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Cultures & conflits
D ans les représentations communes, la politique est implicitement associée au jour. Aussi les spécificités du temps social nocturne, ses appropriations et sa régulation sont-elles rarement prises en compte dans l'étude des activités politiques, du moins dans le cadre des sociétés étatiques. Comme le souligne Thomas Fouquet dans un dossier consacré aux « paysages nocturnes de la ville » en Afrique de l'Ouest, la question des temporalités est « rarement envisagée sous l'angle du rythme nycthéméral (l'alternance jour/nuit), au profit des usages sociaux et politiques du temps sur des durées plus longues 2 ». En science politique, les réflexions sur les « temporalités du politique 3 » ou de l'action publique conçoivent le temps au regard de son écoulement et de son séquençage (construction des carrières politiques, changements en matière 1. Ce dossier dans Cultures & Conflits est le prolongement d'un séminaire mis en place au cours de l'année 2013-14 et d'une section thématique sur « l'ordre social nocturne » organisée lors du congrès de l'Association française de science politique à Aix-en-Provence en juin 2015. 2. Fouquet T., « Paysages nocturnes de la ville et politiques de la nuit. Perspectives ouest-africaines », Sociétés politiques comparées, n° 38, janvier-avril 2016, p. 2. [http://www.fasopo.org/sites/default/files/charivaria1_n38.pdf, consulté le 11 avril 2017]. .
Cultures & conflits, 2017
Cet article, qui ouvre un numéro thématique consacré aux « politiques de la nuit », déplie un ensemble d’analyses et de pistes plus programmatiques relatives à ce que pourrait être une sociologie politique de la nuit. L’article croise une revue de plusieurs littératures de sciences sociales (sociologie, anthropologie, histoire et science politique), une restitution de certains éléments d’une enquête déroulée en terrain lillois, ainsi que la mise en perspective des enquêtes présentées dans le numéro. L’article explore trois pistes principales : la nuit comme espace où se prolongent les rapports sociaux diurnes (la place des rapports marchands, les rapports de domination de genre) ; la nuit comme espace appelant des investissements et des régulations (politiques, professionnelles ou policières) spécifiques ; la nuit comme séquence de transgression (provisoire) de l’ordre social.
Revue ENA, 2015
La nuit est longtemps restée un espace-temps finalement peu investi par l'activité humaine, une dernière frontière, un monde intérieur à explorer. La ville, privée de la moitié de son existence, comme amputée, semblait livrée aux seuls poètes, artistes et malfrats. Mais les temps changent. La cité revoit ses nycthémères et toute la société est bouleversée. Entre insécurité et liberté, nuits blanches et violences urbaines, la nuit s'invite peu à peu dans l'actualité du jour. Dans nos métropoles soumises au temps continu de l'économie et des réseaux, une partie de la vie sociale et économique reste désormais en éveil. Au-delà des rêves, des peurs et des tensions, la nuit « territoire vécu, éphémère et cyclique à faible densité » est devenue un territoire d'innovation. Des initiatives et expériences portées par les individus, les organisations, les collectivités et les pouvoirs publics émergent. Économie, social, environnement ou culture : une partie du futur des villes se cache sans doute déjà dans leurs nuits. Colonisation Progressivement, nous nous démarquons des rythmes naturels pour partir à la conquête de la nuit urbaine. S'émancipant des contraintes naturelles, nos métropoles s'animent sous l'influence de modes de vie de plus en plus désynchronisés, de la réduction du temps de travail et des nouvelles technologies d'éclairage et de communication. Les horaires d'été nous permettent de profiter plus longtemps de l'espace public urbain. Les entreprises industrielles fonctionnent en continu pour rentabiliser les équipements et, dans la plupart des secteurs, le travail de nuit se banalise. Plus de 15 % des salariés travaillent la nuit en France, soit près de 3,5 millions de personnes. Un chiffre en constante augmentation depuis les années 90 dans toute l'Europe. De plus en plus d'entreprises de services se mettent au « 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, argument publicitaire devenu banal. De nombreuses activités décalent leurs horaires vers le soir. Dans les magasins, les nocturnes commerciales sont de plus en plus nombreuses. L'offre de loisirs nocturnes se développe. La nuit est devenue un secteur économique à part entière. Partout dans l'espace urbain, les distributeurs automatiques se multiplient. Les « nuits spéciales » font recette. Les soirées festives démarrent de plus en plus tard au désespoir des patrons de discothèques. Le couvre-feu médiatique est terminé. Travail de nuit des femmes, perquisitions : la nuit, qui fut longtemps un espace protégé, doté de lois spécifiques, se banalise. La multiplication des événements festifs nocturnes a contribué à changer notre regard sur la nuit. Même les rythmes biologiques semblent bouleversés. On s'endort en moyenne à 23h au lieu de 21h, il y a cinquante ans. Conséquence de ces évolutions, la nuit urbaine, définie comme la période où les activités sont très réduites, se limite aujourd'hui, à une tranche horaire de 1h30 à 4h30 du matin. Plus un équipement, un réseau, une ville sont internationales plus elles ont tendance à fonctionner en continu 24h/24 et 7j/7.
