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Une historiographie à construire 1 Nous assistons, depuis quelques années, à l'émergence et à la formation d'un nouveau point de vue théorique sur la communication, point de vue cognitif qui attire l'attention sur les représentations mentales et les opérations cognitives qui accompagnent la communication. S'interroger sur la place et l'importance de ce mouvement pour le développement des sciences de la communication demanderait que l'on reconsidère des points de vue épistémologique et historiographique, la constitution et l'évolution de ces dernières. Nous ne disposons cependant aujourd'hui que de peu de recherches de ce type sur lesquelles nous appuyer. Aussi les quelques éléments que nous proposons ici doivent-ils être considérés pour leur valeur programmatique. Dans notre présentation, nous ne nous tiendrons pas à une stricte chronologie, ce que le lecteur, au vu de nos premiers arguments, comprendra certainement. Pour faire bref, nous avancerons l...
La sémiotique, qui s'est érigée comme un des paradigmes dominants en sciences sociales et humaines durant les années soixante-dix, et que l'on pourrait définir comme la science générale des signes, de leur identifi-cation et de la détermination des lois de leurs agencements (pour parap-hraser Foucault), se trouve à l'heure actuelle confrontée à l'émergence d'un nouveau paradigme scientifique qui s'est développé durant la der-nière décennie, à savoir les sciences cognitives. Notre but ici n'est pas d'examiner la sémiotique en tant que théorie générale de la signification mais d'explorer quelques implications de celle-ci pour l'étude de la cogni-tion. Une des stratégies importantes de la sémiotique a été de développer le concept de narrativité, un des principes d'organisation d'un grand nombre de discours. Pour la sémiotique greimassienne, par exemple, la narrativité généralisée est considérée comme le principe organisateur de tout disco...
Pour bien comprendre la sémiotique narrative de Greimas, il importe de rappeler que cette théorie plonge ses racines dans la théorie sémantique de l'auteur, dont les fondements se donnent à lire dans Sémantique structurale (Greimas 1966). Ce livre fondamental cherche à poser les bases scientifiques de la sémantique des mots en particulier et des processus de signification dans la société et dans la culture en général. Bien que les ambitions de Sémantique structurale soient essentiellement d'ordre linguistique, la recherche menée dans ce livre se distingue doublement de la linguistique telle qu'elle était pratiquée à l'époque par les partisans de la grammaire transformative-générationnelle de Chomsky. D'abord, parce que Greimas opte pour une théorie grammaticale dont la portée excède de loin celle de la seule phrase. De là son intérêt très prononcé pour la manière dont se crée la cohérence plus large entre phrases et même à l'intérieur d'un texte complet. Ensuite parce que, à la différence de la plupart des autres modèles de la grammaire du texte, qui privilégient fortement le critère syntactique, le point de départ de Greimas est explicitement sémantique. Greimas refuse d'expliquer la cohérence textuelle à partir de phénomènes syntactiques de surface (comme par exemple les termes de coréférence ou encore les pronoms). Il postule par contre que la cohérence textuelle se fonde, d'une part, sur la répétition continue de certaines composantes sémantiques et, d'autre part, sur la manière dont un texte est pour ainsi dire généré par un nombre limité d'axes sémantiques (que Greimas conçoit toujours en termes d'oppositions fondamentales). A cet égard, c'est surtout la notion d'isotopie qui s'impose à l'attention. Les isotopies, qui indiquent la répétition de certains éléments sémantiques ou grammaticaux, sont une condition nécessaire non seulement à la cohérence d'un texte mais aussi et surtout à l'établissement du sens même à l'intérieur d'un texte ou d'un fragment textuel. De la même façon, la notion d'isotopie est très utile pour rendre compte de certains phénomènes stylistiques comme la métaphore, le calembour ou l'ambivalence, que Greimas analyse en termes d'interaction isotopique et de poly-isotopies.
Recherches en Communication
Cet essai introduit à une sémiotique en contact avec les sciences cognitives, notamment la linguistique, la sémantique et la poétique cognitives. Il propose une nouvelle interprétation du concept de signe, du fonctionnement de la métaphore et de la métonymie, et du blending en théorie des espaces mentaux.
