Academia.edu no longer supports Internet Explorer.
To browse Academia.edu and the wider internet faster and more securely, please take a few seconds to upgrade your browser.
Cahiers d'études africaines
…
5 pages
1 file
Nous abordons la notion de collection comme une mise en forme singulière de la matière et du mouvement en nous référant aux travaux de Georges Simondon, Gilles Deleuze, Dziga Vertov, Aby Warburg, Jean Rouch et Lev Manovich. Les concepts d’image-temps et d’image-mouvement, proposés par Gilles Deleuze, nous conduisent à étendre la notion de collection aux images animées et à leur mise en scène. Un logiciel d’application, conçu par Benjamin Roadley, a favorisé une mise en forme analytique de quelques séquences extraites de deux films réalisés par Jean Rouch, Moi un Noir et le Dama d’Ambara. Tout en nous permettant de mettre à l’épreuve notre appréhension de la collection, une nouvelle appropriation de l’œuvre de Jean Rouch et de son empreinte sur le monde se révèlent et nous incitent à aborder le processus de modélisation, offert par les technologies numériques, comme une relation privilégiée à l’imaginaire, à la création et à leurs impacts sur l’épistémologie des connaissances en sciences humaines.
Cahiers d'études africaines, 2008
Un des obstacles majeurs à la publication d'études d'anthropologie visuelle réside dans la difficulté d'accéder aux oeuvres. Aussi faut-il saluer la publication par les Éditions Montparnasse d'un coffret Jean Rouch qui rend enfin accessibles, non seulement pour les chercheurs mais aussi pour un large public, dix des films majeurs du cinéaste, accompagnés de quelques « bonus » permettant de placer son oeuvre dans son contexte et son époque. Jean Rouch, en effet, occupe une place singulière, car il a suscité un engouement de la part des cinéphiles de la nouvelle vague et provoqué une véritable révolution dans le genre très codé du cinéma ethnographique. Intuitivement plus que théoriquement, Rouch avait pressenti dès les années 1950 quelques-uns des grands débats qui allaient agiter les sciences et les arts dans les années 1980, notamment à propos de la prétention scientifique, des formes d'écriture et de la spécificité de l'expression cinématographique. Qu'il suffise, pour mesurer ce dernier aspect, de citer Jacques Rivette, un cinéaste dont l'oeuvre, a priori, n'a rien à voir avec celle de l'auteur de Chronique d'un été : « Rouch, c'est le moteur de tout le cinéma français depuis dix ans, bien que peu de gens le sachent. Jean-Luc Godard est parti de Rouch. D'une certaine façon, Rouch est plus important que Godard dans l'évolution du cinéma français. Godard va dans une direction qui ne vaut que pour lui, qui n'est pas exemplaire à mon avis. Alors que tous les films de Rouch sont exemplaires » 2. Entre 1949 et 1965, les films de Rouch retinrent immédiatement l'attention de la critique et il gagna une demidouzaine de grands prix internationaux. Jean Rouch a été la charnière humaine d'une révolution technologique, comme l'ont été outre-Atlantique, les M. Brault, R. Leacock, D. Pennebaker, A. et D. Maysles et J. Marshall, mais à la différence de ces derniers, il ne se contenta pas d'un cinéma direct fondé sur les capacités du son synchrone. Il n'essaya pas de se faire oublier, ni d'être l'observateur invisible, le narrateur neutre, la « mouche sur le mur ». Au contraire, sa caméra s'immisce au coeur de l'action, la modifie, la provoque, crée la réalité qu'elle décrit. Quelques fois, les professionnels du cinéma se sont irrités de l'imperfection technique de certains plans, des lignes d'horizon penchées, des raccords de montage atypiques, de l'allure chaotique de films soumis aux aléas de l'instant et de l'improvisation. Mais Rouch tenait par-dessus tout à ce côté inachevé, voire « fauché » de son oeuvre, des traits qui l'ont laissé en marge du
2008
Nous abordons la notion de collection comme une mise en forme singulière de la matière et du mouvement en nous référant aux travaux de Georges Simondon, Gilles Deleuze, Dziga Vertov, Aby Warburg, Jean Rouch et Lev Manovich. Les concepts d'image-temps et d'image-mouvement, proposés par Gilles Deleuze, nous conduisent à étendre la notion de collection aux images animées et à leur mise en scène. Un logiciel d'application, conçu par Benjamin Roadley, a favorisé une mise en forme analytique de quelques séquences extraites de deux films réalisés par Jean Rouch, Moi un Noir et le Dama d'Ambara. Tout en nous permettant de mettre à l'épreuve notre appréhension de la collection, une nouvelle appropriation de l'oeuvre de Jean Rouch et de son empreinte sur le monde se révèlent et nous incitent à aborder le processus de modélisation, offert par les technologies numériques, comme une relation privilégiée à l'imaginaire, à la création et à leurs impacts sur l'épistémologie des connaissances en sciences humaines. Abstract We approach the concept of collection as a singular process of molding the matter and movement in