Le passant ordinaire, 2004
Peu à peu, la nuit envahit notre quotidien. Presque de façon clandestine, elle conquiert sa part de lumière dans notre actualité. En fonction des jours, elle nous présente tantôt sa face éclairée, tantôt sa part d'ombre. Si vous n'êtes pas encore conscient de cette colonisation, nous vous proposons de jeter un petit regard en arrière. En octobre 2003, Paris, Bruxelles et Rome ont organisé leurs « Nuits blanches », invitant les citadins à la découverte de « l'autre côté de la ville ». En écho à celles de Saint-Pétersbourg, à la « Nuit des Arts » d'Helsinki, à la « Nuit des musées » de Munich, Berlin, Lausanne ou Anvers, à la La fête des Lumières de Lyon ou Turin, les quartiers ont été livrés à l'imagination des artistes. Ailleurs, de Versailles à Furdenheim, les sons et lumières donnent des couleurs à nos nuits. Peu à peu les nuits blanches s'imposent comme un standard des politiques d'animation des métropoles internationales, un outil à part des politiques de marketing territorial. Pour être ville, la nuit ne devrait plus dormir. Si tu dors, t'es mort, pouvait-on lire sur la brochure publicitaire d'un club de vacances offrant des loisirs 24h/24. D'Ibiza à Vegas en passant par les îles thaïlandaises, des villes et des lieux spécialisés dans la nuit ou l'activité en 24h/7j se développent et des circuits s'organisent. A une échelle plus modeste, randonnées nocturnes, marchés de nuit et autres « Nuits des étoiles » ou « de la chouette » animent nos campagnes alors que dans les salles et sur les écrans cathodiques, les Nuits du « cinéma fantastique », de « l'électronique » ou « des publivores » nous maintiennent éveillés. Autre signe de cette conquête, de « l'Etoile » aux « Bains », les patrons et DJ de boîtes de nuit envahissent les plateaux de télévision et nous expliquent les secrets de leur réussite nocturne. Plus près de nous, à Noël, lotissements, immeubles, maisons individuelles ou habitations collectives, résidences de toutes catégories se sont parées de guirlandes, pour un grand show à l'américaine, un délire de lumières, de décorations, de « bonhommes Noël » de toutes tailles et de toutes couleurs scintillant dans la nuit. Contagion d'outre-Atlantique, nouveaux produits, baisse des coûts du matériel, peu importe : la tendance est là. A côté des efforts des collectivités, les particuliers participent désormais à la surenchère de Lux. Parallèlement, les conflits se multiplient, parfois impressionnants. Au cours de l'été, une partie des Etats-Unis et du Canada s'était éteinte, victime d'une panne de courant gigantesque comme on n'en verrait jamais en Europe. C'était juré craché, nos spécialistes l'avaient dit. Quelques mois plus tard, vers quatre heures du matin, la nuit blanche virait au noir. Une panne d'électricité plongeait le nord de la Péninsule dans l'obscurité. Alors que les soldes sont devenues cause nationale, certains commerçants prennent goût à la nuit et démarrent les soldes le premier jour à minuit. Dans les files qui s'allongent, personne ne prête vraiment attention aux tracts et pancartes des syndicats qui protestent. L'événement est devenu très « people ». Dans cette mouvance, les nouvelles aventures du phénomène
2016
Dans les sciences sociales, et particulierement dans le champ des etudes africaines, la nuit apparait encore largement comme une frontiere academique. Cela tranche nettement avec l’investissement (social, economique, politique) toujours croissant dont le temps nocturne fait l’objet dans les grandes metropoles a travers le monde. Ce texte, comme le dossier qu’il introduit, a vocation a revenir sur certains aspects propres a l’etude de la nuit urbaine, en s’appuyant principalement sur des exemples ouest-africains. En soulignant la necessite de penser la nuit dans un rapport dialectique avec le temps diurne et a l’aune de la tension heuristique qui s’en degage, ce sont quelques fragments des enjeux politiques de la nocturnite et du politique des loisirs urbains qui sont ici explores. Incidemment, la notion de « nightscape » est envisagee de maniere critique et mise a l’epreuve de terrains urbains ouest-africains.