Signata, 2010
Il n'y a pas de sémiotique de la connaissance. La connaissance n'est pas, pour la sémiotique, un champ constitué à l'instar du champ des images, des médias ou du récit sur lequel elle applique ses méthodes et ses vues. Ce n'est pas l'ampleur du champ qui pourrait l'efrayer-les autres champs ne sont pas a priori moins larges. Ce n'est pas non plus son indétermination ; au contraire, s'il y a bien un service que l'on peut attendre de la sémiotique, c'est qu'elle contribue à déterminer les champs sur lesquels elle se porte. C'est plutôt que la connaissance paraît être coalescente au domaine sémiotique lui-même. Il n'y a pas de sémiotique de la connaissance comme il n'y a pas de petites économies : car toute sémiotique a sans doute à voir, d'une manière ou d'une autre, avec la connaissance. Les déinitions les mieux reçues de la sémiotique le donnent immédiatement à penser. Qu'elle soit déinie comme la « doctrine quasi nécessaire ou formelle du signe » (Peirce 1978, p. 120) ou comme « théorie de la signiication » (Greimas & Courtés 1979, p. 345), il est diicile de ne pas voir que toute connaissance implique directement des signes et de la signiication. Et, si l'on fait remarquer qu'à ce titre n'importe laquelle des sciences humaines pourrait se donner comme une doctrine du signe et une théorie de la signiication, préciser que la sémiotique s'occupe, quant à elle, plus spéciiquement des « conditions nécessaires de la manifestation du sens » (Greimas 1970, p. 10) ne fait que rapprocher la sémiotique, en ce geste rélexif sur les conditions, d'une théorie de la connaissance 1. La sémiotique est en
Cygne noir, 12, 2024
Cet article examine le concept d’idéologie sémiotique et ses implications. L’idéologie sémiotique réfère aux présuppositions qu’ont les gens à propos de ce que sont les signes, leurs fonctions et les conséquences qu’ils peuvent engendrer. Ces présuppositions varient selon les contextes sociaux et historiques. Toutefois l’idéologie sémiotique comme telle n’est pas une sorte de fausse conscience, ni non plus quelque chose que certaines personnes ont et que d’autres n’ont pas. Plutôt, l’idéologie sémiotique manifeste la réflexivité inhérente à la capacité générale qu’ont les humains à faire usage des signes. Elle rattache les processus sémiotiques généraux à des jugements de valeur éthiques et politiques spécifiques : interpréter un signe d’une certaine manière revient à prendre au sérieux le monde qu’il présuppose et, souvent, la vie que ce monde recommande. Deux exemples montrent comment l’attention portée aux idéologies sémiotiques permet de mieux comprendre l’articulation des processus sémiotiques généraux avec des processus sociaux, culturels et politiques particuliers. L’analyse de classe sociale permet de montrer certaines implications politiques des idéologies sémiotiques. Les affrontements sur le statut de signes religieux révèlent les implications ontologiques et éthiques des idéologies sémiotiques, et vont parfois jusqu’à remettre en cause l’existence même de l’objet des signes en question. De tels processus sémiotiques confèrent à l’existence sociale une bonne part de son caractère construit, incertain et conflictuel. Publication originale anglaise (États-Unis) : « On Semiotic Ideology », Signs and Society, vol. 6, no 1, 2018, p. 64-87. DOI : 10.1086/695387. Traduction : Simon Levesque & Félix Danos.
