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2017, ENTHYMEMA
Cevdet bey et ses fils d'Orhan Pamuk représente la première importation dans le champ turc du genre de la saga familiale. Cet article étudie la manière dont Orhan Pamuk, à travers ce premier roman de famille, adapte le roman mannien au contexte turc. Il tente également de cerner les limites et les spécificités de l'adaptation-acculturation d'un modèle canonique du roman européen à la périphérie turque. Cevdet bey and his sons by Orhan Pamuk represents the first introduction into the Turkish literary field of the "family saga novel" genre. This article focuses on the way Orhan Pamuk, through this first family novel, adapts the Mannian novel to the Turkish context. It also tries to figure out the limits and the specificities of the adaptation-acculturation of a canonical model of the European novel at the Turkish periphery.
Cevdet bey et ses fils d'Orhan Pamuk représente la première importation dans le champ turc du genre de la saga familiale. Cet article étudie la manière dont Orhan Pamuk, à travers ce premier roman de famille, adapte le roman mannien au contexte turc. Il tente également de cerner les limites et les spécificités de l'adaptation-acculturation d'un modèle canonique du roman euro-péen à la périphérie turque. Cevdet bey and his sons by Orhan Pamuk represents the first importation in the Turkish literary field of the family novel genre. This article focuses on the way Orhan Pamuk, through this first family novel, adapts the mannian novel to the Turkish context. It also tries to figure out the limits and the specificities of the adaptation-acculturation of a canonical model of the European novel at the Turkish periphery.
"Echelles critiques, Le défi transnational des études littéraires", Compar(a)ison, An International Journal of Comparative Literature, I-II/2012, dir. Jérôme David et Anne-Frédérique Schläpfer, Peter Lang, Genève, 2017, pp. 157-175., 2017
Le choix d'un objet de recherche rétif aux catégories de la littérature générale et comparée force le développement de stratégies explicatives, et oblige à porter l'inquiétude dans nos manières de faire critiques. Le cas turc semble être à même de remplir un tel office, par sa valeur de dérangement et de dépaysement de la littérature générale et comparée. C'est un objet qui semble se situer dans un hors-champ, ou dans un angle mort de la discipline, et qui fait figure de cas-limite, et ce pour au moins trois raisons. La littérature turque paraît d'abord absente de la cartographie institutionnelle de la discipline, fondée sur la philologie romane. L'étude des langues et des littératures européennes y est très largement majoritaire (domaines anglophone, germanophone, hispanophone, lusophone, italophone, russophone). Le découpage institutionnel de la discipline, fondée sur la philologie des langues et des littératures européennes, relègue à la marge les littératures non européennes et situe donc la littérature turque en-dehors de la littérature comparée. Adresse institutionnelle des « Autres de l'Occident », les Langues' O 1 semblent entériner une différence de nature entre littérature générale et comparée et littératures orientales et asiatiques 2 , mettant en lumière l'européocentrisme de la discipline. L'incursion extra-européenne au sein d'une discipline qui se prétend générale révèle l'inégalité criante des traitements institutionnels « des » littératures. Les départements de littérature comparée ont pourtant produit un dispositif théoricoinstitutionnel de prise en charge des littératures extra-européennes : les études postcoloniales. Mais la littérature turque se trouve là encore dans un état d' « exception », sur un double plan historique et linguistique : d'une part la Turquie n'a jamais été colonisée et a même été, pendant des siècles, une puissance impériale ; d'autre part, le turc n'appartient pas au domaine traditionnel des langues europhones qui sont traditionnellement objets de l'attention des comparatistes. Cette langue représente même, pour le philologue européen, une étrangeté superlative, sans commune mesure avec les langues romanes, et n'appartient pas à la famille des langues indo-européennes. Au sein de l'orientalisme, la langue et la littérature turques semblent même occuper une place mineure par rapport à l'arabe, qui représente un Orient musulman plus « familier », moins introuvable que le turc : même si l'Empire ottoman a représenté le califat pendant des siècles, et même si la Turquie appartient au monde musulman, la 1 L'INALCO, Institut National des Langues et Civilisations Orientales 2 La turcologie fait une entrée modeste et tardive dans l'université française : en 1961 et 1962 sont créées les chaires d'Aix-en-Provence et Strasbourg ; plus tard, elle intégrera l'EHESS et le CNRS. En 1999 est créée la Chaire d'Histoire ottomane au Collège de France.