L'observatoire des politiques culturelles n°53, 2019
« Quels mortels, quel être doué de la faculté de sentir, ne préfère pas au jour fatigant la douce lumière de la nuit avec ses couleurs, ses rayons, ses vagues flottants qui se répandent partout » Novalis Espace-temps longtemps peu investi, la nuit est devenue un territoire sous pression, à la fois reflet et moteur des mutations des sociétés contemporaines. Muse et refuge traditionnel des artistes, la nuit est à la fois un observatoire, un marché investi par les acteurs économiques et le marketing, un support de revendications (droit à la ville, genre, jeunesse, nature, etc.), un espace-temps de mobilisation pour les citoyens, un territoire d'expérimentation et un nouvel enjeu pour les politiques publiques. Caricature du jour, elle révèle l'homme et l'humanité dans ses potentiels et ses contradictions. Mieux, elle nous apprend beaucoup sur le jour et sur nos futurs possibles. Selon la Genèse, « Dieu sépara la lumière des ténèbres. Il appela la lumière "jour" et les ténèbres "nuit". Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour ». L'homme et la ville ont toujours eu une existence rythmée par l'alternance jour-nuit. Mais les temps changent. Au-delà des rêves, des peurs et des fantasmes, il y a désormais une vie après le jour. La nuit n'est plus la période d'obscurité complète symbolisée par le couvre-feu, la fermeture des portes de la cité et le repos social qui inspirait les artistes en quête de liberté, servait de refuge aux malfaiteurs et inquiétait les pouvoirs en place qui cherchaient à la contrôler. Économie, environnement, social et culture, la marge oubliée d'hier devient un espace-temps central pour les entreprises, les collectivités, les territoires et les citoyens. Une marge investie par les artistes Il y a quelques années encore, la nuit urbaine, intéressait peu les chercheurs, les édiles et les techniciens de l'aménagement et de l'urbanisme qui pensaient et géraient la ville comme une entité fonctionnant seulement 16h/24 et 5 jours/7. Dans nos agendas papier, la journée s'arrêtait généralement à 21h et il était impossible d'y indiquer un rendezvous de nuit. Dans de nombreuses langues, le mot « nuit » apparaît même comme une négation des huit heures : non-huit ; no-eight : nein-acht ; non-otto ; no-ocho. Puissant stimulant de l'imagination, la nuit a souvent inspiré les artistes qui s'y sont réfugiés fuyant les normes et les injonctions du grand jour pour créer et résister. Les musiciens-puis les peintres-en ont fait un genre à part, les Nocturnes dans laquelle ont excellé Mozart et Chopin. En littérature et en poésie, des chantres aussi talentueux que Novalis, Michaux, Apollinaire, Saint-John Perse, Char, Breton ou Aragon, se sont laissés porter par la nuit urbaine. Le roman noir est devenu un genre à part qui joue magnifiquement avec la nuit. Comme les poètes, les photographes, écrivains de la lumière, ont souvent su aller dénicher ce qui reste de jour au fond de la nuit. Paris la nuit de Brassaï révéla en noir et blanc toute la poésie des lampadaires et des pavés mouillés imposant une certaine esthétique nocturne. Le cinéma s'est emparé de la nuit pour la réinventer et transformer notre approche, jouant habilement sur les ambiguïtés et les contradictions en
2017
Le 20 juin 2014, la Ville de Geneve devoile les contours de sa future politique de la nuit. Cette annonce resulte de quatre annees de travail soutenues et supervisees principalement par le Departement de la culture et du sport de la Ville de Geneve (DCS). Ce travail est passe par la realisation de plusieurs documents, conferences et experimentations visant a etablir un diagnostic sur les nuits genevoises. Ces derniers temoignent d'une dynamique d'institutionnalisation de la nuit dans ses usages culturels a Geneve que j'etudie a travers l'analyse des discours et des pratiques d'acteurs.
