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2018, Carnets
Si l'émergence du roman (comme langue et discours poétique) au Moyen Âge témoigne d'une émancipation face aux modèles latins et néo-latins qui implique une conscience aigüe d'une dynamique scripturaire agissant au coeur de la fiction, les réflexions menées dans les années 80 par Paul Zumthor et Bernard Cerquiglini ont bien montré que cette littérature naissante ne suppose nullement une rupture face à la matrice orale sur laquelle elle se fonde. Mais l'inverse est tout aussi vrai, les prologues nous rappelant constamment que la légitimité du fait littéraire ne saurait se fonder entièrement sur une éthique de la voix, mais qu'elle suppose de plus en plus une épistémologie de l'écrit dont le texte exhume les vestiges, réels ou fictionnels. Le développement d'une conscience littéraire en langue vulgaire n'est donc ni simple affirmation d'une présence vocale qui résonne au creux de l'écriture, ni pure revendication du pouvoir de la lettre face à une oralité dont le prestige symbolique commence à s'émietter au XII e siècle : comme le montrent les récits, la fiction se définit surtout comme pensée et expérience de l'entre-deux qui émerge de la tension constante, voire des contredictions (R. Dragonetti), entre la lettre et la voix dont les frontières instables et fluides dessinent une poétique de l'incertitude renvoyant très souvent le lecteur au non-lieu d'une impossible confrontation.
Insistance, 2011
Distribution électronique Cairn.info pour ERES. © ERES. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
L'école des parents, 2015
Dans L'école des parents L'école des parents 2015/4 (n° 615) 2015/4 (n° 615), pages 29 à 30 Éditions Érès Érès
Un code typographique pour incarner la voix dans l'écriture — Pour qui travaille (est travaillé par) les émissions sonores du dire hors des territoires conventionnels du langage (les souffles, interjections, exclamations et autres murmures bafouillés de la pensée – si tant est qu’il y ait intelligence dans le non-achèvement des signes), l’alphabet romain est bien incapable d’en rendre compte. Le performeur serait-il bien le seul à pouvoir les décrire/décrier sur la scène sensible des phonèmes ? Ou bien la profération du non-verbal peut-elle s’exprimer en tant que charge scéno-phonique, théâtro-sonore, plateau-glossique… sur la page, isolément ? Quelles typographies auront tenté aux XIXe et XXe siècles, de déployer optiquement l’arche infini des sons non finis de la langue et leur devenir scénique ?
Labyrinthe, 2001
Dès l'époque hellénistique, les textes de l'Ancien Testament ont fait l'objet d'une constante entreprise de traduction et de retraduction, en grec, en araméen, en latin, en syriaque, en arabe, en ge'ez, en arménien, en copte, puis, plus récemment, dans nos langues modernes. La première traduction connue (en dehors des Targumim, dont la rédaction s'étale sur des siècles, à partir peut-être d'éléments remontant à l'Exil) est celle dite des Septante, rédigée en grec en plusieurs étapes entre le III e et le I er siècle av. J.-C., à l'intention de la diaspora juive éparpillée dans le bassin méditerranéen. La nature spéciale de ces textes a poussé les traducteurs à mener sans doute la plus ancienne réflexion méthodologique sur le « traduire », sur son implication pour le sens et pour la valeur du nouveau texte ainsi obtenu relativement au texte-source, de sorte qu'il n'est peut-être pas excessif de considérer que la réflexion et les habitudes produites par la traduction de la Bible ont constitué, pour l'Occident chrétien, le paradigme initial de toute oeuvre de traduction littéraire, et qu'elle en détermine encore aujourd'hui nombre de caractères acquis : attention scrupuleuse à un original clairement déterminé ; recherche de rendu « intégral » et de la superposition ou de la transposition adéquate d'une langue à l'autre ; refus de l'interposition manifeste d'une quelconque altérité ou de la subjectivité du traducteur ; conformité à des normes et à des traditions établies ; respect de conventions de genre et de style.