Je voudrais vous faire part de ma joie d'être à Dijon et je tiens à remercier notre chère amie et collègue Mme Judit Pawlowski qui a eu la gentillesse de nous inviter, moi et mon collègue -moi, directrice de l'Ecole Supérieure de Langues Etrangères Appliquées qui comprend trois départements (Banque et Finances, Comptabilité et Traduction et Interprétation, et M. Kaya, enseignant et responsable du programme Erasmus que nous avons conclu avec votre établissement. Jusqu'aujourd'hui, mes connaissances concernant Dijon étaient livresques. Etudiante en Lettres, je me souviens de Flaubert qui avait écrit dans Mme Bovary : « Il n'y a de bonne moutarde qu'à Dijon ». C'est ainsi que j'avais associé depuis mes jeunes années, Dijon et sa moutarde.
"Les Cahiers de l’Herne", "Orhan Pamuk", dir. Sophie Basch et Nilüfer Göle, 2017, pp. 95-100.
Catherine II surnommée dans les cours européennes « le Grand Turc de Saint-Pétersbourg 1 », Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan présentés comme des « jumeaux 2 » : si Turquie et Russie se sont souvent opposées au cours de leur histoire, elles occupent pourtant, dans l'imaginaire européen, la même position du « grand Autre », cristallisant chacune ce contre quoi l'Europe occidentale se définit progressivement (despotisme oriental, barbarie asiatique) et continuant de susciter peur, inquiétude, ou incompréhension 3 .
"Silène", Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre, 2010.
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Résumé Cet article se penche sur le rôle structurel joué par le motif de la revenance dans Les Frères de Saint-Sérapion d’E.T.A Hoffmann. En effet, on est frappé par la diversité des revenants chez Hoffmann, qui excèdent de loin le simple cas du fantôme : non seulement l’auteur multiplie les figures non surnaturelles de personnages qui font retour après une longue absence, mais ce modèle du retour est également présent au niveau de la composition, puisque le cycle encadré est composé de nouvelles commentées dans le cadre, et qu’il est lui-même formé de nouvelles qui ont déjà été publiées ailleurs. L’imaginaire de la revenance n’est donc pas simplement articulé à l’horizon thématique ou générique du fantastique : notre hypothèse est que la prégnance de cet imaginaire est liée à l’héritage du fragment romantique et à la nouvelle configuration du champ littéraire de son temps, lesquels imposent un travail sur des formes brèves qui, quoique différentes dans leur esprit, sont également fondées sur un principe récursif. Hoffmann illustre ce principe de la revenance du texte, qu’il décline au niveau du cadre des Frères de Saint-Sérapion comme à celui des histoires insérées : il souligne ainsi que le motif du revenant apparaît également comme la métaphore du fonctionnement du texte. Index de mots-clés : E.T.A. Hoffmann, revenant, fragment, récit encadré, histoire de l’édition. Abstract This paper focuses on the structural role played by the motive of “revenance” (Daniel Sangsue) in E. T. A. Hoffmann’s Serapion Brethren. The diversity of characters returning from the dead in Hoffmann’s works is indeed striking and it exceeds by far the simple case of ghosts: not only does the author make multiple use of revenants, i.e. of characters which come back after a long time away without being necessarily supernatural, but this structure is also present at a structural level, since the book is composed of short stories returning as subject of commentary in the frame tale and since it is itself made of already published texts. Thus, it can be said that the imaginary of “revenance” is not solely linked to a thematic or generic horizon of fantastical literature: our hypothesis is that this structure finds its roots both in the heritage of the theory of the fragment and in the new configuration of the contemporary literary field, both of which command to work with short texts based on a recursive