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Lors de la seconde moitié du vingtième siècle, notamment aux États Unis, des artistes ont entrepris de faire oeuvre en explorant, avec les outils qu'ils avaient à disposition – essentiellement la voiture et la photographie –, la banalité des bordures de ville et des paysages altérés par l'industrie. Le Choc pétrolier allait à son tour changer la donne et inciter au développement d'une esthétique « environnementale ». Prenant appui sur cette histoire ainsi que sur les oeuvres proposées dans le cadre du projet Port-de-Bouc, Une épopée collective, cette conférence illustrée porte sur les enjeux de la représentation contemporaine du territoire et des récits inventés aux marges de l'urbain.
in magazine Qantara, no 39, IMA, Paris, , 2001
Les jardins historiques de la civilisation arabo-musulmane, disposés selon des règles relativement spécifiques, ont suscité l’imagination de toute une culture. La nature, qui était aux alentours et au cœur des médinas, dessinait autour des remparts historiques le plein verdoyant de cités jardins prestigieuses. Mais à mesure de l’usure du temps, l’étendue des jardins s’est amoindrie. Créations les plus fragiles de tous les monuments d’une civilisation, les jardins ont souffert des outrages de l’histoire. Les exemples conservés nous sont parvenus partiellement altérés dans leur aspect architectural et naturel...
2015
Entretien avec Fabien Truong, par Lionel Francou et Alexis Creten. Fabien Truong est sociologue et ethnographe, docteur en sociologie de l’EHESS et professeur agrégé de sciences sociales à l’université de Paris 8 où il est responsable du master Métier de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation en Sciences Économiques et Sociales. Il enseigne aussi à Sciences Po Paris. Ses recherches portent sur la marginalisation urbaine, la « démocratisation » scolaire, la mobilité sociale, la jeunesse, les classes populaires et la gestion du stigmate dans le temps. Il a notamment publié Des capuches et des hommes. Trajectoires de « jeunes de banlieue » (Buchet-Chastel, Paris, 2013), pour lequel il a reçu le prix de l’Écrit Social en 2014 et Jeunesses françaises. Bac +5 made in banlieue (La Découverte, Paris, 2015). Il codirige avec Stéphane Beaud et Paul Pasquali la collection « L’envers des faits » chez La Découverte.
2018
Pour son 20 e anniversaire, le Centre d'exposition a réfléchi à la place qu'il occupe au sein de l'Université de Montréal en regard de la récente orientation de l'institution vers la recherche création, qui occupe désormais un rôle central dans la vision institutionnelle. Cette voie est d'ailleurs adoptée depuis plusieurs années par les chercheurs et créateurs. Avec ce constat, l'apport souhaité par le Centre d'exposition est de permettre aux chercheurs et aux divers professionnels de l'Université de Montréal d'être en contact avec des artistes visuels, ces créateurs chercheurs par excellence, qui sont peu nombreux au sein de notre institution. Le 40 e anniversaire de l'Observatoire du Mont-Mégantic, lié à l'Université de Montréal et l'Université Laval, nous est apparu comme le bon moment pour leur proposer une résidence d'artistes en recherche création. Ce projet a été accepté avec enthousiasme, et rapidement, les astronomes de l'Université de Montréal associés à l'observatoire et à l'institut de recherche sur les exoplanètes ont ensuite pris les artistes Bettina Forget et Yann Pocreau sous leur aile. Cette résidence a permis à Forget et Pocreau d'approfondir leur recherche : la reconnaissance de l'apport des astrophysiciennes dans la discipline pour Forget et le travail esthétique de Pocreau sur la lumière au coeur de sa pratique depuis quinze ans. Surtout, cette résidence a permis aux artistes d'explorer de nouvelles avenues, des lieux, des technologies et d'initier des échanges avec des chercheurs. Cette exposition rend compte tant du processus de la résidence que des résultats obtenus à l'issue de celle-ci. Elle comporte des traces de recherches, des artéfacts trouvés au sein de l'UdeM, qui ont été le moteur de réflexions, des oeuvres en cours d'élaboration et d'autres finales.