ALTERNATIVE FRANCOPHONE, 2020
Qu’est-ce qu’un roman dont l’écriture peut être qualifiée d’« antiraciste » ? Comment l’antiracisme s’inscrit-il dans le matériau scriptural d’une œuvre afin de faire entendre, dans la reformulation des énoncés du racisme ordinaire, la voix unique de celui qu’ils excluent ? Ces questions viennent immédiatement à l’esprit du lecteur qui tombe sur les premières pages d’Éboueur sur échafaud, roman d’Abdel Hafed Benotman publié en 2003. Ce récit d’enfance raconte l’histoire de Fafa, enfant de parents Algériens qui fait tout pour s’intégrer dans une société française qui l’exclut. Dans une perspective sociocritique, cet article interroge la langue, complexe et inventive, que Benotman invente à partir d’une socialité du « mal écrire » ou du « mésécrire ». Il a pour hypothèse centrale que la langue audacieuse de ce roman contemporain correspond à une langue aux origines multiples et donne forme à un rapport à la société et à la littérature foncièrement subjectif, dans lequel le lien social...
Studia UBB Dramatica, 2016
Actes de la recherche en sciences sociales, 2018
Pascale Casanova est décédée le 29 septembre 2018, beaucoup trop tôt, à l'âge de 59 ans. Elle ne correspondait pas à l'image courante des enseignants universitaires de la littérature. Elle était d'abord critique littéraire. Entrée dès 1981 à France Culture, elle a dirigé une émission littéraire très appréciée qui, après s'être intitulée « Les mardis », puis « Les jeudis littéraires » était devenue « L'Atelier littéraire ». Lorsqu'on a suspendu l'émission en 2010, un grand nombre d'écrivains parmi les plus grands de la littérature ont protesté. Si son émission avait trouvé une telle résonance, c'est qu'elle était aussi exigeante qu'intense ; c'est que, dans son rôle de modératrice, elle posait aux participants des questions qu'elle se posait à elle-même. Elle avait invité les auteurs les plus novateurs de France et d'autres pays et consacrait même des émissions à la poésie lyrique tout en restant insensible aux effets de mode. Après sa disparition, des médias ont rappelé que sa voix avait touché un public large et exigeant -une voix sympathique, grave et posée, qui nous manque profondément. Pascale Casanova maîtrisait parfaitement son métier dans les médias. Mais elle était d'abord chercheuse. Elle s'inspirait de la théorie des champs, développée par Pierre Bourdieu, un instrument analytique qui lui permettait de saisir des relations et des stratégies cachées. Sous la direction de Pierre Bourdieu, elle avait élaboré sa thèse « L'espace littéraire international » qu'elle avait défendue brillamment en 1997 à la Maison des sciences de l'homme lors d'une soutenance mémorable. J'ai alors lu ce texte comme membre du jury de thèse. L'auteure avait ajouté à son travail une annexe impressionnante, comprenant la transcription d'entretiens qu'elle avait pu mener avec des écrivains internationaux parmi les plus importants. Ceci fait voir qu'elle ne s'inspirait pas seulement de sources livresques mais aussi du dialogue qu'elle avait pu mener avec les auteurs eux-mêmes. La thèse a paru comme livre en 1999 sous le titre La République mondiale des lettres au Seuil. L'ouvrage a connu immédiatement une grande résonance et a été distingué en 2000 par le Grand Prix de l'essai de la Société des gens de Lettres. Il a été traduit dans un nombre important de pays : en Corée, en Espagne, au Brésil, en Égypte, aux États-Unis et en Roumanie, mais, étonnamment, pas en Allemagne où les spécialistes le lisaient en français 2 . Dans cette monographie, La République mondiale des lettres, Pascale Casanova considère la littérature à partir d'une perspective résolument internationale et dépasse ainsi l'idée fixe d'une insularité constitutive du texte ou de fonctionnement autarcique des littératures nationales. Aux yeux de Pascale Casanova, on ne peut saisir l'originalité d'une oeuvre qu'à condition de l'insérer dans le contexte auquel elle appartient, à savoir l'ensemble des textes, des oeuvres, des débats littéraires et esthétiques qui l'accompagnent. Les frontières et les domaines de l'espace littéraire ne coïncident cependant pas avec les domaines politiques. Les capitales et les provinces littéraires ne sont pas identiques aux centres et aux périphéries politiques et économiques. La position littéraire centrale s'affirme justement, telle est la thèse de l'auteure, dans la lutte pour l'autonomie face aux présupposés politiques ou nationaux. Mais, à ses yeux, il était cependant impossible d'esquisser un tableau extensif de l'espace littéraire international.