principle. Hoffmann illustrates this principle on the level of the Serapion Brethren as well as on the level of the inserted stories: he thus underlines the way the motive of the revenant is also used as a metaphor for recursive processes within the text. Index by keyword : E.T.A. Hoffmann, ghost, fragment, framed story, history of publishing. Zusammenfassung Dieser Aufsatz untersucht die strukturale Funktion der “revenance” (Daniel Sangsue) in E. T. A. Hoffmanns Serapionsbrüder. In Hoffmanns Werken fällt tatsächlich die Mannigfaltigkeit der revenants, i.e. der wiederkommenden Totgeglaubten auf. Diese geht weit über den speziellen Fall des Gespenstes hinaus: der Autor schafft einerseits eine Vielfalt von nicht‑übernatürlichen Figuren, die nach einer langen Abwesenheit wiederkommen. Andererseits spielt das Wiederkunftsmodell auch eine Rolle auf der Kompositionebene, da der Rahmenzyklus aus im Rahmen kommentierten Erzählungen besteht und schon veröffentlichte Erzählungen überarbeitet. Man kann daher sagen, dass das Imaginäre von der “revenance” nicht völlig mit dem thematischen und gattungsmäßigen Horizont der fantastischen Literatur zusammenhängt. Unsere Hypothese ist, dass diese Struktur zugleich in der romantischen Fragmenttheorie und in der neuen Konfiguration des literarischen Feldes wurzelt: beide fordern, mit kurzen, sich auf ein rekursives Prinzip stützenden Texten zu arbeiten. Die Serapionsbrüder verdeutlichen dieses Prinzip sowohl auf der Ebene des Rahmens als auch auf derjenigen der verschiedenen Erzählungen. Dadurch wird unterstrichen, daß das Motiv des revenant auch als Metapher für recursive Textprozesse verwendet wird. Schlagwortindex : E.T.A. Hoffmann, Spuk, Fragment, Rahmenerzählung, Verlagsgeschichte.
Thèse de doctorat en littérature comparée, Paris Ouest Nanterre, 2014
A partir du repérage d’un point aveugle de la littérature générale et comparée, ce travail vise à faire de la littérature turque le site d’interrogation de la discipline et de l’intelligibilité régionale de la littérature européenne. La mondialisation du discours critique permet de situer la réception de la littérature européenne chez un romancier turc contemporain dans le cadre des échanges littéraires inégaux entre un espace littéraire ancien et très doté et la périphérie turque. Les particularités de ce champ socio-historique dont Orhan Pamuk est tributaire permettent de comprendre sa trajectoire exceptionnelle, mais aussi son ethos de lecteur de la bibliothèque européenne, marqué par l’excentricité et l’héritage de la dépendance. Dès lors, l’étude du recours d’Orhan Pamuk au roman européen met en valeur trois usages de celui-ci : un usage mimétique, un usage générique et un usage architextuel dont témoigne la réécriture des Buddenbrook de Thomas Mann. Le recours au roman dostoïevskien met en lumière, quant à lui, l’homologie structurale de deux anciens empires dans le rapport à l’Europe, et révèle à Orhan Pamuk l’intelligibilité des « démons » de la Turquie. Le roman pamukien se présente alors comme une négociation poétique de la dépendance et de l’excentricité de la littérature et du roman turcs. La poétique intertextuelle très appuyée, dans un geste de réécriture du canon (Proust, Dante, Dostoïevski) permet la captation de l’héritage littéraire européen ; la poétique de la taklit, centrée sur les jeux fictionnels et les feintises ludiques, permet enfin de transmuer le complexe de dépendance mimétique dans une nouvelle catharsis romanesque de laquelle émerge la « fiction » de l’auteur pamukien.
1973
Doctorat en philosophie et lettresinfo:eu-repo/semantics/nonPublishe
Revue Pratiques "l'écriture d'invention" n° 127-128, 2005
Études Kurdes, 2022
Revue semestrielle de recherche en sciences sociales ÇELIK Adnan, 2021, Dans l'ombre de l'État : Kurdes contre Kurdes. Une anthropologie historique des conflits intra-kurdes au Kurdistan de Turquie (Belgique : Brepols).