Anthologie Aires de jeux au Japon, Tombolo Presses, 2019
2008
Contribuer par le biais des pratiques pedagogiques a renouveler la recherche architecturale fondamentale et conceptuelle constitue un des paris essentiel pose par la reponse « Jeux d’echelles dans l’urbanisme », tout en visant a eclairer les dynamiques actorielles et spatiales propres aux territoires emergents. Initialement adosse a deux unites d’enseignement pedagogique de projet situes dans deux contextes differents (suisse et francais), le dispositif a des lors constitue l’espace pedagogique en moment d’interactions et d’interferences entre trois mondes fonctionnant suivant des logiques specifiques : professionnel, pedagogique et scientifique. Les objets et terrains retenus auraient pu constituer le principal noyau commun d’echange, de dialogue, de confrontation, de mise en regard respectif et ce faisant evoluer vers un modele du « layers » : par couche successives et comparatives, les postures respectives seraient ainsi venues s’additionner de maniere synchronique ou diachroniqu...
In this note, we will describe the history of the astronomical observations and those of the measurements of the bases of the eight triangles of the Primordial Tunisian Geodetic Network carried out in 1982 in the framework of the works of the modernization of the Tunisian Geodesy started by the Office of Topography and Cartography (OTC).
Aménagement et nature, 1999
Cette contribution a été rédigée une nuit de juillet 1997 en réponse à un « appel à utopie » lancé par le Cercle pour l'aménagement du territoire. Elle avait pour ambition de lancer le débat sur la « ville en continu » et sur la nécessité de penser la ville dans toutes ses dimensions, dans l'espace et dans le temps. L'utopie s'inscrit dans le cadre d'une définition de l'aménagement du territoire proposée il y a de nombreuses années déjà par Eugène Claudius Petit et jamais dépassée depuis : « Recherche (...) d'une meilleure répartition des hommes, des activités et des richesses (...) pour le bien-être et l'épanouissement de la population. ». Un constat. La nuit, dimension oubliée de la ville On connaît et on étudie depuis longtemps la ville diurne. Par contre, on s'intéresse peu à la ville nocturne. Des chantres aussi talentueux que Novalis, Henri Michaux, Georg Trakl, André Breton ou Louis Aragon ont ouvert la voie. Mais rares sont les chercheurs en sciences humaines qui aient trouvé le sujet digne d'intérêt. Mis à part l'ouvrage pionnier d'Anne Cauquelin, la littérature scienti-fique reste bien muette. Cette drôle d'amnésie touche autant les édiles et techniciens de nos agglomérations que les scientifiques. Nulle part la nuit n'apparaît encore comme un enjeu électoral majeur sauf marginalement pour des problèmes de bruit ou de sécurité. Elle est absente des réflexions de prospective et d'aménagement du territoire ou limitée aux nuisances. Seul l'aspect lumière est explicitement pris en compte à travers des Chartes de l'éclairage public. Une injustice Cette absence d'intérêt pour la nuit est d'autant plus injustifiable que d'après David Mac Donald, écologiste du comportement à l'université d'Oxford, l'homme lui doit son existence. Dans sa thèse sur « l'invention des mammifères» 1 , il explique que ces derniers auraient été inventés il y a 65 millions d'années à un moment où le groupe dominant de vertébrés était composé de dinosaures, reptiles à sang froid, menant une vie essentiellement diurne. Une niche restait libre : la nuit. Elle a été occupée par les mammifères, alors essentiellement nocturnes. Ils se sont reproduits, dans un monde toujours dominé par les dinosaures. Jusqu'au moment où, sans doute à cause d'un changement de climat, ces derniers se sont éteints, laissant la place.
