« L’analyse rhétorique du Prologue de Jean revisitée »

in C. Mazellier-Lajarrige, J.-L. Breteau, M.-J. Fourtanier et F. Knopper (éd.), Récits de genèse : avatars des commencements, PUB, Bordeaux, 2012 (Imaginaires et écritures), p. 105-130.

Dans le principe était le Verbe', le premier verset du Prologue de l'évangile selon Jean fait écho aux termes mêmes du premier verset du livre de la Genèse : 'Dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre'. Le Prologue de Jean fait ainsi résonner le récit de la création. or, il ajoute à l'acte, proprement divin, de création, décrit dans le Premier Testament, la spécificité d'une genèse d'avant cette genèse racontée dans le livre éponyme du pentateuque. Le Prologue de Jean expose, en effet, la genèse du principe lui-même. C'est pourquoi le commentaire albertien se concentre, du point de vue doctrinal, sur la distinction entre les deux sens de genèse-génération du Verbe et création-et déploie, pour en rendre compte, un éventail de significations du terme « verbe ». Cependant, du point de vue de la manière d'écrire, Albert le Grand insiste sur le fait que Jean ait choisi le mode narratif pour relater ce qu'il en est du principe. or, le Docteur universel, quant à lui, écrit un commentaire de ce récit en forme de démonstration. En guise d'exégèse des premiers versets, il recourt à des concepts empruntés à la métaphysique, tels que celui d'« intellect universellement agent ». L'enjeu de la lecture du commentaire du Prologue de Jean proposé par Albert le Grand consiste, par conséquent, à s'interroger sur ce que peut apporter l'argumentation philosophique à un récit de genèse. Il semble que, d'un côté, le Doctor magnus se mette en quête, aussi loin que possible, de ce qui, dans la philosophie, porte la trace, même inchoative, d'une tentative de penser la genèse du principe, telle qu'elle est rapportée dans le Prologue de Jean. Mais, de l'autre, il reconnaît que ces concepts ne sont que similitudes imparfaites qui témoignent des limites de la raison naturelle face à la révélation du mystère de la génération du principe. L'effort d'explicitation rationnelle serait-il alors vain ? Il tente, du moins, de nous

Rhetorica, 1990

in Th.-D. Humbrecht (éd.), Saint Thomas, Cerf, Paris, 2010 (Les Cahiers d’Histoire de la Philosophie), p. 521-548.

Pour tout ce qui concerne ici la question du genre littéraire de ces textes, l'on consultera B. SMALLEY, The Study of the Bible in the Middle Age, Oxford, 1983 (3 e éd.) ; G. DAHAN, L'Exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval (XII e-XIV e siècle), Paris, Éd. du Cerf, 1999. Sur la typologie des prologues des commentaires bibliques médiévaux et le cas du prologue

Perceptions du temps dans la Bible, 2018

L’exégèse s’intéresse toujours plus à la composition des textes qui permet de mieux les comprendre. Le Ps 90 est focalisé sur la seule question qu’il comporte, laquelle sert de clé de lecture. Le thème de la caducité humaine est articulé à celui du péché et surtout du retour, retour de l’homme appelé à se détourner de son péché, retour de Dieu qui se détourne de sa colère. En contrepoint, la discussion critique menée avec Pierre Auffret affronte les points de méthode les plus décisifs, ceux qui touchent à la détermination des niveaux d’organisation des textes et la multiplicité des structures. Exegesis is always more interested in the composition of the texts to better understand them. Psalm 90 is focused on the unique question he has, which is the key to reading. The theme of human obsolescence is hinged to that of sin and especially back, human back called to turn from his sin, God back who turns away from his anger. In counterpoint, the critical discussion conducted with Pierre Auffret faces the most decisive method of points, those relating to the determination of texts levels of organization and multiple structures.