Languages and Meaning of the City, 2021
Cette étude vise à analyser du point de vue poétique l'ouvrage intitulé Istanbul : Souvenirs d'une ville d'Orhan Pamuk, l'un des auteurs les plus controversés de la littérature turque et écrivain turc qui est lauréat du prix Nobel. O. Pamuk, qui exprime d'une manière forte son dévouement à sa ville natale, présente un récit autobiographique avec des illustrations riches de son enfance à sa jeunesse. Dans son livre, il évoque cette ville avec un sentiment de tristesse. Il est possible de dire que l'Istanbul d'O. Pamuk retrouve son unité d'imagination poétique à travers des événements témoignés ou non. Formé par les souvenirs d'O. Pamuk et harmonisé avec la perception subjective de l'auteur, Istanbul : Souvenirs d'une ville présente une période précise, à savoir les années 1950 et 1960. Istanbul, une ville exceptionnelle par ses qualifications géographiques et ses structures architecturales, cherche une identité, entre tradition et modernité, et elle nourrit les émotions, les pensées et les souvenirs ancrés dans la mémoire de l'auteur. La ville est « ersatz » du cosmos sur la terre. Possédant essentiellement les qualités similaires par rapport à l'univers, la ville est remplie des accumulations d'images formelles et elle se situe aux croisements des imaginations oniriques. Au fur et à mesure que ces images instables transforment la ville, l'univers humain change. Celle-ci qui pénètre l'homme aux rouages d'un mécanisme, unit l'être à l'univers. Elle imprègne l'inconscient, la pensée et la mémoire de l'homme avec les éléments matériels qui sont signifiés par rapport à la perception de l'homme. Pour mettre en évidence les multiples facettes de la ville, nous nous référons aux souvenirs narrativisés d'Orhan Pamuk se rapportant à la ville d'Istanbul afin de retrancher les reflets de diverses images poétiques de la ville.
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À première vue, le Musée de l'Innocence fait figure de hapax dans le monde des musées. Un commentateur, après l'avoir visité, écrivait que la première question que pose cette création d'Orhan Pamuk est de savoir s'il s'agit véritablement d'un musée, et non pas plutôt d'une « installation infiniment élaborée 1 ». La question n'est pas posée par le musée lui-même, qui revendique le statut muséal dans son nom et ne le met nulle part en cause, mais on peut effectivement se la poser à son sujet. Cela tient surtout à la dimension fictionnelle de ses collections, de son histoire et de sa raison d'être : il prétend commé-morer et documenter la vie de Füsun Keskin, personnage du Musée de l'Innocence, et avoir été créé par l'ancien amant de celle-ci, Kemal Basmacı, autre personnage et narrateur de ce roman. Certes, le Musée de l'Innocence documente aussi la vie quotidienne à Istanbul, surtout celle de la bourgeoisie laïque au cours du dernier quart du xx e siècle ; et son lien au roman homonyme, le fait qu'il ait été créé par Pamuk, loin d'être dissimulé, est affiché. Mais le musée n'est « d'histoire » que par la bande, comme le roman, où l'histoire collective forme le fond sur lequel se détachent les figures, et le fait qu'il vende la mèche n'em-pêche pas celle-ci de brûler, car on « suspend l'incrédulité » en le visitant tout comme en lisant le récit. La légitimité des musées, qu'ils soient d'histoire, d'histoire naturelle, d'art ou de technique, dépend généralement de l'authenticité des objets qu'ils rassemblent, conservent, exposent et étudient, c'est-à-dire non seulement de la véracité de leurs attributions, mais aussi du fait que ces objets préexistent à la collection ou puissent exister indépendamment d'elle. À dire vrai, cette indépendance est partielle et peut n'être que théorique, car les musées contribuent à créer la réalité qu'ils documentent et ils la mettent en scène et en intrigue à l'aide d'objets non seulement choisis, mais encore traités et parfois construits à cette fin. L'in-terdépendance est particulièrement évidente dans le cas des musées d'art contemporain, souvent comman-ditaires ou « producteurs » des oeuvres qu'ils exposent-c'est l'une des raisons pour lesquelles le Musée de l'Innocence peut faire songer à une « installation », au sens que ce terme possède dans l'art contemporain. Mais la plupart des musées évitent de rendre cette interdépendance explicite et elle n'y transparaît qu'à de rares occasions. Une exception, qui peut être comparée au Musée de l'Innocence, est