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De quelques inscriptions de Liftāyā, Émésène

Syria

Abstract

Dans le cadre de la refonte du volume V des IGLS sur l'Émésène 1 , entreprise en 2000 2 , j'ai été conduit à mener plusieurs campagnes de prospection, en particulier dans le secteur dit « de la Trouée de Homs », secteur dans lequel les habitats antiques signalés sont relativement nombreux-et donc la moisson épigraphique potentiellement intéressante, même si, comme je l'ai indiqué naguère en présentant le projet, pour ce secteur comme pour bien d'autres, ce volume compte une grande majorité de documents d'un intérêt mineur, au moins si on les envisage individuellement, sans les mettre en séries : les inscriptions nouvelles, relativement nombreuses, n'ont pas modiié cette analyse faite après la première mission. Liftāyā est un gros village situé à environ 25 km au sud-ouest de Homs, l'antique Émèse, à proximité immédiate de la rive occidentale du lac de Qattiné, dans une région aujourd'hui densément peuplée (ig. 1). L'attention que j'ai été amené à lui porter spéciiquement résulte d'un faisceau de circonstances. D'abord parce que (toutes choses égales par ailleurs), les inscriptions attribuées à ce village, dans les IGLS V, sont nombreuses ; une première prospection m'avait permis d'en retrouver une proportion importante, ce qui est loin d'être le cas ailleurs dans la région, et de mettre au jour un nombre conséquent d'inédits. Ensuite parce que j'ai pu bénéicier sur place des informations fournies par un médecin installé au village, lequel avait fait ses études en France et, surtout, était lui-même collectionneur d'antiquités. De surcroît, à l'intérieur de ce gros bourg, les vestiges de bâtiments antiques sont nombreux et bien visibles, certains d'entre eux ayant été soumis à des remplois à partir des murs porteurs et donc sans que les linteaux, parfois inscrits, aient été déplacés. Enin une doctorante, Patricia Ghanimé-Marion, a mené en 2008-2010 des prospections, des relevés de bâtiments, des sondages et des fouilles sur ce village et ses environs, dans le cadre d'une thèse dirigée par Pierre Leriche auquel j'ai été un temps associé comme co-directeur. Son chantier a évidemment dû s'interrompre sans être terminé, compte tenu des événements, mais on ne peut que souhaiter la publication, sous une forme ou une autre, de ces recherches, même non achevées, parce qu'elles n'ont pas à ce jour d'équivalent dans le secteur. P. Ghanimé-Marion a en particulier pu fouiller deux monuments funéraires collectifs sur les trois connus sur le territoire du village et a comptabilisé une centaine de maisons encore visibles, qu'elle date de « l'époque romano-byzantine ». C'est d'ailleurs elle qui m'a signalé un petit nombre d'inscriptions qui m'avaient échappé lors de mon premier passage. Dans le présent exposé, je ferai d'abord un bilan général du corpus de Liftāyā-l'un des rares actuellement identiiables avec ceux de Homs et de Salamias-et je présenterai ensuite plus précisément quelques-uns des documents inédits découverts depuis la parution du volume de Jalabert et Mouterde. Je soulignerai d'emblée que ce corpus n'apporte pas de document majeur, une seule inscription, la dédicace à Gennéas, sortant véritablement du lot. Les recherches archéologiques au sud et à l'ouest du lac de Qattiné ou lac de Homs, comme on voudra le nommer 4 , ont longtemps été très limitées, du moins pour les périodes historiques, ce qui explique, pour partie, l'intérêt qu'avait manifesté P. Ghanimé-Marion pour ce secteur. Pour ce qui est de la préhistoire, en revanche, comme des études de géomorphologie suscitées par la présence du lac et son histoire, la documentation est nettement plus riche, mais elle ne nous concerne pas directement ici. Je rappellerai simplement que les conditions climatiques, le relief plutôt paisible de cette région, la fertilité des terres et l'existence d'un axe de circulation majeur entre la Syrie intérieure, la vallée de l'Oronte et la côte, ont facilité les implantations humaines et expliquent l'importance de l'occupation en particulier aux périodes romaine et byzantine. Le volume V des IGLS a paru en 1959. Le corpus de Liftāyā y compte alors 21 inscriptions (n os 2629-2649). Un seul des auteurs, R. Mouterde, fut actif sur le terrain, mais ne put en examiner personnellement que six (n os 2631-2634, 2638, 2649). L'essentiel de l'information provenait en effet de visites faites dans

Key takeaways

  • Cette inscription avait été vue par Gobril Ḫ à 400 m à l'ouest de Liftāyā ḫ 30 .
  • Si ce genre de plaque n'est pas particulièrement rare, des témoignages concordants conduisent à penser que ce document a été apporté de Liftāyā.
  • Celle-ci est gravée dans une tabula ansata à queue d'aronde.
  • Linteau de basalte en remploi comme dallage dans la cour d'une maison ; croix pattée à gauche en bas de l'inscription.
  • Fragment rectangulaire en remploi au plafond d'une maison, décoré d'une croix grecque à gauche, détérioré par une profonde rainure et dissimulé à droite par une dalle de couverture ; l'inscription est Ces quelques lettres correspondent sans doute à un fragment de nom propre ; on ne peut en dire plus et il est risqué de le rapprocher du Νασιος (n o 9).