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Nuit debout sur place : petite ethnographie micropolitique

Abstract

Le printemps 2016 a été marqué par un double mouvement. Depuis le début du mois de mars jusqu'à la fin juin, nous avons été des centaines de milliers de personnes non seulement à descendre dans la rue contre le projet de loi Travail, mais à tenter de se réapproprier la rue et à reprendre espoir en un autre monde. Ce n'est pas rien, surtout dans le contexte qui prévaut en France depuis les attentats de janvier et novembre 2015. D'un mouvement social somme toute classique en France, menée tambour battant par la CGT et FO, on est passé à un phénomène inédit dans l'hexagone avec Nuit debout, animé par une nébuleuse de réseaux militants, exprimant un raz-le-bol beaucoup plus « global ». Orienté non pas seulement « contre » (la loi El Khomri, le gouvernement, la précarité et les violences sociales, l'ultralibéralisme) mais « pour » (une autre société, une démocratie réelle, la convergence des luttes), Nuit debout a donné à voir des formes d'action originales dont l'occupation de la Place de la République a été l'épicentre. Chaque soir et weekend des milliers de personnes se sont retrouvées pour participer aux assemblées générales, commissions et réunions en petits groupes, voir, écouter, discuter, partager idées, expériences, savoirs, faire des rencontres, la fête, mais aussi organiser des actions ponctuelles en tentant d'échapper au dispositif policier impressionnant mis en place, notamment à Paris. Bénéficiant d'une large couverture médiatique et sur Internet, Nuit debout a suscité dans les sondages un soutien significatif de la population, et parmi les jeunes en particulier.