le Museum of Jurassic Technology à Culver City, un quartier de Los Angeles, car il a été justement décrit comme un musée consacré à des phénomènes dont on ne sait pas s'ils existent en dehors de lui 2. Il est d'ailleurs mentionné dans Le Musée de l'Innocence où le narrateur, en le visitant, éprouve « l'impression récurrente de [s]e trouver dans un espace-temps tout autre que celui dans lequel vivait le reste de l'humanité 3 ». La ressemblance n'est toutefois que partielle, car le Museum of Jurassic Technology rassemble de nombreuses collections et n'est pas ordonné autour d'une fiction unitaire. En outre, bien qu'un doute concernant le statut de ce qu'on y voit fasse partie de la fascination qu'il exerce, il s'y trouve beaucoup moins d'éléments fictifs qu'on n'est tenté de le penser tout d'abord. Et c'est à bien des égards un méta-musée, qui commente, célèbre et parodie l'histoire des « vrais » musées, depuis les « cabinets de curiosités » de l'époque moderne jusqu'aux musées d'ethnographie et d'histoire des techniques des xix e et xx e siècles, sans oublier les musées personnels consacrés à tel inventeur ou telle chanteuse. Cette dimension métamu-séale n'est pas absente du Musée de l'Innocence, mais elle y est moins encyclopédique et moins historique qu'au Museum of Jurassic Technology.
Les Cahiers du CERACC, Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, nº 6, juillet 2013.
Dans une petite parabole intitulée « Entrée interdite » et extraite de son recueil d'essais D'Autres Couleurs, Pamuk oppose « les gens de l'intérieur », autorisés à entrer, parvenus à être euxmêmes par l'existence même de cette séparation frontière, et « les gens de l'extérieur », qui n'ont à l'origine aucune intention d'entrer, mais qui vont bientôt être submergés, en raison de la seule présence du panneau d'interdiction, du « douloureux sentiment d'être exclu » 1 . Ce court récit, réécriture probable du récit de Kafka « Devant la Loi » 2 , tient lieu de métaphore d'une situation politique autant que littéraire. Pamuk formule explicitement ce sentiment dans son discours de réception du prix Nobel : Quant à ma place dans l'univers, mon sentiment était que de toute façon, j'étais à l'écart, et bien loin de tout centre, que ce soit dans la vie ou dans la littérature. Au centre du monde existait une vie plus riche et plus passionnante que celle que nous vivions, et moi j'en étais exclu, à l'instar de tous mes compatriotes. Aujourd'hui, je pense que je partageais ce sentiment avec la presque totalité du monde. De la même façon, il y avait une littérature mondiale, dont le centre se trouvait très loin de moi. Mais ce à quoi je pensais, était non pas la littérature mondiale mais la littérature occidentale. Et nous les Turcs en étions bien sûr exclus aussi, comme le confirmait la bibliothèque de mon père. 3
in Jan Herman et Beatrijs Vanacker, Le Cycle des Orphelin : Haywood-Crébillon-Kimber. Etudes de transtextualité, Leuven-Paris, Peeters, La République des Lettres (à paraître), 2016
Les chapitres XVII à XXI de The Fortunate Foundlings (1744) d’Eliza Haywood, où sont racontés les exploits militaires d’un des orphelins, Horatio, aux côtés du glorieux roi de Suède Charles XII, témoignent d’une forte influence du premier ouvrage historique que Voltaire a consacré à l’histoire contemporaine, Histoire de Charles XII (1730). La confrontation du roman avec cet ouvrage historique et la documentation rassemblée par Voltaire permet de jeter un coup d’œil dans l’atelier de la romancière et d’étudier la façon dont Haywood manipule les données historiques et en fonction de quel argument. Cet argument est un réquisitoire contre le despotisme, même éclairé. Le développement de cet argument est construit sur un ‘détail’ du récit historique : l’arrestation et l’exécution particulièrement atroce du général Patkul, qui est la seule figure historique liée aux trois monarques protagonistes de la Grande Guerre du Nord: le roi de Suède Charles XII, l’électeur de Saxe et roi de Pologne Auguste dit Le Fort, et le czar Pierre dit le Grand. Ce ‘détail’ historique, sur lequel Voltaire a rassemblé une documentation intéressante est développé par la romancière d’une façon qui oblitère les raisons politiques du martyre de Patkul pour les déplacer sur le plan de l’amour. Le chapitre XVIII de The Fortunate Foundlings intègre ainsi une petite nouvelle historique construite sur le modèle développé en France dans le dernier quart du XVIIe siècle.
