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Condition de l'homme numérique

2018, Revue Philosophique de Louvain

https://doi.org/10.2143/RPL.116.3.3286058

Abstract

Cet article vise à appréhender la condition de l’homme numérique à travers le prisme des catégories introduites par Hannah Arendt dans Condition de l’Homme moderne. L’auteur montre que ces catégories, édifiées par Arendt pour penser la relation homme-monde, se révèlent inadéquates à penser la condition numérique, notamment parce que celle-ci modifie, au-delà de la relation instrumentale avec le monde, la subjectivité elle-même : elle n’impacte pas seulement ce que nous faisons, mais ce que nous sommes, notamment en nous soumettant à ce que l’auteur appelle « le Principe de commodité », principe libidinal qui tend à faire de tout dispositif numérique une extension de soi. Du coup, l’individu est plus arrimé à son médium technologique qu’au monde lui-même. La vie de l’esprit s’en trouve modifiée : le jugement est remplacé par le calcul, la relation de confiance par le raisonnement assuranciel. Toutefois, ces modifications pourraient néanmoins bien confirmer, mais pour d’autres raisons, la prémonition énoncée dans Condition de l’Homme moderne d’une « société d’employés » qui « exige de ses membres un comportement purement automatique ».