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Un cinéma pour l'oreille

Abstract

Depuis quelques années, mon travail de composition s’est orienté vers un art sonore où le sens a autant d’importance, sinon plus, que le son lui-même. Cet art, qui s’inscrit dans le genre acousmatique (1), étant plus proche du cinéma que de la musique, j’ai entrepris d’explorer plus systématiquement les liens qui existent entre ces deux arts de support afin, d’une part, de mieux comprendre mon propre cheminement de compositeur mais également afin de rendre compte d’une démarche qui pourrait être utile à d’autres compositeurs qui partageraient les mêmes préoccupations. La spécificité du cinéma réside principalement dans la mobilité des images. C’est la succession temporelle de celles-ci qui lui confère un statut d’art autonome qui ne soit pas seulement un sous-produit du théâtre (rappelons qu’il a longtemps été tenu pour tel). Les images elles-mêmes et la narration relèvent d’autres pratiques artistiques — l’art pictural en général et la photographie en particulier dans le premier cas, la littérature dans le second. De même, si on trouve de nombreux exemples de narration en électroacoustique (2), cela n’implique pas que le médium lui-même soit exclusivement narratif. Cet aspect narratif du cinéma n’en est qu’un — presque systématique certes, mais pas exclusif — parmi d’autres. Cette précision faite, je crois possible d’établir certains parallèles entre le cinéma et l’art acousmatique. — Montréal, 1992