Confluences Mediterranee, 2007
Distribution électronique Cairn.info pour L'Harmattan. Distribution électronique Cairn.info pour L'Harmattan. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2007-1-page-127.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.
This article focuses on Murmures à Beyoğlu (2009), the first novel by French writer David Boratav (Paris, 1971), and on the analysis of some of its basic characteristics as a postmodern novel. Thus, we will prioritize the interpretation of the protagonist and the city as the umpteenth postmodern re-reading of the Odyssey, in the journey of initiation of a Homeric character à la recherche of his lost Ithaca, Istanbul. The portrayal of the central character is completed with a sketch of the intertextual richness of the novel, and the vision of the Turkish capital is framed within the postmodern representation of the city, under a complex perspective that steers clear of the typical nineteenth-century exoticism.
« Relief », « Marcel Proust en réseau », vol.7, n°2, 2013.
Germanica, 2006
Ce document a été généré automatiquement le 6 octobre 2020. © Tous droits réservés L'idylle familiale ou la guerre des couples dans les récits de Birgit Vanderbeke Germanica, 39 | 2006
2012
Blindness in the Literature of Orhan Pamuk, Ernesto Sábato, José Saramago examines three important texts by three well-known contemporary authors: My Name is Red by Orhan Pamuk; the chapter « Report on the Blind » from the novel On Heroes and Tombs by Ernesto Sábato; and Blindness by José Saramago. The trope of blindness is a common theme in these novels, despite their significant differences. Blindness introduces an alternative regime of knowledge, centered less on the primacy of the rational and the visual than on a new cognitive capacity, grounded in a specific logic of destiny. It proposes new understandings of history, due to a fictionalizing capacity, which passes through the fault lines of blindness. For Pamuk, blindness represents the paradoxical culmination of a traditional, Islamic world view, which was challenged in the 16 th century by the perspectivism and the realism of Renaissance. This conception is regarded as the royal road to an imaginal world that remains inaccessible to the western imaginary. In Sábato's novel, blindness prompts the reversed version of a quest for absolute, which passes through incest, hell and crime. In the dystopic world depicted by Saramago, this trope is symptomatic of a continuous decay, which follows an implacable logic. It also points to the many forms of blindness that threaten the contemporary world, such as religious fundamentalism, the leveling produced by mass culture and mass society, racial exclusion, ideological oppression. iv The thesis is divided in three chapters: The Violent Beauty of the World, A Heretical Myth of the Cave and An Epidemic with an Unknown Reason. Each chapter examines one of the three novels, but connections and cross-links among the individual chapters are also established. My investigation provides an interdisciplinary approach, which relies on paradigms from literary studies, philosophy and art history. All three authors examined in the dissertation start from the assumption that looking is not equivalent to seeing. Their texts attempt to formulate a logic of seeing indebted to vision rather than to logical accuracy. The figure of blindness serves as a springboard towards the imaginal world (Pamuk), magical thought (Sábato) and dystopia (Saramago)-ontologically different spaces where the authors counter rationality with new modes of vision. The dissertation explores the articulation of these spaces in the three novels. It argues that these texts on blindness propose a regime of « knowledge » that challenges the dominant discourses on vision, rationality, and the mind-the legacy of the Renaissance and the Enlightenment-in modern visual culture and modern philosophy.
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