintre impressionniste parisienne ayant connu Gustave Moreau (1826-1898) et Auguste Rodin (1840-1917) avant de s’installer à Pondichéry de 1920 à 1973. Sri Aurobindo était un yogi bengali exilé à Pondichéry en 1910, après avoir été un leadeur politique pour l’indépendance de l’Inde et du mouvement souverainiste swaraj, notamment de 1905 à 1910. La question de recherche est : comment se déploie l’hybridité culturelle des représentations littéraires, politiques, sociales et mythiques de la Mère entre 1878 et 2013, en prenant en compte avec une approche postcoloniale, la vision qu’avait Sri Aurobindo de « la mère divine », la performance de « la Mère Universelle » par Mirra Alfassa et la réception de cette figure par leurs disciples? La posture de recherche adoptée découle de l’approche postcoloniale de Homi K. Bhabha et de sa théorisation de l’hybridité culturelle. Des perspectives critiques féministes et postcoloniales (Saïd) sont utilisées en appui, ainsi que le concept de vécu mythique par Michel Boccara, le concept de charisme de Max Weber et le concept d’interdiscursivité de Donald Bruce. Dans un premier temps, l’étude interdiscursive de la figure de « la mère divine » dans la littérature de Sri Aurobindo retrace son enracinement culturel et religieux provenant des Veda, des Purana, d’épopées indoues et de la Renaissance bengalie (Chatterji, Ramakrishna, Vivekananda, Sister Nivedita), hybridant culture occidentale et indoue. Cette recherche montre qu’au début du XXe siècle, la figure de « la mère divine » était souvent associée à une fonction sociopolitique instrumentale, associant l’Inde à la Mère et visant à l’émancipation de la colonisation britannique. Ultérieurement, après avoir rencontré Mirra Alfassa en 1914, Sri Aurobindo a reconfiguré « la mère divine » par l’écriture d’un poème épique de plus de huit-cents pages, Savitri et par la nomination, en 1926, de Mirra Alfassa en tant que la Mère, avatar de « la mère divine » et responsable de son ashram. À la suite du décès de Sri Aurobindo en 1950, la figure de « la mère divine » évolue par la performance de la Mère dirigeant l’Ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry et ses disciples, recevant Nehru et Indira Gandhi, fondant des écoles et Auroville, en 1968. La lecture de sa performance a notamment été réalisée à partir de L’Agenda de Mère, un ouvrage de treize volumes constitué d’entretiens avec son disciple Bernard Enginger, dit Satprem (1923-2007). Dans un troisième temps sont explorées des représentations de la Mère par ses disciples ou ses sympathisants grâce à une observation participante. Une discussion critique achève cette recherche, qui insiste sur son caractère exploratoire, en questionnant la pertinence méthodologique de l’usage de l’entretien semi-directif adopté dans le contexte de ce terrain peu exploré et en comparant les avantages et les inconvénients des approches postcoloniales de Homi K. Bhabha et d’Edward Saïd. MOTS-CLÉS: hybridité culturelle, postcolonial, La Mère, Mirra Alfassa, Aurobindo
Dossier d’Archéologie « Les mythes fondateurs à la Petite Galerie du Louvre », n°372, 2015
Propos Mon ambition ici est de réévaluer la catégorie du mythe à partir d'un certain nombre de philosophèmes qui se déploient dans Origine du Drame Baroque Allemand. Ceci afin de montrer que, loin d'être le complice du temps historique, le mythe délivré du logos – littéralement arraché à la mythologie qui lui assigne un sens extrinsèque –, serait peut-être la figure esthétique même dans laquelle se donne à voir une image du temps messianique.
« Allégories animales et Symboles des évangélistes. Une histoire complexe et son incidence sur l’image médiévale. Les principaux jalons », dans Animal et Religion, éd. S. Peperstraete, Bruxelles, Presses universitaires de Bruxelles, 2016, p. 113-128. (Problèmes d’Histoire des Religions, 22)., 2016
On considère habituellement que l'association de Matthieu à l'homme, de Marc au lion, de Luc au jeune taureau 1 et de Jean à l'aigle, est fondée sur une correspondance de type métaphorique qui s'est rapidement imposée par son évidence -à tout le moins depuis saint Jérôme 2 . Or la réalité est nettement plus nuancée : non seulement il s'est encore trouvé des voix discordantes après lui, mais encore doit-on garder à l'esprit que l'association de chacun des Vivants aux quatre évangélistes a été davantage justifiée par des allégories animales que fondée sur elles, même s'il est vraisemblable que la pertinence relative de certaines correspondances, ait pu infléchir le processus associatif dans un sens ou dans l'autre, ou du moins jouer un rôle dans sa fixation. Le présent article propose ainsi d'en rappeler les grandes étapes et de mettre en évidence leur incidence sur la représentation des évangélistes et de leur symbole dans l'art médiéval 3 -ordre de succession compris, aux fins de rendre compte des variantes attestées au niveau des images 4 avant qu'il se fixe à l'époque romane.