ETC Media, 2015
Tous droits réservés © Revue de d'art contemporain ETC inc., 2015 Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
Le Portique Revue De Philosophie Et De Sciences Humaines, 2002
Métropolitiques.eu, 2019
Société de géographie, 2017
La nuit est longtemps restée une dimension oubliée de la ville, une terra incognita, un finis-terre. Rares sont les chercheurs qui aient trouvé le sujet digne d'intérêt et plus rares encore sont ceux qui l'ont abordée comme un « objet géographique ». Dans mes premiers travaux, et afin de dépasser le flou et les fantasmes entourant cet espace-temps, j'ai exploré la nuit urbaine comme un système spatio-temporel. La décomposition systémique en sous-systèmes (localisation, temps, acteurs, déplacements, productions, pratiques, représentation, promesses…) a permis d'aboutir à la définition d'un « territoire vécu, éphémère et cyclique à faible densité [1] », d'un dispositif d'agencement temporaire, de mettre en évidence la colonisation progressive par les activités du jours et de repérer l'apparition de conflits entre les individus, les groupes, les activités et les quartiers de la ville à plusieurs temps. « L'autre côté de la ville » peut en outre être abordé sous l'angle des représentations nombreuses et contrastées : la nuit évolue dans le temps et dans l'espace avec une dynamique spatio-temporelle propre. Elle a ses bornes spatiales et temporelles, ses marges floues. Son utilisation, sa mise en valeur par différents acteurs est en perpétuelle évolution. En à peine deux siècles on est passé de la « ville de garde » au « by night » et à la « diurnisation » sous l'effet du temps en continu de l'économie, des réseaux et des medias. La nuit peut aussi se lire en termes d'organisation de l'espace, d'aménagement [2] et de gouvernance et l'on peut même imaginer un « urbanisme de la nuit » et un aménagement de la nuit. Les représentations spatio-temporelles et l'approche chronotopique [3], permettent d'en mesurer les irrégularités et les variations. Elle peut enfin être étudiée en termes d'attraction, de mobilités [4] et de flux, mais aussi au prisme des différents rôles et fonctions qu'elle remplit à différentes échelles et pour différents groupes et individus. Celles et ceux qui se risqueront sur la piste de ces « nights studies [5]» émergentes, doivent pourtant savoir qu'ils seront accusés de « mettre la nuit en équation » et de tuer une partie du mystère. Le dilemme est bien résumé dans cet aphorisme : « sans lumière pas de ville la nuit et trop de lumière tue la nuit ». L'histoire mondiale des représentations de la nuit reste à écrire. Au-delà des définitions strictes de l'astronomie, peu de mots ont autant de significations différentes. La nuit n'est effectivement pas perçue et vécue partout et par tous de la même façon. Elle peut signifier angoisse ou rêverie, peur ou quiétude, vigilance ou repos, insécurité ou liberté. « Pouvant être noire et blanche à la fois », la nuit est par définition ambigüe.
ENA hors les murs, 2015
Au-delà des rêves, des peurs et des tensions, la nuit, « territoire vécu, éphémère et cyclique à faible densité », est devenue un territoire d’innovation. Des initiatives et expériences portées par les individus, les organisations, les collectivités et les pouvoirs publics émergent. Économie, social, environnement ou culture : une partie du futur des villes se cache sans doute déjà dans leurs nuits.
La démocratie a-t-elle jamais existé en Turquie? Alors que les chancelleries et les organisations internationales, après le 15 juillet, rappelaient la "légitimité" d'Erdogan, "élu démocratiquement", il faut s'interroger sur la nature segmentaire de la démocratie turque, qui, si elle existe, comporte un vaste "corps nocturne" selon l'expression d'Achille Mbembe. Et puis, la Turquie ne serait-elle pas le "corps nocturne" de la démocratie européenne?
This lecture intends to show how thought about ambiances allows to make more complex the sociology of action and to identify some political stakes in urban developments. The sociology of action's credit is to link the issue of space with the practice one. Nevertheless this ecological prospect first of all point out the cognitive aspect of perception although the ambiance's problematic underlines her emotional and temporal size. We put to the test the hypothesis according to the fact that public space can encourage or restrain urban behavior in axiologic mean-ing of this term, refering to Simmel's analyse and Foucault and Sennett as well.