Topique, 2006
Distribution électronique Cairn.info pour L'Esprit du temps. © L'Esprit du temps. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Voix contemporaines, 2024
L'article offre une série de ques tion ne ments autour des visages que peuvent prendre les commu nautés urbaines en s'appuyant sur une approche pluridis ci pli naire. Ces diffé rentes commu nautés sont ensuite analy sées à partir d'un cas parti cu lier, celui du double aména ge ment de la place des Terreaux à Lyon opéré en 1994 et en 2019. Le texte revient sur la notion de communautés et de commu nautés urbaines, décrit un contexte -celui de la place de Terreaux -avant d'analyser diffé rentes formes de groupes urbains et leurs fondements. Based on a multidiscip linary approach, the article raises a series of questions about the faces that urban communities can take on. These different communities are then analyzed on the basis of a specific study case, that of the double redevel op ment of Place des Terr eaux in Lyon in 1994 and 2019. The text returns to the notion of communities and urban communities, describes a context -the Place des Terr eaux -before analyzing different forms of urban groups and their foundations. Mots-clés espace public, communautés urbaines, vernaculaire, controverse, écosystème, place publique Keywords public space, urban communities, vernacular, controversy, ecosystem, public square 4. Les communautés urbaines sur la place, analyse des relations entre l'espace et les groupes d'usagers 5. Les conflits entre des communautés urbaines, le cas particulier de l'art public Conclusion TEXT
Burn~Août / Laurel Parker Book, 2021
Vincent Romagny est commissaire d' exposition et professeur de théorie de l'art à l'ENSBA Lyon. Ses recherches portent sur l'histoire des aires de jeux et leur perception dans l'art contemporain. ,
Manuel indocile de sciences sociales, 2019
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Ce projet inédit d'université d'été repose sur l'initiative d'un groupe de jeunes chercheurs en histoire de l'art, représentants des doctorants auprès de l'École doctorale ED 441 et fondateurs de l'A.D.H.A. (Association des Doctorants en Histoire de l'Art de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Articulée autour d'un colloque d'une durée de deux jours, ponctuée de diverses manifestations (visites-guidées, débats, projections) et de rencontres informelles, cette université d'été a pour but de favoriser les échanges, humains et scientifiques, entre jeunes historiens de l'art et archéologues des deux côtés de l'Atlantique, de créer un dialogue doctoral transnational et de dynamiser le rôle des jeunes chercheurs dans la création de nouveaux réseaux de recherche. Nous avons souhaité développer un projet transversal et pluridisciplinaire à l'orientation clairement méthodologique, qui sera porté par les doctorants eux-mêmes. La publication bilingue des actes est prévue. Ce projet s'adresse à tous les doctorants en histoire de l'art (cinéma et photographie compris) et archéologie des institutions partenaires, soit l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Columbia University, Sciences-Po Paris et l'Ecole Polytechnique, sans distinction de médium, de l'Antiquité à nos jours. Du latin phantasma (« fantôme », « spectre ») et du grec ancien φάντασµα , phantasma , (« apparition »), le fantasme semble être la condition première de notre rapport aux images. C'est à partir de ce modèle " fantomal " de l'histoire que nous souhaitons aborder la question du fantasme et de son empreinte sur nos pratiques d'historiens de l'art. Pour la première édition de cette Université d'été, en partenariat avec Columbia University, nous donnerons la possibilité aux doctorants d'un côté et de l'autre de l'Atlantique de dresser la cartographie de leurs propres fantasmagories doctorales, dans un cadre informel qui permette une véritable liberté des échanges et des interactions : dans quels territoires se développent ces phénomènes de projection, d'illusion, d'hallucination ou de fixation fétichiste qui hantent irrémédiablement les approches scientifiques les plus rigoureuses ? Il s'agit de débusquer et d'arpenter, à travers nos pratiques de jeunes chercheurs, les différents espaces dans lesquels se déploie cette question du fantasme en une véritable topographie d'un inconscient à l'oeuvre – que ce soit dans notre rapport à notre propre thèse, à nos pairs, à l'université, aux institutions en général – et, bien entendu, avant tout, aux oeuvres elles-mêmes. Ce thème nous permettra également de croiser les différents regards que les chercheurs français et américains portent les uns sur les autres, tant au niveau des approches, des méthodes et des buts que des mythes et des
Sociétés, 2004
Rulhes Christophe, « Les terrains de la musique » Les classements à l'épreuve du vécu,
Journal des anthropologues, 2008
Je lui ai mis une taloche, je l'ai emmené dans un hall d'immeuble et j'ai sorti un couteau pour lui faire peur. Un autre expliquait qu'il formait au football un neveu plus jeune que lui, qu'il aimait bien et dont il était aimé aussi, mais qu'il adoptait à son égard dureté et sévérité. Il racontait Corps de banlieues
Reuue d'art canadienne, Canadian Aert Review 2 I 1988 -* ;" , 1988
Two sets of tapestries depicting Puttini can be related to the patronage of the Gonzaga family. On his death in 1563, Cardinal Ercole Gonzaga possessed a series of 15 tapestries with Puttini designed by Giulio Romano and woven in the workshop of Nicholas Karcher, probably Dance probably represents, at least in an idealized way, the Villa Gualtiera-Simonetta, Ferrante's residence in Milan. Les Gonzague, seigneurs de Mantoue et de nombreux autres domaines en Italie du Nord, furent des collectionneurs avertis et enthousiastes de tapisseries, surtout pendant là Renaissance. Deux DELMARcEL et BRowN / Les Jeux d'Enfants, tapisseries italiennes et flamandes pour les Gonzague 109 tentures vouées à un même thème, celui desJeux d'Enfants, peuvent illustrer un aspect de leui activité en faveur des arts textilesr.
