Un intérêt nouveau s’observe actuellement pour les ateliers d’artistes, qui présentent une importance matérielle et symbolique forte pour la production des œuvres et l’identité de l’artiste, bien que leurs formes et leurs fonctions aient évolué depuis le XIXe siècle, contribuant à renouveler l’imaginaire de ces lieux. Ces espaces de création, qui intéressent l'architecture, l'histoire et la sociologie de l'art, ou encore la géographie, invitent à une approche interdisciplinaire, permettant de cerner leur singularité. En Belgique et à Bruxelles en particulier, les différentes dimensions de l’analyse des ateliers appellent à investigation. Les ouvrages publiés sur le sujet relèvent pour la plupart de publications à vocation documentaire ou touristico-patrimoniale . L’inventaire patrimonial réalisé par la Région comporte des informations utiles pour certains ateliers, mais il souffre d’un état d’achèvement incomplet, en plus de l’absence de documentation de la vie artistique qui s’y tenait et de leurs éventuelles transformations ultérieures. Sur le plan scientifique enfin, les études pionnières réalisées par deux des organisatrices de la journée ont posé des jalons qui permettent aujourd’hui d’élargir les réflexions et d’envisager de nouvelles approches à l’étude des ateliers d’artistes en Belgique. La thèse de Linda Van Santvoort (UGent) recensait et documentait quelque nonante ateliers du XIXe siècle à Bruxelles, dans une perspective d’inventaire et de sauvegarde patrimoniale. Celle de Tatiana Debroux (ULB) retraçait la géographie des lieux de résidence et de création des plasticiens bruxellois, mise en parallèle avec les dynamiques urbaines historiques et contemporaines. La journée abordera dans leur complexité les liens tissés entre les artistes, leurs pratiques et leurs espaces de travail, et l’inscription de ceux-ci dans leur environnement, à travers le prisme des ateliers en Belgique. En adoptant un regard historicisé – un siècle durant lequel le statut des artistes n’a cessé d’évoluer – nous souhaitons poser la question de la construction matérielle et symbolique, et de l’occupation de lieux pensés comme ateliers ou redéfinis comme tels, et de leur mode d’intégration dans la ville. La perspective pluridisciplinaire des interventions proposées par les intervenants nourrira une réflexion exploratoire sur la diversité, les modèles, les permanences et les transformations des ateliers en Belgique. Grâce à la contribution de Rachel Esner (Universiteit van Amsterdam), nous ouvrirons également l’objet « atelier » à d’autres approches et d’autres territoires dans le but d’enrichir nos perspectives et de nourrir de futures collaborations.