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Revue européenne des sciences sociales
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34 pages
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revue européenne des sciences sociales n o 53-2-p. 17-49 Résumé. À partir des recherches ethnographiques sur certaines sociétés et cultures tout autour de la planète, je plaide pour la construction d'une anthropologie de la présence. Chez les Samoans, les habitants de la Lucanie d'Italie du Sud, les Runa d'Amazonie occidentale et les Korowaï de Papouasie Nouvelle Guinée, l'anthropologie travaille sur des choses et des objets dans leur manifestation même et selon les modalités de leur apparition. J'étudie certaines thématiques pour nourrir mes hypothèses : la quotidienneté et l'ordinaire de la vie, la spatialisation de la chair, la facticité des corps et des actions en l'absence d'un cadre symbolique, etc. Je m'emploie à expliquer si et comment une chose peut avoir un sens sans une intention symbolique. Qu'est-ce qu'un monde dans sa présence même sans un arrière-monde ? Comment la présence des choses confère une signiication sans recours à la référence ? Cependant, ces sociétés nous apprennent aussi que la présence s'obtient par le déchirement et la division. C'est vers une anthropologie de l'entrelacement des regards et des corps, des sensations et des sentiments que nous tournerons notre attention scientiique.
Appareil, 2013
Dans une lettre datée du 15 avril 1924, l'historien de l'art A. Warburg suggère à E. Cassirer, en passe de devenir le philosophe des formes symboliques que l'on connaît 2 , que tous deux poursuivent en réalité le même projet : créer « une science générale de la culture comme théorie de l'homme en mouvement 3 ». Il place ces termes entre guillemets, soit qu'il se cite lui-même, soit qu'il cite des propos récents de Cassirer. Cette lettre répond en effet à l'envoi par le philosophe d'un « symbole consolant 4 », destiné à la guérison du créateur de la célèbre Bibliothèque hambourgeoise, tragiquement « exilé » de son propre Denkraum pour cause de troubles neurologiques graves. Or ce remède n'est autre que la définition par le penseur Goethe de son projet morphologique, tel qu'il le formule dans Morphologie, formation et transformation des natures organiques. Et cette définition propose de penser la forme comme l'expérience d'un mouvement effectif et efficace créant par oscillation réglée une figure plastique 5 : Éléments pour une anthropologie de l'homme en mouvement Appareil, 12 | 2013
2015
Carlo Severi, directeur d’études L’image rituelle : agentivité et mémoire Depuis quelques années nous défendons l’idée qu’un rituel est avant tout une forme d’interaction qui, en établissant des relations spécifiques au sein d’une société, engendre une forme d’identité complexe, qui ne se confond pas avec celle de la vie quotidienne. Cette définition, qui s’est avérée utile dans l’analyse de certains cas, nous semble aujourd’hui insuffisante. Au fur et à mesure que notre recherche sur l’actio..
Antrocom. Online Journal of Anthropology, 4(2), pp. 131-138, 2008
Être, existant, présence, mode, ontologie: les sciences sociales se dotent aujourd'hui, à partir de filiations intellectuelles différentes 1 , d'un champ lexical qui peut laisser entrevoir un écart avec les habitudes de pensée. Permettons-nous dans ce contexte le projet d'une anthro-Résumé de l'article. L'article constitue un projet théorique qui a pour but de déplacer le regard et l'analyse des sciences sociales de ses trois axes fondamentaux : la collectivité, l'action et la relation, et de se focaliser sur les êtres, les existences et les présences. L'article montre également l'importance des détails, les "restes" dans les modes de présence et de coprésence des êtres humains.
