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Richardson pédagogue

1990, Revue de la Société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles

Abstract

Pour Richardson, le pédagogue est un conducteur d’hommes qui leur apprend à conduire leur vie. Dans ses romans, il montre que, pour faire face aux dangers de la société, l’individu doit être armé d’une solide éducation comprenant à la fois des connaissances théoriques, une éducation morale et religieuse. Mais il constate que ces composantes sont mal partagées lorsque les deux dernières sont négligées et que la richesse est loin de permettre d’obtenir une bonne éducation des garçons. Il donne de nombreux exemples de mauvaise éducation dont les conséquences constituent la trame des malheureux événements vécus par ses personnages. Face au constat d’échec du système éducatif, il conseille de commencer l’éducation dès la tendre enfance. Il s’agit pour la jeune fille de développer sa personnalité plutôt que de la préparer uniquement au mariage pour devenir le faire-valoir docile d’un mari. Richardson partage les idées de Locke pour qui suivre aveuglément la nature est une erreur, une façon de se livrer au hasard, aux passions difficiles à réduire. La bonne éducation est naturellement valable pour les deux sexes suivant l’exemple de Pamela avec ses enfants. Mais une bonne éducation ne suffit pas si elle se limite à la théorie. Le plan des activités hebdomadaires de Clarissa, rappelé par Miss Howe, est un exemple à suivre, bien qu’il ait manqué à la jeune fille l’expérience de l’épreuve. L’auteur veut faire de la femme un être humain qui rayonne sur sa descendance et son entourage. C’est donc aux parents d’agir en pédagogues et de suivre les avertissements de l’auteur. Il espère que chaque lecteur s’inspirera de sa pédagogie et sera lui-même un pédagogue. En pédagogue, Richardson expérimente le modèle de Locke et, grâce à sa technique d’écrivain épistolaire, on passe aisément de la lecture privée à la lecture publique, de la morale individuelle à la morale sociale.