Parce que notre sens du réel dépend entièrement de l'apparence, et donc de l'existence d'un domaine public où les choses peuvent apparaître en échappant aux ténèbres de la vie cachée, le crépuscule lui-même qui baigne notre vie privée, notre vie intime, est un reflet de la lumière crue du domaine public." Hanna Arendt Condition de l'homme moderne Des territoires urbains en composition Un phénomène singulier marque désormais l'expérience ordinaire du citadin : la traversée de l'espace urbain en musique. Ecouteurs à fleur d'oreilles, l'auditeur-baladeur marche et entend des paysages inouïs qui accompagnent son cheminement. Un accord se créé entre l'oreille et le pas. De nouveaux territoires sonores se composent au fil de cette écoute mobile. En prêtant son corps aux voix du baladeur, l'auditeur transfigure la scène publique et donne une tonalité inédite à l'espace de la rue. Ses pas semblent vouloir nous dire ce que son oreille nous cache. Comment la musique avec écouteurs mobilise-t-elle le pas du marcheur ? Qu'en est-il de cette forme contemporaine de mobilité urbaine ? Comment penser cette microécologie du déplacement dont relève l'écoute au casque ? Jouer du walkman relève d'une tactique urbaine consistant à décomposer la partition territoriale de la ville et à la recomposer par des conduites spatio-phoniques insolites 1 Jean-Paul Thibaud est chercheur CNRS au Laboratoire Cresson UMR 1563 Ambiances architecturales et urbaines, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble / www.cresson.archi.fr
2017
Je remercie spécialement Amélie Arbouin, Thibault Le Texier pour ses conseils et son amitié, Hélène Reigner et Michel Chiappero pour leur confiance et leur soutien. Merci également à Catarina Van der Worp Da Silva pour son aide précieuse. Merci au collectif etc, au Rugby Club Marseillais, à l'équipe enseignante et administrative de l'école des Chartreux pour leur accueil et leur disponibilité. « Tout ce que l'on fait on le fait pour les enfants. Et ce sont les enfants qui font tout faire. Tout ce que l'on fait. Comme si ils nous prenaient par la main. Ainsi tout ce que l'on fait, tout ce que tout le monde fait on le fait pour la petite espérance. » Charles Péguy Le porche du mystère de la deuxième vertu Les premières aires de jeux et leurs fondements théoriques Amsterdam et les 700 aires de jeux de Aldo Van Eyck La séparation des espaces de l'enfant : l'émergence d'espaces de récréations spécifiques 25 De la naissance de l'enfance aux nouvelles pratiques de prise en charge : le XVIII e siècle L'éducation négative « Un long processus d'enfermement » Enfance et gouvernementalité La séparation des espaces de l'enfant aujourd'hui L'aire de jeux à la croisée de l'enfermement de l'enfant et de la séparation du jeu Le néo-libéralisme : une rationalité politique Les skateparks : une parabole de l'enfermement des espaces ludiques ? Les aires de jeux et leur environnement 35 Les aires de jeux dans les parcs dont l'accès est règlementé Des espaces attractifs Des espaces protégés Des démonstrateurs écologiques Une diversité propice au développement de l'enfant Les aires de jeux libre d'accès Les conflits d'usages La réversibilité pendulaire Des conséquences qualitatives Des qualités pour le développement de l'enfant Limites et distribution 47 Les limites des aires de jeux Les limites explicites : la clôture Les limites implicites : l'ouverture Distribution des aires de jeux L'intervention des pouvoirs publics : l'exemple de la Belle de Mai Les initiatives privées au croisement des modifications structurelles Un mode de « gestion partagée » : le Jardin Spinelly Aires de jeux et gentrification L'Aire de jeux : un outil de communication ? Les dispositifs de visibilité Les aires de jeux : un outil de préfiguration L'aire de jeux, un dispositif sécuritaire ? Les aires de jeux : un outil de promotion de la ville gentrifiée Aires de jeux et mutabilité 67 La ville « hypo-signifiante » Jeu et mutabilité La mutabilité Le parc Bougainville : vers la mutabilité ? Jeu, mutabilité et accueil Conclusion 75 Bibliographie 79 7 À chaque nouvelle génération, les enfants représentent une vague de nouveaux arrivants. Ils constituent un danger, mais aussi, en même temps, la continuité de l'espèce. La société doit pouvoir accueillir les enfants en tenant compte de ce qu'ils peuvent amener sans pour autant qu'ils détruisent ce qui a été entrepris et qui fait que le monde tient. L'éducation joue un rôle nécessaire et tout à fait crucial dans cet équilibre : elle permet d'exposer le monde et son fonctionnement aux enfants tout en