2017, Revue Ecole Emancipée
Mourir de danser Le mois de Mai 2017 aura vu « 120 battements par minute » gagner un prix du Jury à Cannes, des mobilisations concernant les camps d'enfermement et de torture des LGBT en Tchétchénie faisant écho au silence = mort d'Act Up, une chaîne télé laisser voir une séquence homophobe sans sourciller, une maire de Paris assimiler des ateliers non mixtes à du racisme. La lecture du dernier ouvrage de Philippe Corbé sorti ce même mois apparaît comme une réponse littéraire et politique et comme un cri d'alarme sur l'homophobie ordinaire. Leur histoire, notre histoire. 12 Juin 2016, 49 mort-es au Pulse, Orlando. Si Philippe Corbé, correspondant d'RTL aux Etats-Unis, commence son livre par cet attentat homophobe, son écriture nous raconte bien plus : une histoire de l'homophobie et des combats LGBT aux Etats Unis avec en filigrane son histoire personnelle. Eddie Justice, Shane Tomloson, et tout-es les autres vont accompagner notre lecture ; leurs mères, leurs pères, leurs frères et sœurs et leurs ami-es qui parfois les avaient accompagné-es. Le choix de P Corbé de nommer et raconter chaque victime rend la lecture parfois difficile, la douleur est plus forte à l'évocation des vies volées. « J'irai danser à Orlando » porte un coup à chaque page, à chaque chapitre, et rappelle la lettre d'adieu de Che Guevara à ses enfants : « Soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui dans le monde » finalement pas si éloigné de ce mot du père de l'auteur : « On aurait pleuré ensemble ». On souffre et on peut pleurer tout au long de ces 345 pages.