Réseau d’études des métiers de l’urbanisme, 2017
La nuit est aujourd’hui devenue un enjeu électoral à Paris. L’élection d’un « Maire de la nuit » a rendu visible l’innovation électorale de cette thématique dès novembre 2013. Elle fait suite aux Etats généraux de la nuit à Paris (2010), au Grand conseil de la nuit à Genève (2011) et à la création de ce type de fonction dans d’autres villes telles que Toulouse, Amsterdam ou Nantes. Il s’agit d’occuper une fonction non-institutionnelle, mais visible médiatiquement pour replacer la vie nocturne et festive au coeur du débat public. A Paris, ces élections ont été organisées au sein de 42 établissements de convivialité et festifs, avec une participation de 2.189 votants pour le second tour. Le candidat « Clément Léon R. » (un chroniqueur et organisateur de soirées âgé de 32 ans) a été élu avec 31.34 % des votes, suite à une campagne pastichant celle de F. Hollande. Afin d’institutionnaliser cette fonction et pour briguer la mandature 2014-2020 à la municipalité de Paris, A. Hidalgo a, dès sa campagne, porté cet enjeu dans la sphère politique : « La nuit à Paris fera l’objet d’une attention particulière. La dynamique issue des États généraux de la nuit doit être poursuivie afin de créer les conditions d’une nuit vivante et respectueuse de chacun, qui participe au rayonnement de Paris à l’international. […] ». Pour autant, les politiques temporelles existent depuis les années 1990 (Boulin, Mückenberger, 2002), concernant le temps du travail et le temps scolaire, ainsi que l’adaptation aux modes de vie des horaires des services commerciaux, administratifs, culturels et sportifs. GUÉRIN, Florian (2017), « Une politique publique de la vie nocturne déconnectée de la citoyenneté des sortants. Le cas du conseil de la nuit parisien ». GABERELL, Simon, MATTHEY, Laurent, PIERONI, Raphaël (dir.), Planifier la nuit ? Quand les politiques d’aménagement s’emparent des enjeux culturels et festifs nocturnes, Genève : Réseau d’études des métiers de l’urbanisme, pp. 61-69
Le 20 juin 2014, la Ville de Genève dévoile les contours de sa future politique de la nuit. Cette annonce résulte de quatre années de travail soutenues et supervisées principalement par le Département de la culture et du sport de la Ville de Genève (DCS). Ce travail est passé par la réalisation de plusieurs documents, conférences et expérimentations visant à établir un diagnostic sur les nuits genevoises. Ces derniers témoignent d’une dynamique d’institutionnalisation de la nuit dans ses usages culturels à Genève que j’étudie à travers l’analyse des discours et des pratiques d’acteurs.
Esprit, 2007
Voyage au bout de la nuit, un roman de la compassion démocratique ? Si nous relisions Voyage au bout de la nuit à nouveaux frais ? Si nous envisagions que Céline, dans ce roman, se livre à une expérience de narration qui est aussi une mise à l'épreuve des valeurs déclarées de la démocratie et de la République 1 ? Le laboratoire romanesque ne lui permet-il pas en effet de soumettre le personnage-narrateur, Bardamu, à une initiation au nom de laquelle on a pu rapprocher Voyage au bout de la nuit de Candide 2 , mais aussi à une émotion de l'humain ? C'est cette émotion que nous interrogerons ici, en proposant plus précisément pour hypothèse de lecture la clef de la compassion démocratique. Le roman célinien, avec ce qu'il doit aux romans populistes et ce qu'il corrige de leur esthétique et de leur éthique, occupe une place particulière, non seulement en vertu du parfum de scandale dont la suite des oeuvres céliniennes allait l'affecter, mais surtout eu égard aux chances perdues et aux paris dédaignés qu'il re-présente à la conscience de ses lecteurs. Ces lecteurs, dans la mesure où le temps de la diégèse de la fin du livre coïncide avec le temps de l'écriture-et donc de la lecture-, sont aussi les concitoyens de son auteur. Le contexte historico-poétique du Voyage : le roman des années 30 Voyage au bout de la nuit fait une irruption tonitruante sur la scène littéraire en 1932. Roman-cri contre la décadence, discrédité par le bellicisme, la colonisation, l'exploitation ouvrière, le taylorisme, la déshumanisation des banlieues, il ne s'inspire pas simplement de la 1 Selon J.P. Martin, c'est le seul roman de Céline, les « autres » étant précisément des pamphlets (Contre Céline, Paris, José Corti, 1997). 2 C'est ce que suggère M.C. Bellosta dans Céline ou l'art de la contradiction (Paris, PUF, 1990). A ceci près qu'il n'y a plus de jardin à cultiver à la fin du roman de Céline, mais des terrains soumis à la spéculation immobilière.