faisant en sorte qu'ils se l'approprient. Pour Hannah Arendt, l'éducation pose la question du développement de l'enfant et de la continuité du monde. « Cette responsabilité du développement de l'enfant va contre le monde : l'enfant a besoin d'être tout particulièrement protégé et soigné pour éviter que le monde puisse le détruire. Mais ce monde aussi a besoin d'une protection qui l'empêche d'être dévasté et détruit par la vague des nouveaux venus qui déferle sur lui à chaque nouvelle génération. » 1 L'éducateur, entendu au sens large de tous ceux qui acceptent la responsabilité de la geste éducative, doit trouver des solutions à ce problème posé. La séparation de l'enfant est une des solutions communément appliquées, avec, pour corolaire, le jeu, qui apparaît depuis longtemps comme la manière la plus appropriée pour l'enfant d'apprendre et de se conduire dans le monde. À tel point que le jeu a acquis au fil du temps une connotation quasi exclusivement enfantine. Nous savons depuis Johan Huizinga que le jeu est ce par quoi passe la culture. Le jeu n'est pas une forme primitive de culture, mais un moyen pour que celle-ci se déploie. Or, si la culture et le jeu sont intimement liés, nous comprenons l'importance que le jeu revêt dans les processus sociaux, et plus particulièrement dans la socialisation des enfants. Il est d'ailleurs généralement admis que la socialisation joue un rôle central dans le développement de l'enfant. C'est la rencontre avec l'autre qui permet de découvrir le monde en entrant dans le langage. D'un point de vue pratique, on considère trois lieux de socialisation des enfants : la famille, l'école et la rue. Qu'en est-il de ce dernier point ? La rue, ou plus largement les espaces publics, peuvent-ils jouer un rôle éducatif ? Qu'est-il mis en oeuvre pour cela ? Peut-on parler d'une éducation à l'espace public, par l'espace public ? Les aires collectives de jeux sont des espaces éducatifs publics à bas-seuil dans le sens où ils ne souffrent que de très peu de restriction d'accès. Ce sont des espaces particuliers, ouverts à tous et dédiés aux enfants, où le jeu tient une place prépondérante. A priori, ce sont de véritables lieux d'apprentissage, de socialisation, de partage, au sein desquels les enfants sont amenés à se côtoyer, faire des choix, coopérer… Les aires de jeux jouent un rôle essentiel dans le développement des initiatives et des capacités créatrices des enfants. Les parents semblent d'ailleurs de plus en plus sensibles à ces questions, et les pouvoirs publics s'en sont saisis, au point que les aires de jeux sont désormais complètement intégrées aux campagnes de promotion des territoires. Quelques-unes d'entre elles sont le fruit du travail d'agences spécialisées et les collectivités n'hésitent pas à communiquer sur ces « aires de jeux nouvelle génération » : presse, site internet, inaugurations... Des aires de jeux « métropolitaines » sortent de terre ces dernières années dans les grandes villes européennes, installées de plain-pied dans la mondialisation. Nous pouvons citer, entre autres, le travail de l'agence danoise Monstrum, qui réalise des aires de jeux dans toute l'Europe. Cette agence propose des modules uniques, qui racontent une histoire en s'intégrant parfaitement dans l'environnement. Parmi les oeuvres de références de ces concepteurs, il y a l'aire de jeu du parc Gorki, à Moscou, ou encore Odense Zoo à Odense au Danemark. Le Playgroud de Belleville, à Paris, a acquis une renommée nationale. Cet équipement a été réalisé par l'agence de paysage B.A.S.E. Le travail de cette agence est remarquable dans la mesure où il propose des modules totalement intégrés dans leur environnement. Le « Playground » est par exemple adossé à la colline et joue avec le relief. Mais ce travail se démarque aussi du fait qu'il intègre les contraintes imposées par les normes en vigueur pour penser un équipement où l'enfant comprend de lui-même, en fonction de sa taille mais aussi de sa témérité ou de son audace, jusqu'où il peut aller. En l'occurrence, cet espace a été pensé pour que l'enfant ne Plan du Playground de Belleville, Paris (photo B.A.S.E.) Playground de Belleville, Paris (photo B.A.S.E.) 10 Ces aires rayonnent dans l'aire métropolitaine de ces villes et participent à leur notoriété. D'ailleurs, toutes les grandes villes rivalisent afin de proposer des équipements remarquables et novateurs. Lyon a fait appel à l'agence B.A.S.E. pour équiper le site Blandan, Toulouse a installé une aire imaginée par Monstrum derrière le Capitole…
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