Il est intéressant d'analyser comme l'a fait Dominique Cotte [2002], l'approche néophyte des pages Web. Son observation qualifiée par lui de « sauvage », a porté sur environ 200 stagiaires dans le cadre d'une vingtaine de sessions de formation à l'initiation à la recherche d'information sur Internet. Cette population provenait d'un même univers : celui de la presse écrite (rédacteurs en chef, journalistes, graphistes, documentalistes, etc.). A travers la récurrence des internautes débutants, Cotte en a dégagé une véritable typologie des erreurs, des hésitations, des réflexions. Le concept le plus approprié pour caractériser l'attitude générale de ces débutants est celui de désorientation. Cela signifie que l'hésitation est la règle et que la construction par les sujets de leurs propres repères se fait malaisément en raison de la nature polysémiotique des sites et des textes Internet. Le Web ne se laisse pas lire sans difficulté : il est à la fois outil et document, texte et dispositif de navigation, architecture et contenu. Sa manipulation exige un apprentissage. On arrive en effet devant un écran sans repères connus alors que toutes les composantes d'un site empruntent à chaque fois à des objets communicationnels déjà définis : texte et images, mosaïque de la page, formats de listes. Cette complexité ne correspond pas au cadre habituel des supports de lecture.[COTTE 2002]