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Relecture de quelques cas de dynamiques mémorielles (ancien combattants d'Algérie, mineurs, réfugiés palestiniens, rescapés du génocide rwandais, juifs éthiopiens, Centrafricains) et de la relation entre mémoire et configuration politique.
Revue française de psychanalyse, 2013
Maurizio Balsamo Fidélité et infidélité de la mémoire Livio arrive à notre première séance en me communiquant immédiatement une sensation de surprise et d'incertitude. Il s'assied et reste longtemps là sans rien dire, en me souriant, mais d'un sourire inexpressif, indifférent, immobile. Je lui demande s'il peut me parler des raisons qui l'ont poussé à me demander un rendezvous ; il évoque, avec peine, des « voix » qu'il entend, des statues sombres dans le couloir de son appartement qui essaient de se saisir de lui, des nuits troublées par des bruits infernaux, et le fait que chez lui, ça hurle sans arrêt. Puis il se tait, et il reste là à m'observer, en souriant tout le temps. Je reste là moi aussi, et je le regarde, je suis perplexe après avoir entendu ces maigres fragments, mais surtout à cause de cette rencontre qui ne me semble guère prometteuse, et dont les premiers échanges me semblent dénoter une lutte féroce entre le besoin de se confier et des vécus de possession, des sentiments angoissants d'aliénation et de paralysie. Il ajoute qu'il prend de l'héroïne, et puis il continue à me regarder fixement, toujours en souriant. Je réfléchis, j'écoute les quelques mots qu'il me dit, mais je me rends surtout compte que c'est un patient que je ne veux pas accepter, car je suis conscientau moins à un premier niveau de réflexion-des efforts énormes qu'un travail avec lui exigerait de moi. Je continue à réfléchir, à part moi, à la façon de lui communiquer, éventuellement, mon refus, mais je reste quand même dans l'attente. Ce conflit entre accepter et repousser est si intense qu'il me détache de la situation et qu'il avive tellement mon intérêt, dans un mouvement autoérotique de narcicisation, qu'il me permet de recommencer à penser. Je me demande ce qui se présente sur la scène historique et relationnelle que nous sommes en train de vivre : je peux penser, bien entendu, à de violents mouvements d'expulsion de la rencontre que je vis comme par procuration, à des phénomènes d'identification projective, à des angoisses du contact que je prends en charge, pour des raisons personnelles et relationnelles, en laissant à l'arrière-plan, car c'est seulement les jours suivants que feront leur apparitionpeut-être même comme trace d'une fonction antitraumatiquedes questions sans réponse : en quoi ce que j'ai vécu à ce moment-là peut-il s'apparenter à une scène de véritable possession, ou de migration de processus archaïques ? Et comme le conflit vers le rejet est vraiment intense, et que mes vécus m'intriguent, je décide de poursuivre nos séances. Quelques mois plus tard, le patient révèle par petites touches, qui montrent en filigrane son interrogation sur le sens de cette histoire, que sa mère lui a fréquemment racontéen lui proposant
Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies
This article begins with a presupposition regarding Ricœur’s approach to memory and forgetting in Memory, History, Forgetting. His reflections on “just memory” occur within a French political landscape that suffers from “commemorative bulimia,” as Pierre Nora put it in Les lieux de mémoire (Realms of Memory). The article contrasts the opposition to the import of subjective emotions from a rigorous scientific conception of memory (Nora), with living memory as the transcendental condition of our relationship to the past (Ricœur). This confrontation underscores the ethical dimension of the politics of memory and of the collective practices of forgetting and amnesia. According to Ricœur, Freud’s hypotheses concerning trauma and mourning should serve as the best suited model for a task that aims for a just historical narrative.
L'Année balzacienne, 2007
Lors du dîner qui occupe pour une bonne part le deuxième chapitre du Côté de Guermantes II, le duc et la duchesse s'efforcent d'orienter la conversation sur des sujets littéraires ou, du moins, élevés car ils sont persuadés qu'ils mettront ainsi à l'aise le jeune héros, admis pour la première fois dans le cercle de leurs relations.