Mélanges de Science Religieuse, 2002

Résumé On présente d’abord brièvement ce qu’on entend par « l’analyse rhétorique », en donnant quelques repères historiques, montrant comment on est passé de l’étude de la « rhétorique biblique » à celle de la « rhétorique sémitique ». Les principes de base en sont exposés dans une application au texte de la Fâtiha (sourate 1). La structure d’ensemble et l’analyse de quelques versets centraux de la sourate 12 (« Joseph ») mettent en évidence la spécificité de l’interprétation coranique de l’histoire de Joseph, comparée à celle de la Bible. Une analyse détaillée de la sourate 85 (« les Constellations ») aboutit à une interprétation qui s’écarte de celle de l’exégèse traditionnelle. Enfin, une comparaison des structures des sourates 85 et 86 (« l’Astre nocturne »), qui forment une paire, conforte l’interprétation proposée de la sourate 85. Abstract First we will briefly introduce what is meant by “rhetorical analysis” and give a few historical references to show how the transition was made from the study of “biblical rhetoric” to “Semitic rhetoric”. The basic principles are laid out in an exposition of the text on the Fâtiha (Sura 1). The overall structure and the analysis of a few verses from Sura 12 (“Joseph”) underline the specificity of the Qur’anic interpretation of the account of Joseph’s life as compared to that of the Bible. A detailed analysis of Sura 85 (“The Constellations”) leads us to an interpretation that strays from the one that traditional exegesis yields. Finally a comparison of the structures of Sura 85 and 86 (“The Night Star”), which form a pair, reinforces the suggested interpretation of Sura 85.

Argumentation & analyse du discours, 2024

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La critique de la rhétorique dans l'oeuvre de Virgile Giampiero SCAFOGLIO Sans aucun doute Virgile a reçu une formation rhétorique plus ou moins approfondie, comme on peut s'y attendre d'un jeune homme de famille aisée pendant la période tardo-républicaine et comme on le déduit de ses biographies anciennes. En effet, Donat dans sa Vie de Virgile, qui est basée sur une source fiable, la biographie du poète écrite par Suétone, affirme qu'il a fait ses études d'abord à Crémone, puis à Milan, enfin à Rome : initia aetatis Cremonae egit usque ad uirilem togam […] sed Vergilius a Cremona Mediolanum et inde paulo post transiit in urbem (Vita Verg. 6-7 Brugnoli-Stok). C'est Suétone lui-même qui témoigne de la présence d'écoles de rhétorique renommées dans la Gaule cisalpine : nam in prouincias quoque grammatica penetrauerat, ac nonnulli de notissimis doctoribus peregre docuerunt, maxime in Gallia Togata (De gramm. 3 Kaster 1). Donat, se référant à Melissus (un affranchi de Mécène), ajoute que Virgile a tenu une plaidoirie, mais à une seule occasion, puisqu'il n'avait pas de talent en tant qu'orateur, étant donné qu'il parlait de manière lente et maladroite : egit et causam apud iudices unam omnino nec amplius quam semel : nam et in sermone tardissimum ac paene indocto similem fuisse Melissus tradidit (Vita Verg. 15-16 Brugnoli-Stok 2). Cela sonne comme une anecdote, mais il y a sans doute un fond de vérité : cela confirme que 1. Sur l'épanouissement culturel des villes de l'Italie septentrionale, telles que Crémone et Milan, à l'époque républicaine et augustéenne, cf. T. P. Wiseman, « Domi nobiles and the Roman cultural élite », in AAVV., Les Bourgeoisies municipales italiennes aux ii e et i er siècles avant J.

En 1994, Marc Girard achevait un commentaire des Psaumes dont les deux derniers volumes sont intitulés Les Psaumes redécouverts. De la structure au sens 1 . Après la recension que j'ai faite de cet ouvrage 2 , il m'est paru utile -en hommage critique à son auteur -de revenir plus à loisir sur deux points de méthode importants, d'ailleurs étroitement corrélés : la distinction et la hiérarchisation des niveaux d'organisation du texte et l'art de la réécriture. La discussion sera menée sur un exemple, le Ps 51. D'abord parce que c'est celui par lequel commencent les deux volumes récemment parus, aussi et surtout parce que c'est un psaume majeur, enfin parce que l'analyse qu'en donne Girard, avec ses qualités et surtout ses faiblesses, permettra de mieux illustrer les questions de méthode discutées.

Exercices de rhétorique

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