Cette contribution a fait l'objet d'une communication orale lors de la deuxième journée d'étude des doctorales de l'ED III qui porte sur la question des "Voix individuelles, voix collectives" (le 19 juin 2019 à la maison de la recherche de Sorbonne Université). Elle s'inscrit loin du cliché de l'écrivain engagé, porte-parole de la société, mais plutôt du coté de celui qui se présente comme étant un échantillon représentatif d'une multitude de voix étrangères. Elle interroge donc une autre possibilité permettant à ces deux voix distinctes de se rallier.
Du trépas de la lettre et de la loi ? Lyotard en Apôtre Paul ? « Il est absurde de nommer holocauste ce que les juifs appellent simplement la Shoah, le désastre. Rien de sacificiel dans ce désastre. Le principe qu'un sacrifice, le sacrifice de l'enfant, peut obtenir la grâce, c'est-à-dire l'émancipation des âmes, autrement vouées à leur mort intérieure, ce principe manque radicalement au judaïsme. » Jean-François Lyotard 1 » ישראל נצח הוא אדם לא כי ינחם ולא ישקר לא להנחם Le protecteur d'Israël ne se dément pas et ne se rétracte pas car Il n'est pas comme un humain lequel se rétracte. ». 1Samuel 15, 29 Jusqu'à la fin des années 90 du siècle dernier, je n'avais presque rien lu de l'oeuvre de Jean-François Lyotard excepté Le postmoderne expliqué aux enfants (Biblioessais, Paris 1988), Heidegger et « les juifs » (Galilée, Paris, 1988) et une ou deux études consacrées-l'une à Levinas, l'autre à "OEdipe juif". En somme, pas grand-chose. Mais lors d'un colloque consacré à Levinas, après ma communication, un des participants est venu me trouver. Nous avons échangé quelques phrases et voici qu'il m'annonce : « sais-tu que Lyotard te cites ? » J'avoue que, malgré un très bref moment de satisfaction, j'étais désarçonné qu'un philosophe aussi renommé que lui se fût interessé à ce qu'un nouveau venu dans ce cénacle, avait écrit. Jean-Michel Salanskis, un de ses disciples, car c'est de lui qu'il s'agit, m'a envoyé par mail la référence précise de la citation. Ce qui m'a permis de me familiariser avec les écrits de Lyotard dans lesquels il se confronte à Auschwitz, à l'anéantissement, au témoignage, aux survivants, au négationnisme, en bref aux temps sombres, tout en remontant à la rupture entre le judaïsme et le christianisme ainsi qu'aux tensions théologiques qui en ont émanés. A force de patience et de persévérance, j'ai pu accéder à son maître livre Le Différend (Paris, 1983, Minuit).
Sur William Marx, "La Haine de la littérature" (Paris, Éditions de Minuit, 2015). "Critique", n° 828, Paris, Éditions de Minuit, mai 2016, p. 468-479.
Études littéraires africaines, 2007
Entretien réalisé le 2.XI.2007 par Mélanie Bourlet et Chantal Gishoma, qui remercient Henri et Régine Meschonnic pour leur accueil chaleureux, leur écoute attentive et curieuse, ainsi que D. Delas et A. Ricard qui leur ont proposé de réaliser cet entretien.
2020
Dans le texte que je choisis de commenter ici, Baudouin Jurdant nous amène à voir, entendre et sentir ce que l'écriture fait aux sciences et aux individus en sciences. Ces réflexions dépassent largement la question des sciences comme pratiques, comme acteurs ou institutions, et nous ramènent à la relation intime que la pensée entretient avec les mots, le langage, l'écriture et l'oral, selon une dimension historique qui nous accompagne dans le questionnement de nos fondements culturels et scientifiques.
Insistance, 2010
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Port Acadie: Revue interdisciplinaire en études acadiennes, 2009
La plume, la voix et le plectre, 2008
Les peuples de l’Occident musulman qu’on appelle Ahl al-Andalus formés d’Ibères, d’Arabes et de Berbères ont contribué d’une façon originale à l’histoire humaine. Leurs apports à la culture et la pensée universelles sont considérables. D’autre part, ils ont ajouté aux Sept Merveilles que nous connaissons les Palais de l’Alhambra à Grenade et la Grande Mosquée de Cordoue. Mais dans le domaine qui nous intéresse ici, ils ont inventé le muwashshah en poésie et créé le système des nawbât en musique. De quoi s’agit-il ?
L'en-je lacanien, 2012
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Liberte, 1991
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