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La licéité du forced ranking en droit suisse du travail

Abstract

La licéité du « forced ranking » en droit suisse du travail Le « forced ranking » (« rank and yank », « forced distribution », « vitality curve », parfois : « recommanded ranking ») est une méthode d'évaluation qui classe les travailleurs en catégories (p. ex. « bons » devant être promus, « moyens » et « mauvais » devant être licenciés) et oblige l'évaluateur à atteindre un certain quota par catégorie. Cette méthode est surtout en vogue dans les grandes entreprises anglo-saxonnes. En sus de quelques considérations sur l'évaluation des prestations du travailleur par l'employeur en droit suisse du travail, l'au-teur se penche sur les effets et la licéité de cette méthode d'évaluation. Catégories d'articles : Contributions Domaines juridiques : Droit du travail Proposition de citation : Jean Christophe Schwaab, La licéité du « forced ranking » en droit suisse du travail, in : Jusletter 4 juillet 2016 ISSN 1424-7410, http ://jusletter.weblaw.ch, Weblaw AG, [email protected], T +41 31 380 57 77

Key takeaways

  • Cette méthode peut aussi mener les cadres à perdre un temps considérable à négocier des faveurs avec leurs pairs dans le but d'améliorer leur propre évaluation ou de se répartir les mauvaises notes devant être attribuées pour que les quotas soient respectés.
  • Une évaluation qui porte sur le « savoir-être » des salariés et qui conclut à ce qu'un travailleur doit « modifier sa personnalité » ou, dans le cas du forced ranking, le pousse à s'adapter pour recevoir une bonne note, n'est certainement pas compatible avec l'obligation de protéger la personnalité 22 .
  • L'évaluation « par les pairs » est donc à éviter si les pairs n'ont pas été formés pour évaluer, à plus forte raison si leur façon d'évaluer leurs collègues a un impact sur leur propre évaluation, ou sur leurs propres conditions de travail et de carrière.
  • Les salariés concernés par une évaluation forcée peuvent, à ce titre, exiger la correction des données inexactes, en particulier la correction de l'évaluation afin d'être classés dans la bonne catégorie (art.
  • Les études qui se sont penchées sur ses conséquences parviennent en outre à la conclusion que, outre ses effets économiques peu convaincants, voire totalement négatifs à terme, cette méthode est propice aux discriminations et au mobbing et doit dont être bannie en raison de l'obligation de l'employeur de protéger les travailleurs.