Vers une anthropologie du contemporain - Préface à l'édition arabe de Rabinow, Paul. Un ethnologue au Maroc, 2021
Il faut saluer avec chaleur la traduction en arabe d'Un ethnologue au Maroc : plusieurs décennies après sa publication en anglais (1977) et en français (1988) 1 , l'ouvrage que Paul Rabinow consacra au déroulé de son enquête dans la région de Séfrou est enfin disponible aux lecteurs marocains. Pour autant, si l'auteur situe sa réflexion dans le cadre spatio-temporel déterminé des « régions tribales du Moyen-Atlas » en 1968-1969, l'ouvrage ne s'inscrit que marginalement dans la lignée des textes classiques que dédièrent les anthropologues au Maroc 2ainsi, parmi les plus illustres, Jacques Berque, Ernest Gellner ou Clifford Geertz. Car s'il fut l'étudiant du dernier, Rabinow entame avec Un ethnologue au Maroc la critique du savoir anthropologique qui devait le mener, après un riche et varié 3 itinéraire de recherche, vers l'élaboration d'un nouveau mode d'interrogation (« mode of inquiry ») du contemporain. Contre le mythe du créateur incréé, l'auteur fait alors récit de l'interlocution qui le lia à ses informateurson reviendra au termeet réinscrit par-là l'enquête dans la variété des situations dont elle procède. Ainsi Rabinow indique-t-il en introduction de son ouvrage que celui-ci porte sur une « expérience vécue » et il faut alors entendre l'expression dans toute sa force : l'enquête Par suite, l'enquête n'est pas en elle-même informative : il revient au chercheur la charge de rétablir la vérité des faits sociaux par-delà le sens subjectif que lui donnent les agents 5 . L'ouvrage de Rabinow contient pourtant les prémices d'une tout autre intellectualité. Car si l'anthropologue va de Fès au village de Sidi Lahcen Lyussi et passant par Séfrou, c'est au gré des rencontres et de la possibilité pratique de l'interlocution. Il s'agit pourtant bien d'appréhender ce qui s'érode, après que « la baraka » se soit « perdue au fil des ans 6 » ; cependant, l'érosion n'est pas circonscrite aux tristes tropiques, elle engage l'anthropologue et le monde dont il est issu. Rabinow et ses interlocuteurs ont ainsi en partage le constat de la crise : pour le chercheur, celleci s'accuse d'un côté dans les « graves problèmes structuraux de la société américaine » (le jeune étudiant quitte les États-Unis en 1968) et de l'autre par l'obsolescence du système de savoir universitaire 7 ; pour Ali, Malik ou Driss, elle prend forme dans « la déchéance morale 8 » que provoque la réification d'une forme symbolique devenue non opérante dans le cours de l'établissement du gouvernement moderne 9 . La notion d'informateur prend alors tout son sens : l'enquête est le lieu d'une quête partagée qui en retour permet ou non la formation d'un point de vue commun. S'il ne cède pas au récit irénique de la rencontre, Rabinow plaide pour autant pour un « cosmopolitisme critique 10 ». Surtout, Un ethnologue au Maroc annonce le tour que prendra l'auteur et, à sa suite, une majeure partie de la discipline : via l'interlocution avec Michel Foucault qu'il participa à introduire dans le champ académique américain, Rabinow instruit ainsi un mode d'investigation tout à la fois éthique, savant et cependant pleinement immergé dans l'anthropologie du contemporain.
Sens public
Cet article a pour objet le « parler en langues », appelé usuellement glossolalie. Cette pratique est l'une des singularités du mouvement pentecôtiste. Ce dernier connaît un immense succès dans le monde contemporain. Ce langage semble, a priori, irrévocablement énigmatique puisqu'il est une suite de mots totalement inventés par les locuteurs. Nous allons tenter de donner du sens à la glossolalie, en ce que ce discours échevelé et, a priori dénué de sens, peut révéler, à la lumière d'une anthropologie sémiotique, philosophique et psychanalytique, de la structure de la société. Plus exactement, on étayera, en amont, que ce langage reflète la fragmentation de la société sud-africaine, l'indétermination du paradigme démocratique et les incertitudes dérivant du modèle néo-libéral. En aval, la glossolalie peut s'apparenter à une transe cathartique visant à se purifier des maux qu'engendre la société sud-africaine. Elle correspond, par ailleurs, à un vecteur démocratique dans un contexte de faiblesse de l'État-providence.