Horizons philosophiques, 1991
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Acta Structuralica
Apparier, pour les comparer, la phénoménologie et le structuralisme prête le flanc à des objections gnoséologiques. Quand même leurs contours admettent un certain flou de part et d'autre, on saurait difficilement mettre sur un pied d'égalité un projet disciplinaire comme s'est pensé la phénoménologie à partir de Husserl et le dessin interdisciplinaire, composé après coup, qui a rassemblé dans le structuralisme des pensées inspirées par des éléments de méthode issus de la linguistique structurale. Certes, on a pu faire correspondre la figure doctrinale du structuralisme avec un paradigme théorique au sein de l'histoire de la linguistique elle-même 1 , mais l'on voit bien combien le point de vue rétrospectif commande ici. Si le dessin interdisciplinaire du structuralisme a pu se concrétiser sous forme de projet disciplinaire, c'est au bénéfice de la seule sémiotique 2 , tout au
Communication au Symposium Le Sens langagier du musical. Sémiosis et hermenéia, Aix-en-Provence, 15-16 mai 1998. Version publiée : Le Sens langagier du musical, B. Vecchione et Ch. Hauer éd., Paris, L’Harmattan, 2009, p. 187-196. L'autonomie de la sémiotique, l'absence de référence mondaine, est une condition nécessaire d'une sémiotique musicale. L'article discute d'abord la question de l'isotopie de l'expression, qui enregistre des itérations in presentia, plutôt que des références au monde. Il examine ensuite le carré sémiotique, tentative vaine d'autonomiser la sémiotique. Il conclut par quelques réflexions sur le sens hermétique.
Jacques François (Hg.), Grandes voies et chemins de traverse de la sémantique cognitive (Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, N.S., 18), 103–145., 2010
Philosophiques, 2000
Résumé Je défends la classification carnapienne des disciplines sémiotiques en montrant qu'elle permet de caractériser adéquatement la nature de la pragmatique. J'indique, en particulier, comment une notion de système pragmatique pourrait être développée par analogie avec celles de système syntaxique et de système sémantique.
1998
Le projet de fonder une theorie generale de l’image a de tous temps hante des disciplines telles que la philosophie, la psychologie ou les sciences du langage. Mais qu’estce qu’une image ? En circonscrire le concept a travers ses differents domaines d’application et proposer une typologie des images ne semblent pas chose aisee. J.J Wunenburger qui s'est essaye recemment a tracer l'arbre genealogique de la « famille des images ”2, rappelle tout d’abord les fluctuations semantiques du terme et, a partir des diverses etymologies, les multiples designations que l’on connait aujourd’hui : image, icone, idole, fantasmes, etc. La polysemie du terme et la diversite des realites qu’il designe interdisent de fonder serieusement cette entreprise sur la seule analyse de l’image mentale et de ses rapports a la perception.
Vers une sémiotique anthropologique ? Gustave Chpet : actualité de sa pensée ►Remarques préliminaires : cadre méthodologique, contexte culturel et actualité scientifique En Russie, on a toujours eu du mal – plus de mal qu'en Occident – à se cantonner dans un domaine du savoir, et par voie de conséquences à délimiter de nouveaux domaines, à placer les découvertes, issues de l'ouverture à différentes disciplines, dans un cadre nouveau et strictement délimité, susceptible de donner lieu à un nouveau domaine du savoir, distinct des autres et apte à se développer de façon séparée. Nous ne voulons pas parler ici de la littérature, des écoles ou des théories littéraires ou artistiques (bien que celles-ci aient entretenu des liens plus ou moins étroits avec le développement des autres domaines du savoir) mais plus précisément des sciences humaines et même, dans certains cas, des sciences dures. Ce fait culturel est particulièrement clair à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, où, dans le domaine des sciences humaines, la Russie s'ouvre aux domaines du savoir, apparus en Occident, et participe à leur développement, mais où les chercheurs russes ont du mal à rester dans le cadre d'une science déterminée, et privilégient l'ouverture aux autres domaines, le travail sur des données issues de perspectives différentes. Cependant, ce qui pourrait sembler une lacune peut finalement s'avérer un désavantage. Ce positionnement méthodologique initial, correspondant à une « interdisciplinarité spontanée », est finalement producteur d'innovations et même de découvertes scientifiques. Ainsi en est-il, par exemple, de la sémiotique qui, repensée à la lumière des apports de Gustave G. Chpet, peut nous apparaître, dans une perspective comparative de confrontation avec les théories développées en Occident, comme une ouverture à ce que nous pourrons appeler une « sémiotique anthropologique. Déjà, dans son Istorija russkoj semiotiki [Histoire de la sémiotique russe], publié en 1998 à Moscou, G.G. Potcheptsov a tenté de montrer la participation des chercheurs russes au développement de la sémiotique ; ce faisant, il ne se référait à aucune science qui se serait développée en Russie de façon progressive et continue, mais il allait chercher, dans différents domaines du savoir (y compris d'ailleurs, la poésie, la littérature, l'art et le théâtre), des éléments pouvant témoigner de la participation à l'évolution de cette science. C'est le phénomène humain en tant que tel qui lui servait de base, constitutif de la culture par donation de sens et reproduction, dans tous les domaines du savoir, d'une structure archétypale s'ancrant dans l'être-au-mode et l'être-à-la-langue de l'homme. En rapport avec notre sujet, il est intéressant de remarquer que la présentation qui y est faite de certains aspects de l'oeuvre de Gustave Chpet (1879-1937) 1 est particulièrement juste et pertinente, et correspond à la
2012
Le présent numéro a bénéficié du concours de Carolina Lindenberg Lemos et Estanislao Sofia. Le comité de direction les remercie chaleureusement.
