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Nous - Manifeste d'un nouvel humanisme

2020

Ce petit ouvrage dense, clair et accessible veut apporter plusieurs contributions originales à l’éthique et à la philosophie politique. L’ensemble de ces contributions, dans leur cohérence, peut former l’assise d’un nouvel humanisme. La réflexion part du constat que la condition humaine, tissée d’essence et d’existence – de sens et de chose – est à la fois un état et un projet. De plus, le sujet humain est autant un « nous » qu’un « je », autant une personne commune qu’une personne individuelle. Prenant le contre-pied de la lutte du maître et du serviteur de Hegel, l’existence d’un « nous » requiert de mettre de côté la dialectique de domination pour adopter une dialectique de la curiosité. Elle seule permet à soi et à l’autre une reconnaissance mutuelle comme consciences de soi d’égale valeur, ce qui fonde la dignité, la complicité, et un monde commun partagé avec l’autre. Ainsi, l’éthique et le politique reposent sur cet espace du « nous », qui est d’abord un espace « avec ». Penser à la fois le « je » et le « nous » conduit à approfondir et reformuler la formulation de l’impératif catégorique de Kant, en intégrant éthique et politique, respect de l’autonomie des personnes individuelles et de la synomie (syn- : « avec » en grec) des personnes communes. Dans cet esprit, mieux que le modèle du consentement, il faut penser selon le modèle de l’accord pour que le « nous » ne résulte ni de la contrainte ni de la pression. De même, comme toute personne est responsable de ses actes, il convient de mieux penser les responsabilités individuelles et collectives. Sur ce dernier point, l’auteur montre les implications sur quatre aspects importants de nos vies : 1° exiger l’établissement d’un vrai contrat démocratique au lieu des délégations semi-démocratiques actuelles, qui favorisent le mensonge, 2° lutter contre l’intoxication publicitaire et consumériste qui nous donne une fausse image du monde réel, nous harponne sans notre accord et fait pression sur nous, 3° rétablir et renforcer les systèmes de garantie de vérité pour dégonfler l’inflation des affabulations dans le tissus de nos cultures, 4° promouvoir dans le cadre du travail un « nous » humaniste, en décourageant par exemple les techniques délétères de management désincarné. Cet essai, qui se veut un manifeste, se conclut sur une réflexion métaphysique : l’être humain et l’humanité ne sont ni finis ni infinis, mais transfinis, sans cesse à la recherche d’eux-mêmes. Cette situation même est la condition humaine, la vie de nos cultures. Notre devoir est que cette vie s’épanouisse le plus possible et que notre humanitude se densifie le plus possible.