Livio arrive à notre première séance en me communiquant immédiatement une sensation de surprise et d'incertitude. Il s'assied et reste longtemps là sans rien dire, en me souriant, mais d'un sourire inexpressif, indifférent, immobile. Je lui demande s'il peut me parler des raisons qui l'ont poussé à me demander un rendez-vous ; il évoque, avec peine, des « voix » qu'il entend, des statues sombres dans le couloir de son appartement qui essaient de se saisir de lui, des nuits troublées par des bruits infernaux, et le fait que chez lui, ça hurle sans arrêt. Puis il se tait, et il reste là à m'observer, en souriant tout le temps. Je reste là moi aussi, et je le regarde, je suis perplexe après avoir entendu ces maigres fragments, mais surtout à cause de cette rencontre qui ne me semble guère prometteuse, et dont les premiers échanges me semblent dénoter une lutte féroce entre le besoin de se confier et des vécus de possession, des sentiments angoissants d'aliénation et de paralysie. Il ajoute qu'il prend de l'héroïne, et puis il continue à me regarder fixement, toujours en souriant. Je réfléchis, j'écoute les quelques mots qu'il me dit, mais je me rends surtout compte que c'est un patient que je ne veux pas accepter, car je suis conscientau moins à un premier niveau de réflexion -des efforts énormes qu'un travail avec lui exigerait de moi. Je continue à réfléchir, à part moi, à la façon de lui communiquer, éventuellement, mon refus, mais je reste quand même dans l'attente. Ce conflit entre accepter et repousser est si intense qu'il me détache de la situation et qu'il avive tellement mon intérêt, dans un mouvement autoérotique de narcicisation, qu'il me permet de recommencer à penser. Je me demande ce qui se présente sur la scène historique et relationnelle que nous sommes en train de vivre : je peux penser, bien entendu, à de violents mouvements d'expulsion de la rencontre que je vis comme par procuration, à des phénomènes d'identification projective, à des angoisses du contact que je prends en charge, pour des raisons personnelles et relationnelles, en laissant à l'arrière-plan, car c'est seulement les jours suivants que feront leur apparitionpeut-être même comme trace d'une fonction antitraumatiquedes questions sans réponse : en quoi ce que j'ai vécu à ce moment-là peut-il s'apparenter à une scène de véritable possession, ou de migration de processus archaïques ? Et comme le conflit vers le rejet est vraiment intense, et que mes vécus m'intriguent, je décide de poursuivre nos séances.
Égypte/Monde arabe, 1999
Éditeur CEDEJ-Centre d'études et de documentation économiques juridiques et sociales
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021
Publié en 2013, Sur la scène intérieure surgit de manière impromptue pour le lecteur familier de l'oeuvre de Marcel Cohen qui, depuis les années 1980, s'adonne surtout à une écriture fragmentaire et impersonnelle, du Grand paon-de-nuit aux trois premiers volumes de la série des Faits. Avec Sur la scène intérieure, l'écrivain se lance dans une enquête sur les traces de sa famille déportée, adoptant une forme qui, à côté de la fiction, est devenue l'unique moyen de questionner un événement qui n'a pas été vécu directement, comme l'avaient fait Patrick Modiano dans Dora Bruder (1997), Daniel Mendelsohn dans Les Disparus (2006), Lydia Flem dans Lettres d'amour en héritage (2006), Marianne Rubinstein dans C'est maintenant du passé (2009), Ivan Jablonka dans Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus (2012) et comme le fera aussi Hélène Cixous avec Gare d'Osnabrück à Jérusalem (2016). Biographies incomplètes des disparus et autobiographies obliques de celui qui raconte, ces enquêtes sondent la disparition et mettent le plus souvent en scène leur démarche d'investigation. Mais la rupture qui s'inaugure avec Sur la scène intérieure n'est peut-être pas si radicale qu'elle pourrait le paraître. Un lecteur attentif aura 1 Marianne Rubinstein en particulier signale le rôle de déclencheur qu'a joué pour elle Les Disparus de Mendelsohn dans C'est maintenant du passé (Paris, Verticales, 2009, p. 290).
