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Herriot et les droites lyonnaises

In Bruno Benoit (dir.), Edouard Herriot en quatre portraits, Presses universitaires du Septentrion, 2020, p. 71-82. Lors du Conseil Municipal du 7 mai 1953, Herriot est pour la dernière fois de sa carrière réélu maire de Lyon. Un peu moins de 2 semaines plus tôt, au terme d'une campagne où les 2 camps se sont ménagés, la liste radicale d'Herriot et la liste modérée de Pierre Montel se retrouvent en situation d'égalité quasi parfaite (les radicaux emportent 7 voix de plus mais un siège de moins 1 ), mettant en échec l'offensive gaulliste de Jacques Soustelle et les communistes. A l'unanimité des 15 radicaux et des 16 modérés, Herriot est élu maire et Montel premier adjoint. Après un demi-siècle, Herriot semble enfin réconcilier les modérés lyonnais. Durant ses 52 ans à la mairie de Lyon, membre puis leader d'un parti radical quoi qu'on en dise situé à la gauche de l'échiquier politique, il entretient en effet des relations complexes et en constante évolution avec les droites lyonnaises, qu'elles soient royalistes, libérales, modérées, ligueuses, ou, après la Seconde Guerre, gaullistes. Si les tensions sont parfois fortes, comme au moment du Cartel ou sous le Front Populaire, Herriot, démissionnaire de la mairie en 1931 après un conflit avec la SFIO., adresse ainsi ce message aux conseillers modérés : Vous m'avez toujours traité avec une courtoisie telle que, tout en restant adversaires politiques, nous pouvons nous considérer comme des amis personnels, ce qui, je crois, est utile et souhaitable dans un régime de liberté 2 . C'est cependant après 1945 que ses relations avec les droites lyonnaises prennent un nouveau tour. Affaiblis, radicaux et droite modérée connaissent un redressement simultané. La conservation du pouvoir municipal implique de plus en plus de composer avec les modérés,