2020, Revue Ecole Emancipée
« Ne vous résignez jamais » Nous qui ne sommes pas sans passé les femmes, nous avons notamment Gisèle Halimi dans notre histoire. A sa mort, des hommages ont permis à la jeunesse de connaître son nom, sa mobilisation permanente, son indéfectible besoin de justice ; mais certain-es ont osé en profiter pour remettre en cause le mouvement féministe actuel en arguant du féminisme soit disant non radical, propre et polissé de Gisèle Halimi. A peine était elle partie que son combat était récupéré, ses luttes revisitées, comme si le pouvoir réécrivait le roman national de Gisèle Halimi par peur des mouvements féministes contemporains. A l'écrit comme dans ses plaidoiries, ses interventions télévisuelles ou dans l'assemblée, Gisèle Halimi n'a jamais fait de concessions, elle est restée radicale jusqu'au bout, laissant un livre qui enjoint les femmes à ne jamais cesser de lutter. « La fille c'est moi. Ainsi commence cette aventure. » Ces quelques mots de « La cause des femmes » illustrent la vie-combat de Gisèle Halimi. Elle a défendu le droit à l'avortement et la reconnaissance du viol comme un crime. Avocate et militante, elle a défendu des individus mais aussi des causes, les luttes anti coloniales, la dépénalisation de l'homosexualité, , du Vietnam à l'Algérie, et celle des femmes bien sûr. C'est notamment grâce à elle que le serment des avocat-es a fait l'objet d'une réforme visant à supprimer toute notion d'asservissement et de dépendance à l'égard du pouvoir politique. Ce serment qui contient en substance ce qu'elle a toujours plaidé pour la cause des femmes : « Et je dis aux femmes trois choses, votre indépendance est la clé de votre libération, ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations qui attentent à votre dignité, ne vous résignez jamais. Une foi est tolérable que si elle est tolérante. » Aujourd'hui, c'est encore Gisèle Halimi qui l'a le mieux écrit en 1974 « L'élaboration de la théorie féministe moderne, comme le choix de ses luttes, cela ne peut revenir qu'aux femmes ». A bon entendeur... Ingrid Darroman, Septembre 2020