Revue germanique internationale, 1999
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée. Tous droits réservés Oubli, mémoire, histoire dans la «Deuxième Considération inactuelle» JACQUES LE RIDER La temporalité individuelle et les représentations culturelles du temps sont fondées sur une bonne économie de l'oubli et de la mémoire. Le bel ouvrage de Harald Weinrich sur l'histoire intellectuelle de l'oubli, Lethe 1 , fait contrepoids aux abondantes recherches sur la mémoire et la transmission. Il commence par l'analyse du passage du De oratore de Cicéron où Simonide, resté célèbre pour son invention d'une mnémotechnie, vient consulter le grand Thémistocle pour lui demander de lui enseigner l'art de la mémoire parfaite. Thémistocle lui répond qu'il se soucie fort peu d'acquérir l'art de la mémoire : il préférerait, dit-il, apprendre à oublier ce qu'il voudrait oublier, posséder l'art de l'oubli (ars oblivionis) plutôt que l'art de la mémoire (ars memoriae). Thémistocle souhaitait, commente Cicéron, se débarrasser de toutes ces choses vues et entendues qui encombraient sa mémoire, car rien de ce qui entrait dans son esprit ne pouvait en sortir. Plutarque confirme que Thémistocle se rappelait par exemple le nom de tous les Athéniens qu'il rencontrait. En somme, ses excellentes qualités de mémoire étaient poussées jusqu'à un paradoxal excès : même ce dont il ne voulait pas se souvenir, il se le rappelait, mais ce qu'il voulait oublier, il n'arrivait pas à le faire sortir de sa mémoire. Yosef H. Yerushalmi, dans sa contribution au Colloque de Royaumont « Usages de l'oubli », en 1987, commençait par un apologue fort suggestif. Il soulignait que la condition moderne se caractérise par deux maux présents simultanément : l'atrophie de la mémoire et l'hypertrophie de l'histoire. Les médias planétaires, la mode, l'impératif de dépassement perpétuel que les avant-gardes imposent aux « modernes » sont autant d'exemples de ce paradoxal alliage de l'historicisme et de l'amnésie. L'information en temps réel et l'accumulation des archives transforment le temps présent en « histoire immédiate » : toute « actualité » devenant de
Recherches en Psychanalyse, 2009
La psychanalyse met en évidence une mémoire spécifique, une mémoire de l’oubli, en ce sens que les événements décisifs qu’elle enregistre sont complètement oubliés par le sujet, jusqu’à ce que la cure psychanalytique les fassent resurgir. Elle est la seule à ne pas subir le dommage du temps qui passe. Ainsi l’inconscient de Freud n’est pas celui des neurologues. Psychoanalysis emphasizes a specific type of memory, the memory of the forgotten, in the sense that before the psychoanalytic cure brought about their reemergence, the decisive events it records had been completely forgotten by the subject. Thus, psychoanalysis is the only discipline not to suffer from the damage of passing time and in this sense, Freud’s unconscious is not the unconscious of neurology.
Jeu Revue De Theâtre, 1996
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2005
a partir de deux etudes de recueil de la memoire des femmes dans le cadre d'une commande museographique sur leur role et leurs metiers dans la societe portuaire et la societe miniere du XXe siecle, l'article fait le point sur les consequences sociales et individuelles liees a la restitution, a la valorisation et a la mise en visibilite d'une memoire sociale du travail restee jusqu'alors invisible.
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Concevoir les continuités, 2008
Presses du Réel, 2014
NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie, 2009
In F. Buschini & N. Kalampalikis (Eds.), Penser la vie, le social, la nature. Mélanges en l’honneur de Serge Moscovici (pp. 467-481). Paris, Éditions de la FMSH., 2001
Revue critique de fixxion française contemporaine, 2020
"Les paradigmes du temps", 2015
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017
Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 2018
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2015