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Voyage réel, voyage spirituel dans la Passion de Jacques et Marien

Abstract

Le genre du récit de voyage, entendu comme compte rendu, produit par le voyageur lui-même, d'une expérience «viatique» présentée comme réellement accomplie 1 , semble naître et se développer, dans l'Antiquité, avec le pèlerinage chrétien 2 . Si le voyage est un thème littéraire fréquent, dans l'épopée, la poésie lyrique ou le roman grecs et latins, il demeure un motif, traité différemment selon les genres qui l'accueillent, isolé tel un fragment, ou filé dans des fictions dont il constitue la trame, ou bien encore utilisé comme garantie de sérieux par les géographes 3 . Mais aucun écrivain de l'Antiquité n'eut l'idée de narrer ses propres pérégrinations dans une oeuvre dont elles auraient fourni la matière exclusive, mis à part, peut-être, Arrien 4 , dans le Périple du Pont-Euxin, ou Rutilius Namatianus 5 , dans son De reditu suo. Le premier de ces textes rappelle le caractère éminemment technique et administratif d'une telle entreprise, réservée aux magistrats et aux hauts fonctionnaires chargés d'arpenter l'empire romain, même si Arrien, homme de lettres autant qu'homme d'Etat, réussit à rendre poétique son compte rendu en l'enrichissant de références littéraires propres à charmer Hadrien. Le second de ces textes est tardif, composé en vers au début du v e siècle par un ancien Préfet de Rome d'origine gauloise, et il n'est pas impossible qu'il soit une forme de «réponse» aux pèlerinages, de la part d'un «païen» attaché à la conservation de la coutume ancestrale 6 .