Livre blanc. Etats généraux du droit à la fête, 2021
« La nuit doit revoir le jour ». Derrière le beau slogan médiatisé se cache la détresse des acteurs de la fête et de la nuit qui s'insurgent depuis des mois contre la fermeture de leurs établissements et craignent l'effondrement. La situation inédite, les difficultés rencontrées et les risques encourus par les acteurs économiques et culturels, nécessitent une mobilisation nationale, qui dépasse l'approche sécuritaire et anxiogène, une mise à l'agenda de la nuit qui ouvre des perspectives en termes d'expérimentations, de droit et de politique publique dans le respect des règles sanitaires. Alors que « tout s'oppose à la nuit », la crise sanitaire est aussi l'occasion de changer de regard sur nos vies et sur nos villes. Choc et menaces. Au-delà des discothèques, c'est tout un monde qui vacille et avec lui une partie de notre vie sociale. La nuit est un temps particulier pour la fête et un moment essentiel d'interactions pour nos villes, nos quartiers et nos villages. Quand le couvre-feu s'installe, quand la fête devient impossible, quand les salles ferment, quand les événements sont annulés, quand celles et ceux dont le métier est de favoriser la convivialité, le plaisir et la rencontre sont interdits d'exercer, c'est un secteur économique important, des emplois mais aussi une culture, un art de vivre, un monde, et notre santé mentale qui sont directement menacés. Se rencontrer, partager et s'émerveiller ensemble est vital. Que se passera-t-il si 30% des établissements de nuit disparaissent. Que deviendront nos villes avec leurs nuits vides et en friches ? Révélations. Les difficultés ne sont pas apparues avec la crise. Entre liberté et insécurité, la nuit est un monde en mutation permanente. Le poids des réglementations, l'aseptisation de certains quartiers, les cohabitations parfois douloureuses entre usagers et résidents, l'évolution des modes de vie et de consommation avaient déjà fragilisé ce secteur et ses multiples acteurs. En ce sens la Covid est un révélateur mais aussi l'occasion d'une mobilisation et d'une prise de conscience plus larges. Elle met notamment en évidence l'importance de « l'espace public » au sens politique du débat et de l'opinion et celle « des espaces publics » au sens architectural du terme avec les rues et les places, le besoin d'Etats généraux pour échanger et celui d'actions locales pour tester. C'est là, à l'extérieur des établissements que le rebond et les expérimentations ont été possibles. C'est par ces dépassements, permis par les débats et l'expérimentation in situ, que des solutions ont vu le jour. Incompréhensions. Comme souvent en cas de crise, les interdictions ont d'abord frappé la nuit. Les établissements ont été les premiers à fermer. Ils seront les derniers à ouvrir. Le secteur a subi la double peine du confinement et du couvre-feu et les acteurs économiques et culturels ont l'impression d'être incompris. Le virus muterait-il après 20h ? Pourquoi les autorités ont-elles toujours peur de la nuit, de la fête et des jeunes. Pourquoi ne pas faire confiance aux professionnels responsables et expérimentés ?
Night studies, 2020
Après les travaux pionniers de la fin des années 90, un nouveau champ de recherches, celui des “Night studies” émerge et se structure peu à peu associant notamment des historiens, des géographes, des urbanistes, des sociologues, des économistes, des anthropologues, des ethnologues, des philosophes, des biologistes, des spécialistes de la culture et de la communication, des politologues, des architectes, des artistes et des praticiens. Partout dans le monde, les colloques, séminaires, travaux de recherche, thèses et expositions sur la nuit se multiplient explorant souvent de manière interdisciplinaire les limites de la nuit urbaine, la colonisation, l’insécurité, la gouvernance, les politiques publiques, les aménagements, la qualité de vie, la cohabitation, les plans lumière, le paysage, les mobilités, les représentations, la cartographie, l’innovation, le marketing.
2015
ABSTRACT: Obscurity, which attracts less the look than the hearing, makes night a space subtracted to materiality and provided with an oxymoronic dimension, simultaneously silent and musical. The plural voices of the night, in its metamorphic power, are here modulated according to fantastic, magnetic, poetic or pictorial tones. The acoustic and aesthetic correspondences involving interiority and the unconscious, the infinite and the absolute, the moonlight and the Aeolian harp or the nightingale song are also investigated by referring to the complex metaphorical systems in alignment with authors like Goethe, Wackenroder, Jean Paul, E.T.A. Hoffmann, Ossian, Coleridge, Lamartine, Gautier and many more. RESUME : L’obscurite, sollicitant moins le regard que l’ouie, fait de la nuit un espace soustrait a la materialite et dote d’une dimension oxymorique, silencieuse et musicale en meme temps. Les voix plurielles de ...
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