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Mobilisations collectives et femmes immigrées en France

2008, Amnis

Cet article traite du thème de la mobilisation collective au féminin entre 2000 et 2008 par le biais des actions et des paroles de femmes immigrées ou issues de l'immigration, installées en France. Si plusieurs travaux en sciences humaines ont été menés sur les questions relatives à l'immigration, ils ont presque toujours été traités sous l'angle masculin, comme si l'aspect féminin était invisible. Cette analyse portant sur des femmes immigrées menant des mobilisations collectives médiatisées via une stratégie de communication élaborée et des prises de parole spécifiques est l'objet de cette contribution. Cette étude a été menée à partir de l'exemple du mouvement Ni Putes Ni Soumises (NPNS), qui regroupe des militantes exprimant leur sentiment très fort d'être exclues et de subir, dans l'enceinte familiale ou du groupe des origines, ce qu'elles appellent le poids des traditions. Ce qui soulève un certain nombre de questions telles que : quels types d'informations délivrent-ces femmes ? Pourquoi ? Sont-elles crédibles, visibles ? Quelles sont leurs sources ? Comment leurs paroles s'inscrivent-elles ou non parmi d'autres paroles ou réseaux similaires ? Quels en sont les effets ? Ces femmes développant des discours de dénonciation et de revendication, il m'a semblé, en effet, important d'examiner leurs actions en lien avec leurs prises de paroles. Car quelles que soient la forme qu'elles prennent, elles ont presque toujours une fonction particulière qui est celle d'agir comme un contre-pouvoir au discours dominant. La montée en visibilité du mouvement NPNS via une stratégie de communication élaborée Le mouvement NPNS, présidé par Fadela Amara, est l'émanation du travail militant issu de la Fédération nationale de la Maison des potes (FNMP). Cette activité militante a été conduite pendant de nombreuses années par des « agents sociaux ordinaires » ou 1 François, Bastien, Neveu, Érik, dirs, Espaces publics mosaïques-Acteurs, arènes et rhétoriques, des débats publics contemporains, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 30, 1999. 2 Orain, Hélène, « "Ni Putes ni soumises !", les rapports sociaux de genre dans la ville », Actes de l'association nationale des études féministes, 2003, p. 92. 3 Fadela Amara a été également responsable de la commission Femmes à la Maison des potes de Clermont-Ferrand à partir de 1989. 4 Cette fédération comprend au moins 300 associations de quartier distinctes depuis 1989. 5 Orain, Hélène, op. cit. 6 L'exploitation de ces questionnaires donnera naissance au Livre Blanc des Femmes de Quartier en 2002, outil emblématique du futur collectif NPNS.