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Les banquiers de quartier au Sénégal

ì I ' I Parmi les handicaps auxquels se heurtent les petites entreprises dans les pays au Sud du Sahara, l'accès au financement externe occupe une place centrale. Cette diff iculté d'accès au crédit s'explique par l'inadaptation des systèmes financiers formel et informel. Le premier dirige ses fonds essentiellement vers des entreprises ayant atteint une certaine taille, alors que le second finance prioritairement des dépenses à caractère social. En schématisant quelque peu, on dirait que nous sommes en face de deux cultures d'entreprise : celle du milieu formel pratiquant une gestion dite moderne, mais en réalité transférée des pays industrialisés, et celle de l'informel, dans laquelle les considérations économiques et sociales sont étroitement imbriquées. L'une et l'autre sont confrontées aux mêmes problemes, la difficulté d'évaluer le facteur risque et le souci de compenser ce risque par des éléments sécuritaires tels que calcul probabilistebasé sur des informations de type statistique ou non -, garanties et taux d'intérét. Dans le cas du Sénégal, les deux volets de la finance sont à méme de se rapprocher. Loin de prétendre formaliser l'un ou informaliser l'autre, la recherche d'un dénominateur commun entre les deux cultures d'entreprise constitue un défi qui mérite d'être relev6. Pour cela, il ne suffit pas que banquiers et petits entrepreneurs fassent preuve d'imagination et d'un certain goût du risque. Une telle évolution requiert aussi de la volonté politique. Au Sénégal, ces conditions commencent à être réunies. Surliquidité bancaire e t bas de laine e 7 et 8 % du PIB, l'épargne formelle est faible. Dans les villes, seulement 15 % des épargnants déposent leurs économies