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Capacitisme (PUF, 2020)

2020, Pensée végane

Abstract

Publié dans Renan Larue (dir.), «La pensée végane. 50 regards sur la condition animale», Paris, PUF, automne 2020. RÉSUMÉ Alors que le spécisme concerne la discrimination fondée sur l'appartenance à une espèce donnée, le capacitisme (ou « validisme ») est la discrimination reposant sur les capacités d'un individu. Il affecte ainsi les personnes ayant un handicap physique et/ou intellectuel. À première vue, combattre le spécisme et combattre le capacitisme devraient aller de pair. Étant donné que nous ne sommes responsables ni des capacités dont nous héritons ni de l'espèce à laquelle nous appartenons, il est injuste que nos droits soient restreints ou niés pour ces seules raisons. Certains penseurs estiment d'ailleurs qu'à sa source même, le spécisme est fondamentalement une forme de capacitisme. Les animaux non humains seraient en effet exclus de la pleine considération morale au motif qu'ils seraient notamment dépourvus de la capacité de raisonner, d'agir moralement ou bien de mener des luttes politiques. Et pourtant, les relations entre le mouvement antispéciste et le mouvement des droits du handicap sont à couteaux tirés et, dans le monde universitaire, les recherches sur ces deux thèmes se sont largement développées en parallèle. C'est seulement depuis quelques années que des penseurs et des activistes cherchent à jeter des ponts entre les deux. Pour plusieurs d'entre eux, les théoriciens et les militants de chacune de ces deux traditions gagneraient à mieux se comprendre. Nous nous proposons ici de rendre compte des tensions entre ces deux champs avant d'examiner les propositions visant à réconcilier leurs approches.