reference to the works of George Simondon, Gilles Deleuze, Dziga Vertov, Aby Warburg, Jean Rouch and Lev Manovich. Concepts of image-time and image-movement, proposed by Gilles Deleuze, lead us to extend the concept of collection to the animated images and their mise en scène. A software application, conceived by Benjamin Roadley, gave us the opportunity to embody an analytical process of some sequences extracted from two films produced by Jean Rouch, Moi un noir, and, The Dama d'Ambara. While allowing us to test our apprehension of the collection, a new expression of the works of Jean Rouch and his impact on the world is revealed and incite us to approach the process of modeling, offered by digital technologies, as a sort of privilege relationship with the imaginary and the creation and their impacts on the epistemology of knowledge in social sciences
Journal des Africanistes , 2021
Cartry rappellent, en introduction de l'hommage qu'ils publient dans l'Homme peu après sa disparition, que Jean Rouch « a transformé notre regard sur les civilisations africaines d'hier et d'aujourd'hui 1 ». Qu'il me soit permis d'avouer que l'oeuvre de Jean Rouch n'aura pas moins contribué à une transformation radicale du regard qu'anthropologue et historien des polythéismes antiques, je puis porter sur les sociétés de l'Antiquité méditerranéenne, cultures sacrifiantes 2 , dans lesquelles, en certaines circonstances, des formes rituelles de possession s'articulent étroitement au dispositif sacrificiel 3. Certes, il y avait eu, très tôt, la lecture du Dionysos d'Henri Jeanmaire. Puis il y aura, décisif, l'engagement passionné dans les aventures comparatistes que-dans le sillage des ateliers pionniers de Marcel Detienne-Michel Cartry et Jean-Louis Durand inspirèrent au tournant des deux millénaires, en un parcours au coeur du rite, « au ras des gestes 4 » ; les discussions toujours reprises avec Jean-Louis Durand, marquées au sceau de l'intensité, de sa connaissance intime des rites 5 , les collaborations au long cours avec quelques amis africanistes autour de questions partagées 6. Mais pour l'helléniste condamné à travailler avec des matériaux éclatés, fragmentaires, allusifs, qui n'a pas la possibilité de suivre, avec tous les aléas du terrain, le déroulé d'un rite dans sa temporalité, dans toutes les articulations de ses séquences (successives, parallèles, disjointes), qui ne peut y aller voir, les films de Jean Rouch 7 ont produit le choc nécessaire, suscité la césure dont les effets profonds ne se mesurent que dans le temps long. Cette expérience irremplaçable, je la vois se reproduire, selon une incidence indécidable, chez de jeunes étudiants dont la qualité d'attention 1. Adler-Cartry 2004 : 531. 2. Durand 1992, Jaillard 2019. 3. Significativement, il n'y a pas de place pour le possessionnel dans la religion publique romaine, quand bien même les représentations montrent que les Romains en ont une compréhension très fine, mais la pratique est bonne pour les autres. 4. Au premier chef, le séminaire Pratiques des polythéismes 1998-2008 et les propositions de Cartry, Durand et Koch Piettre 2009. 5. Signalons un séminaire à deux voix à l'université de Genève, au semestre d'automne 2003 : « Pratiques de la possession. Entre Grèce ancienne et expériences de terrain ». 6. Stéphan Dugast, Odile Journet, Danouta Liberski, dans le cadre de mon séminaire « Anthropologie comparée des polythéismes. Des cultures sacrifiantes », à l'université de Genève, depuis 2014, et de diverses journées d'étude. Voir aussi le volume coédité par Dugast, Jaillard et Manfrini 2021. 7. Qu'il pense et construit en ethnologue (Pecquet 2017 : 11).
Journal des anthropologues, 2007
Association française des anthropologues 110-111 | 2007 De l'anthropologie de l'autre à la reconnaissance d'une autre anthropologie
2016
Visual History. Rivista internazionale di storia e critica dell’immagine, N° 2, 2016. Visual anthropology is based on the idea that the camera and the sound recording produce a non-discursive knowledge accounting for complex phenomena from reality that no textual analysis can render. In this article the works and the working methods of the French filmmaker and anthropologist Jean Rouch (1917-2004) exemplify a redefinition of anthropology in the colonial context thanks to the tool of the camera. The consequences of which go beyond the realm of the social sciences to influence the art world.
Loading Preview
Sorry, preview is currently unavailable. You can download the paper by clicking the button above.
Journal des Africanistes, 2018
Le Journal des Africanistes, 2017
Entrevues, la revue des revues #46, 2011
Bulletin d'histoire politique
Laval théologique et philosophique, 2000
Revue Des Langues Romanes, 2017
Le Carnet et les instants n°207, 2021
Viatica, 2017
Bulletin d'histoire politique, 2003
Revue d'histoire de l'Amérique française, 1978
Volume!, 2002
EspacesTemps.net, 2010
Reti Medievali Rivista, 2020
Voix et Images, 1986