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Réparer notre monde

Abstract

Dans La vie devant soi1 d’Émile Ajar-Romain Gary (1975) et son adaptation filmique par Moshe Mizrahi, sous le titre de Madame Rosa2 (1977), la Seconde guerre mondiale et le génocide des Juifs sont remémorés, mêlés à des évocations de la guerre d’Algérie. Le roman et, à sa suite, le film mettent en scène un phénomène relationnel et tout en même temps mnésique : ils tissent dans leur narration et dans leur énonciation une relation d’interdépendance entre une femme devenue adoptive et un enfant devenant l’adoptant. Nourri par l’affection que se vouent l’un l’autre cet enfant d’une prostituée algérienne et cette ancienne prostituée juive, le lien entre ces deux êtres est d’autant plus fort qu’il se déroule dans un présent sous tension. La vieille femme, rescapée d’Auschwitz, est terrorisée par son passé, un « retour de mémoire » traumatique de la menace nazie. L’enfant-adolescent se trouve quant à lui assailli de questionnements sur son avenir. Ce présent est mis en scène et territorialisé dans un « ici » précis : le quartier de Belleville où vivent des gens pauvres, des immigrés, des marginaux.