Pierre-Olivier DTTTMAR L'image médiévale, c'est largement l'image analogique. Son caractère codé en fait une terre de prédilection pour amateurs ésotériques et iconologues vétilleux, et plus généralement pour tous ceux qui -souvent pour des raisons contradictoirescherchent dans et derrière les images de la signification. Face à ce constat, l'angle de la performance déplace la question en mettant l'accent sur les modalités d'action des images, ce qu'elles font et ce qu'elles font faire à ceux qui les produisent, regardent, consomment. J)ès lors, l'image performante, tournée vers l'action, semble s'opposer à Pimage-signe, dotée de sens. On ne saurait cependant s'en tenir à cette opposition, bien trop réductrice. Pour éviter ce piège dualiste, il est bon de se pencher sur les images d'animaux produites à la fin du Moyen Age.
Le Bulletin Association Franco Japonaise Nº 150 , 2021
In a survey of major masking traditions, the German ethnologist Andreas Lommel prefaced his comments on Japanese masks with an intriguing opinion. “All forms of artistic expression reach a peak of refinement in Japan. Here we find the purest possible translation of life into art—a complete ‘artificiality’—in a strict, absolute, and utterly unnatural stylization.” Setting aside the applicability of his assessment to every genre of Japanese art, Noh masks exemplify the aesthetic of “strict, absolute, and utterly unnatural stylization,” as reflected in a sophisticated and complex iconography. This essay explores the configurations, signification, and origins of this iconography.
paris-sorbonne.fr
JOURNÉE D’ÉTUDE DES DOCTORANTES & DES DOCTORANTS DE L’ÉCOLE DOCTORALE D’HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE, 2019
Depuis sa création, la journée d’étude de notre école doctorale est organisée à deux fins : être un espace d’échanges scientifiques et de discussion pour les doctorants des périodes moderne et contemporaine et contribuer aux réflexions lancées par les jeunes doctorants, notamment de 1re et 2e année. Le matin, un thème permet aux doctorants de présenter leurs premiers résultats et l’état de leur travail ; l’après-midi, une réflexion est engagée sur un point de méthode. En regard des travaux en devenir des jeunes doctorants, nous avons souhaité convier des doctorants plus avancés et des jeunes docteurs, afin qu’ils partagent leurs résultats et leur expérience. Les actes de cette journée d’étude sont publiés dans la revue Enquêtes, dont les numéros sont en ligne sur le carnet hypothèses de l’école doctorale.
2006
Chaque épisode de cette nouvelle collection consacrée aux arts premiers présente une oeuvre emblématique, le mythe auquel elle est liée, son usage, son histoire et le regard que l'on porte aujourd'hui sur elle, ici ou là-bas. Objet de curiosités, longtemps dédaignés, puis considérés comme de simples documents ethnographiques, les oeuvres dites "primitives" sont désormais élevées au rang de véritables objets d'art. Au moment où se construit à Paris, quai Branly, le futur musée consacré aux arts premiers (ouverture prévue en 2006), la collection Arts du mythe propose de découvrir chaque semaine une oeuvre emblématique. Au départ, il y a un objet que l'on découvre dans un musée. Un objet mystérieux que l'on tente de comprendre en voyageant dans son histoire, à la recherche de son origine. L'objet sort de son statut d'objet de musée : il devient le passeur vers un autre système d'explication et de relation au monde. Quel regard les artistes occidentaux portent-ils sur cet objet ? Que nous apprend-il sur les hommes qui l'ont fabriqué ? Peut-on le rapprocher d'autres objets de la même famille ? Quelle a été l'histoire de ses acquisitions successives ? Au terme du voyage, on redécouvre l'objet éclairé par cette multiplicité de regards posés sur lui…
UE Fondamentale : Parcours Préhistoire, Licence 2, semestre 4. Université Paris 10, Département d'Anthropologie. Liste des sujets d'exposés et bibliographie indicative "Ce cours traite de l’émergence de comportements d’ordre symboliques que caractérisent les êtres humains. Il explore les éléments qui permettent de suivre les origines du langage parlé, de l’empathie, et des formes d’expression artistiques dans la longue durée."
