Les philosophes et leurs papes

2019

Revue Internationale de Philosophie, 2010

Michel Weber, L'Épreuve de la philosophie. Essai sur les fondements de la praxis philosophique, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2008 Quelle est la vitalité de l'attitude socratique? Comme l'a perçu Nietzsche, un homme qui consent à mourir pour l'idée qu'il se fait de la philosophie a de quoi impressionner durablement les générations successives, et la mythique droiture stoïque de Socrate face à sa mort assure par là-même la propagation du type socratique dans la culture occidentale 1 . Devenu le «patron des philosophes», tel que l'a appelé Maurice Merleau-Ponty 2 , Socrate transcende Socrate. Là où Nietzsche voyait les prodromes d'une longue maladie contagieuse, Bergson a vu au contraire l'émotion créatrice dont vit l'universalisme philosophique de la Raison 3 . Mais cet élan peut-il encore parvenir jusqu'à nous, derniers-nés d'une modernité épuisée, en l'état actuel de notre vie? C'est du moins la thèse résolument défendue par Michel Weber dans un essai paru en 2008 aux éditions Chromatika, L'épreuve de la philosophie.

Le titre du tome auquel cet essai se veut une contribution, "Philosophie comparée: Grèce, Inde, Chine", limite le champs de réflexion aux trois grandes cultures classiques qui nous ont laissé une littérature qu'on pourrait appeler "philosophique". On a ainsi trois traditions philosophiques qu'on peut comparer du point de vue des problèmes adressés, des solutions proposées, des méthodes utilisées, et encore d'autres manières. Une telle comparaison sera d'autant plus intéressante si on peut être sûr que les trois traditions se sont développées indépendamment les unes des autres.

Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 2013

Contrairement aux interprétations coutumières il y a un dialogue permanent entre la République, le Politique et les Lois et non une rupture ou un changement substantiel de la pensée politique de Platon. Une analyse minutieuse de Leg. V 739a1-740a2 montre clairement cette cohérence, en particulière la tournure "dieux ou fils des dieux" qu'y apparaît se rattache à l'état ordonné de l'âme et plus spécifiquement à la connaissance philosophique et n'indique pas l'abandonnement des positions de la République. De cette façon sont réfutées les thèses soutenues par A. Laks depuis quelques années sur le rapport entre la République et les Lois. In spite of the usual interpretations there is a continuous dialogue between the Republic, the Statesman, and the Laws and not a break or a substantial change in Plato's political thought. A detailed analysis of Laws V 739a1-740a2 shows beyond all doubt this strict coherence, especially the expression "gods or children of gods" that appears in this passage is related to the ordered state of the soul and more specifically to the philosophical knowledge and does not point to a revision of the doctrines defended in the Republic, so that the interpretation of the relationship between the Republic and the Laws defended since the beginning of the 90'ties by A. Laks can be considered as definitively refuted.

Monde.fr | 20.02.2015 à 16h08 • Mis à jour le 26.02.2015 à 09h58

Critique, 2005

Critique n°882, 2020

2014

Devenir philosophe est la principale ambition de Daniel Eyssette durant la longue période de formation qui vade la fin de l'enfanceaux débuts de l'âge adulte-celle qui nous est racontée dans la première partie du roman Le Petit Chase d ' Alphonse Daudet (1868). Cette Histoire d ' un enfant, conçue par l'auteur comme « une sorte d'autobiographie » 1 , narre à la première personne et en mode rétrospectif le récit des moyens que mettra en oeuvre le jeune Daniel, alias le petit Chose, pour conjurer la série de malheurs qu'il cause et qu' il encourt : « C'est toujours la même chanson, des larmes et de la misère! »", s 'apitoie le narrateur, constatant le barrage d'infortunes qui s'acharnent contre lui . Derrière cette plainte d ' ordre méta-narratif se profile, on le voit bien, l'un des principaux mécanismes qui vont susciter l'intérêt du lecteur, car la narration daudétienne est servie par le cumul des mésaventures, par l'enchaînement des épreuves et des déboires, lesquels lui fourni ssent ample matière à récit. En même temps, cette masse écrasante de chagrins pousse le chétif héros à chercher des palliatifs. Deux moyens d'atténuer ses douleurs s'imposent à lui : la poésie (plus largement la littérature), qui offre une évasion vers les mondes plus accueillants de l'imagination, et la philosophie, estimée une voie sûre de s'endurcir stoïquement au mal.

Philosophia Scientiae Travaux D Histoire Et De Philosophie Des Sciences, 2007