2009
Depuis plusieurs années, en photographiant les détails de la vie, en réfléchissant sur les méthodes d'observation ou en analysant le fait religieux, Albert Piette construit un travail véritablement anthropologique qui affronte directement la spécificité humaine plutôt que la diversité des cultures. Dans ce livre, il commence par une comparaison des modes de présence des hommes et des singes et constate que la particularité des humains est la présence-absence et l'attention détachée. L'homme serait-il le seul animal à être minimal ? Albert Piette s'interroge alors sur les origines de cette caractéristique à travers un détour dans des sites préhistoriques, comme les abris d'Homo erectus et les sépultures de l'Homme de Neandertal. Progressivement, les étapes-clés de la généalogie de la minimalité apparaissent : l'habitat, les objets, la perception subsidiaire, le langage, le marquage social et l'acte de croire. Albert Piette fait ensuite de cette caractéristique humaine un argument pour repenser l'anthropologie selon deux axes principaux : la méthode phénoménographique à travers l'observation rapprochée du cours de l'existence des hommes mais aussi d'autres êtres (comme les dieux, la société ou les animaux) et l'anthropologie existentiale comme théorie des modes d'exister, articulant action et présence. Le livre se termine par une « rêverie » anthropologique qui montre l'enjeu éthique de ne pas oublier cette originalité de l'homme minimal et la nécessité d'une pédagogie de la minimalité.
L’auteur raconte ici le cheminement d’une interrogation suscitée par la découverte d’un monument dressé à la mémoire de victimes de la Shoah, et « caché » au cœur d’un bosquet d’un grand parc citadin de la banlieue parisienne. Il compare alors ce monument étrangement silencieux à l’incroyable succès d’un monument de deuil américain : le mémorial des Vétérans du Vietnam, dont il a eu un premier accès grâce à un curieux roman, mi-roman de guerre, mi-thriller, et qui met en scène le monument via la relation d’une expérience personnelle. L’auteur tente de dénouer les multiples niveaux du faire image du monument. Pour cela, après avoir restitué son expérience du mémorial américain, en fait une expérience de lecteur, il livre les premiers éléments d’une enquête ethnographique qui tente de dénouer les mobiles du mémorial francilien. Pas de symétrie entre les deux situations, mais une mise en réseau dont le parcours lui fait admettre la possibilité d’une réserve de sens inhérente à tout monument, qui tient à sa présence comme image.
Tandis que les Dictionnaires de droit d'Ancien Régime ne définissent pas l'identité, il est également très rare que ceux du XIXè ou du début du XXè siècle s'y hasardent, sauf pour mettre en évidence sa fonction identificatrice. Il y est donc simplement question d'identité numérique, de mêmeté. L'explication en est sans doute que, longtemps, l'identité en droit n'a pas eu pour objectif de dire ce qu'est l'individu en se situant du côté de l'ipséité , mais de répondre à la question pour-quoi peut-on dire de quelqu'un qu'il est une personne ? Autrement dit, le droit s'est longtemps désintéressé de ce qui constitue le sujet comme sujet individuel, dans des sociétés où, d'ailleurs, la division du travail social n'individualise que lente-ment le rôle de chacun, pour se concentrer sur l'étude des conditions dans les-quelles une action peut, juridiquement, être rattachée à un individu qui en répond in fine (même s'il n'est pas empiriquement l'agent causal) ou en retire le bénéfice. La personne est au juriste ce que le sujet d'attribution est au philosophe : l'instance qui répond d'une accusation. La tradition romaniste perpétuée par notre ancien droit est en effet longtemps demeurée indifférente à la redéfinition du sujet engagée en théologie et amplifiée en philosophie à partir de la Modernité, qui conduit pourtant à réviser le fondement de son identité pour l'asseoir sur ce que l'on pourrait appeler la conscience de soi ou l'affirmation de la capacité réflexive de l'individu à s'attribuer ses actes. Elle est restée attachée à une conception plus....
2012
Les techniques d’enseignement les plus caracteristiques de la methode directe ont ete pratiquees et preconisees bien avant que cette methode n’emerge en tant que telle, tout comme elles ont ete longtemps compatibles avec un certain plurilinguisme. Elles peuvent le redevenir, pour peu qu’on les extraie de l’ideologie nationaliste qui a permis a cette methode de triompher durant quelques decennies. Il s’ensuit qu’on ne peut s’en tenir a l’histoire de la didactique de la seule langue enseignee, pas plus qu’on ne peut reduire l’histoire de l’enseignement/apprentissage les langues (L1 ou L2) a la succession des methodes par lesquelles elles l’ont ete.
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Cahiers Costech, #1, pp. 1-118, 2017
Journal des anthropologues, 2005
L Homme Revue Francaise D Anthropologie, 2003
e-Portique. Revue de philosophie et sciences humaine, 2007
Reseaux Revue Interdisciplinaire De Philosophie Morale Et Politique, 2001
Journal des anthropologues, 2015
Chroniques Phénoménologiques, 2022
Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2009