Vinciane Despret, Raphaël Larrère dir.), Les animaux : deux ou trois choses que nous savons d'eux, Paris, Hermann, p. 83-100, 2014
Depuis l'ouverture du chantier « Animal », les sciences humaines et sociales en générale, l'histoire en particulier, développent un intérêt quasi exclusif pour le versant humain du sujet. Du fait d'un engouement pour les lectures culturelles, depuis les années 1980 1 , les chercheurs se sont exclusivement intéressés aux utilisations, aux actions et surtout aux représentations humaines. Ces approches m'apparaissent insatisfaisantes, après les avoir beaucoup pratiquées, parce qu'elles ont créé puis entretenu un trou noir au centre de leur propos : l'animal en tant qu'être vivant, souvent oublié ou transformé en simple prétexte d'étude, en pur objet sur lequel s'exerceraient sans conséquence les représentations, les savoirs et les pratiques des hommes. Passer du côté de l'animal Il est temps de sortir de cette approche largement redevable des conceptions philosophiques occidentales, ayant l'énorme inconvénient d'appauvrir le thème pourtant dialectique de l'homme et de l'animal, de le réduire à un champ à pôle unique (l'homme) et à sens unique (de l'homme vers/sur l'animal) en oubliant ou en écartant une bonne part de sa réalité et de sa complexité. Il faut se pencher, au contraire, sur l'influence de l'animal dans la relation avec l'homme, sur son véritable rôle d'acteur alors que l'éthologie de terrain et l'éthologie cognitive insistent de plus en plus, au moins pour certaines espèces, sur les comportements d'acteur, d'individu, voire de personne de chaque animal, sur les sociabilités et les cultures de leurs groupes 2 , rendant de ce fait de plus en plus intenables les approches purement humaines. D'autant que les documents montrent bien, si on ne rejette pas cet aspect dans l'anecdotique, si on veut bien le regarder de près, que les hommes ont vu, deviné, estimé les agissements des animaux, qu'ils ont réagi, agi, pensé en conséquence, qu'il n'est donc plus possible d'ignorer ce sens inverse de la relation homme-animal. Il faut passer de l'autre côté, s'intéresser au versant animal 3 pour mieux comprendre cette relation, mais aussi pour connaître cet être-acteur vivant qui mérite en lui-même d'être étudié pour lui-même. Cela veut dire qu'il faut élargir la définition de l'histoire, la faire de passer de la notion commune de science de l'homme dans le temps à celle de science des vivants dans le temps, qu'il faut abandonner la conception occidentale, historiquement construite, d'un animal passif pour celle d'un être sentant, éprouvant, réagissant, s'adaptant, changeant, qu'il faut mobiliser l'éthologie pour voir et comprendre leurs actes en recourant aux écoles, aux hypothèses et aux propositions ne répugnant pas à accorder des capacités aux bêtes, à les penser à plusieurs niveaux, dans les dimensions spécifique, sociale, individuelle. Avec cela, il faut se projeter à côté de l'animal en faisant preuve d'empathie pour ne rien lui contester par avance, en abandonnant l'anthropocentrisme, qui conduit souvent à refuser de regarder, d'analyser, d'accepter, mais aussi un anthropomorphisme de conclusion, qui fait plaquer l'humanité sur les animalités, tout en gardant un anthropomorphisme de questionnement permettant de regarder avec curiosité, d'expérimenter des concepts forts, de voir sans prévention. Se tenir du côté de l'animal, c'est se mettre à côté de lui 4 pour adopter son point de vue géographique, comprendre ce qu'il vit, subit, comment il agit, réagit ; c'est aussi essayer de se projeter dans l'animal pour déceler son point de vue psychologique, ce qu'il voit et ressent. Avec ces objectifs, plus ou moins réalisables selon les cas, il est possible de bâtir 1 Éric Baratay, « Un champ pour l'histoire : l'animal », Cahiers d'histoire, 42, 1997, 3-4, p. 409-442, et « Les socio-anthropo-logues et les animaux. Réflexions d'un historien pour un rapprochement des sciences »
2022
Mémoire de recherche, première année de master 1 Paris 1 Panthéon Sorbonne. Partie 1 : Rédaction
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