Semiotica, 1971
Pour une semiotique du cirque * a A.J. Greimas en hommage deferent Un examen des nombreux ouvrages publics jusque-la sur le cirque 1 permet de les repartir, en gros, en deux groupes. Le premier comprend des milliers de textes de caractere non scientifique, formant une sorte de sphere legendaire dans la mesure oü ils renvoient ä Funivers du cirque comme ä un Systeme absolu de reference. 2 Ces ouvrages ne sont evidemment pas sans interet car ils constituent une glose dont le caractere extremement redondant permet de definir quelques traits essentiels de 1'univers semantique en question. Le deuxieme groupe, beaucoup plus restraint, comprend des travaux de caractere scientifique ou parascientifique qu'il semble possible de diviser en trois categories: (1) Ceux qui relevent de la methode HISTORIQUE, encore qu'il s'agisse souvent plutot d'historiographie que d'histoire, d'entreprises isolees que ne servent ni une methode rigoureuse, ni une documentation exhaustive et dont la grande faiblesse parait etre Pambition. 3 II convient de distinguer * Recherche subventionnee par le Conseil des Arts du Canada, Section des Humanitos et Sciences sociales.
Université Paris Sorbonne, 2021
Mémoire de synthèse de l'activité scientifique présenté en vue de l'obtention de l'Habilitation à diriger des recherches.
Ce texte est un manuscrit composé d'article sur un certain nombre de problèmes de la sémiotique actuelle, surtout celle de Paris, dans la tradition de l'Ecole de Paris (Greimas). Ces textes argumentent en faveur d'une sémiotique cognitive, moins immanentiste, ouverte au dialogue avec d'autres disciplines d'étude sur le sens.
Depuis les années 1950, le philosophe vietnamien Trần Đức Thảo (Từ Sơn, Bắc Ninh, 26 septembre 1917-Paris, 24 avril 1993) a commencé a s'intéresser à la question de l'origine du langage. Selon lui, la seule manière de mener des recherches sur les racines du langage humain était celle d'envisager une sémiotique qui serait exempte de la primauté des signes arbitraires. Thảo a appelé son propre projet sémiotique « sémiotique du langage de la vie réelle ». Comme Marx et Engel dans Die Deutsche Ideologie (MEW 3/11, 26, 30-31) avant lui, Thảo était profondément convaincu des origines sociales de nos compétences linguistiques et par conséquent il a insisté sur le fait que le langage est apparu au cours des activités collectives parmi nos ancêtres préhominiens. Dans les années 1970, Thảo a analysé explicitement le modèle sémiotique de Saussure afin de trouver dans le Cours de linguistique générale quelques repères et d'établir une sémiotique qui prenne en compte des signes non entièrement arbitraires (geste d'indication, pantomime, mouvements du visage et du corps, etc.). Avant d'introduire sa propre théorie glottogénétique, Thảo a décrit la structure motivée, la fonction dénotative et la nature contextuelle des gestes d'indication, car selon lui, ce type de signes illustre la première étape dans le développement des langues humaines. En même temps, le geste indicatif doit être considéré comme la condition de communication linguistique encore aujourd'hui, dans la mesure où Thảo était convaincu que ce geste soit un des signes les plus fondamentaux qui soutiennent tout système de signes arbitraires. Cent ans après sa naissance, il pourrait être particulièrement intéressant d'analyser comment il a établi
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