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Langue, vision du monde et dynamique identitaire

Abstract

Cet article interroge les rapports entre langue, vision du monde et identité. Il cherche notamment à comprendre d’abord, dans quelle mesure l’apprentissage d’une autre langue, implique l’intégration d’une nouvelle culture; ensuite, à supposer qu’il y a effectivement, parallèlement à l’appropriation d’un nouveau code linguistique, assimilation d’une nouvelle culture, si celle-ci, définissant une autre manière de voir le monde, procure une nouvelle dynamique identitaire.

Key takeaways

  • De ce point de vue, il convient de se demander, et c'est à cette question que tentera de répondre cet article, si en contexte d'apprentissage d'une langue étrangère, à la problématique d'appropriation d'un nouveau code linguistique, s'ajoute nécessairement l'intégration d'une nouvelle culture, définissant une autre manière de voir le monde, i. e. somme toute, une nouvelle dynamique identitaire.
  • Depuis les travaux, au début du vingtième siècle, d'Edward Sapir (Sapir, 1953) et Benjamin Whorf 1 (Whorf, 1969), dont notamment l'«hypothèse Sapir-Whorf» et son corollaire, le double relativisme linguistique et culturel, qui passent pour constituer l'acte de naissance d'une véritable science anthropologique, à la croisée de l'ethnologie et de la linguistique, le fait est que, véritablement, une langue constitue une certaine analyse de l'expérience, une certaine vision du monde et que, à ce titre, elle procure à ses locuteurs une sorte de prisme à travers lequel ils sont tenus à une certaine représentation de la réalité.
  • Elle est la somme, pour un individu, à un moment T, des représentations qu'il se fait de lui-même et du monde.
  • Or, cette culture commune n'est pas apprise, dans le cadre d'une démarche planifiée et coordonnée ; elle est acquise : les locuteurs natifs l'acquièrent au terme d'une forte et longue « prégnance » (Lafontant, 1995, dans le contexte social qui lui est naturellement propre, à travers contacts quotidiens, échanges, rapports à l'Autre, etc.
  • Ceci dit, quand bien même un locuteur non natif, sous l'effet de rapports, contacts et échanges permanents avec les natifs -côtoyant, ainsi, les normes qui réglementent, de manière spécifique, à l'intérieur du groupe social, leur comportement, les uns vis-à-vis des autres, s'imprégnant, de la sorte, de leur mode de vie-passe pour avoir intégré leur culture et, donc, pour s'être approprié leur vision du monde, il n'en acquiert pas, pour autant, leur identité -une identité autre, qui viendrait s'ajouter à la sienne propre, ou la supplanter.