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2020, Revue internationale d'éducation de Sèvres
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Préfacée par Alain Corbin, l'Histoire mondiale du bonheur, parue en février 2020, rassemble les contributions de plus de soixante spécialistes-historiens, philosophes, sociologues, anthropologues, psychologues-réunis pour dresser une fresque historique et planétaire du bonheur, de l'homme de Cro-Magnon à 2100. En cinquante articles regroupés en neuf entrées principales, des bonheurs antiques de Chine, d'Inde ou d'Égypte aux bonheurs sacrés du judaïsme, du christianisme et de l'islam, des bonheurs politiques de la Révolution française et de la révolution chinoise aux bonheurs marchands du rêve américain, des sciences du bonheur anglo-saxonnes aux bonheurs promis par la technologie, ce parcours nous invite à penser une écologie du bonheur, comme le propose François Durpaire en épilogue.
Durpaire, François (dir.), Histoire mondiale du bonheur, Paris, Cherche Midi, 2020
« La bêtise, c'est l'aptitude au bonheur » écrivait Anatole France en 1903, témoignant par cette sentence de la défaveur dont jouissait le bonheur chez les lettrés du tournant des XIX e et XX e siècle. De fait, « l'idée neuve » chère à Saint-Just, bien qu'elle figure dans la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis et dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, ne s'est pas imposée au XIX e siècle. De nos jours au contraire, le bonheur constitue la norme des normes, auprès de laquelle les autres valeurs tirent leur légitimité. Une large majorité de Françaisy compris les élitesa non seulement légitimé le bonheur, mais encore lui a conféré une place centrale dans les systèmes de croyances, de sens et de valeurs. Faire l'histoire du bonheur, c'est notamment essayer de mieux comprendre ce bouleversement de l'univers normatif. Il s'agira aussi dans cet article, synthèse de mes recherches doctorales antérieures publiées en 2013 sous le titre Histoire du bonheur en France depuis 1945, de s'intéresser aux différents chemins du bonheur proposés aux Français au second XX e siècle, avant de nous pencher sur leurs expériences et leurs vécus, plus ou moins hauts en couleurs. Pour réaliser cette histoire, j'utilise les méthodes de l'histoire sociale et culturelle des représentations et des expériences, inspiré notamment par les travaux d'Alain Corbin. J'ai ainsi réuni un matériel documentaire large et composite : les ouvrages dédiés au bonheur -11784 imprimés dont le titre contient le mot ou un terme appartenant à son champ sémantique -; de nombreux films à succès, qui indiquent la plus ou moins grande influence des diverses déclinaisons du bonheur ; une centaine de documents écrits par des contemporains du second XX e siècle témoignant de l'évolution des valeurs. Pour atteindre les expériences, je mets à profit des journaux intimes, qui permettent de saisir les constructions individuelles, ainsi que des enquêtes sociales, pour obtenir des données macrosociales.
2 De « diègèsis », au sens de ce qui est raconté (le récit). Le lecteur peut se référer à l'étude de Gérard Genette où il précise notamment : « Pour Platon, le domaine de ce qu'il appelle lexis (ou façon de dire, par opposition à logos, qui désigne ce qui est dit) se divise théoriquement en imitation proprement dite (mimèsis) et simple récit (diègèsis). Par simple récit, Platon entend tout ce que le poète raconte « en parlant en son propre nom, sans essayer de nous faire croire que c'est un autre qui parle […] » Cf., « Frontières du récit », in : Figures 1, Paris : Editions du Seuil, « Points »1966, p.153. Souligné par l'auteur. Où est passé le bonheur ? 13 Chapitre premier Le lecteur éthique : perspectives théoriques Pour pouvoir rechercher où est passé le bonheur, il est nécessaire au préalable de définir les outils conceptuels qui nous permettent d'y arriver. Ce chapitre ambitionne d'expliquer en quoi l'analyse des valeurs dans un récit nécessite la mobilisation d'une approche qui repose de manière générale sur le « processus de sympathie » que toute personne humaine met en action à l'égard de ses semblables dans des situations précises. De manière particulière, le concept smithien du « spectateur impartial » est à l'oeuvre dès que le lecteur s'immerge dans l'univers fictionnel. Il conviendra ainsi de définir le processus de sympathie en question avant de passer à l'explicitation du « spectateur impartial ». Ce détour théorique nous permettra de définir le concept du « lecteur éthique » mobilisé dans les études textes narratifs de notre corpus.
Mouvements, 2008
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Revue d'éthique et de théologie morale, 2005
Editions du Cerf | « Revue d'éthique et de théologie morale » 2005/3 n°235 | pages 97 à 106
Rioux, Jean-Pierre et Spisser, Marcel (dir.), Nous n’irons plus au bois. Rencontre des mémoires 2017, Strasbourg, CNDP, 2018, p. 119- 127., 2018
« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. » Ici s'achève le conte : le dragon terrassé, les héros ne pourront manquer de vivre pleinement nous disent implicitement ces récits traditionnels. En réalité, les choses sont largement plus complexes, mais durant longtemps dans le monde des Chrétiens d'Occident, le bonheur a été jugé comme quelque chose qui allait de soi : il ne méritait pas qu'on s'y attarde longuement. Certes, Au XVIII e siècle, les Lumières avaient abondamment écrit sur le bonheur 1 . L'aspiration légitime à la « poursuite du bonheur » figure dans la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 évoque dans son préambule l'importance du « bonheur de tous » 2 . Mais le XIXe siècle résiste massivement à cette « idée neuve » déconsidérée des moralistes, qui lui préfèrent d'autres idéaux plus légitimes. Pour Flaubert, « le bonheur est comme la vérole ; pris trop tôt, il peut gâter complètement la constitution », tandis que « la douleur a toujours un résultat favorable » 3 . De même au XXe siècle, Anatole France explique que « la bêtise, c'est l'aptitude au bonheur » 4 .
Au cours d'un séminaire de maîtrise organisé à l'UQAM par le professeur Jean-Marc Piotte à l'hiver 2000, nous fûmes conviés, mes condisciples et moi, à réfléchir sur la notion de bonheur, non seulement à sa variante individuelle, mais aussi au bonheur de la collectivité. C'est à ce thème particulier que j'aimerais amener les lecteurs de la revue à réfléchir avec moi sur ce qui constituerait pour le Québec un projet de société qui soit à la fois stimulant et réaliste. Ainsi donc, dans ce court texte, je présenterai la réponse que j'ai offerte à M. Piotte concernant le bonheur de la communauté, communauté étant entendue comme l'ensemble des citoyens de la société québécoise. Il me semble d'autant plus pertinent que je présente le fruit de ma réflexion que les principaux thèmes que j'y aborde n'ont en rien perdu de leur importance depuis.
Durant les années 1980-90, l’économie normative a délaissé la perspective du bien-être pour se concentrer sur les ressources et les chances. Pourtant, on trouve aujourd’hui un regain d’intérêt pour le bien-être. C’est donc aux usages post-welfaristes du bien-être, et en particulier à l’usage des functionings, que nous voudrions consacrer cette notre étude.
Si la plupart des romans évoquent le bonheur, ne serait-ce qu'au détour d'une phrase, ils sont loin de lui être tous intégralement dédiés. Cet article analyse, quantitativement dans un premier temps, les documents romanesques, publiés en France entre 1960 et 1980, qui font du bonheur leur thème principal, notamment ceux dont les titres comportent un ou des termes du champ sémantique. Après avoir analysé le champ éditorial sur la bonne vie, les romans, genre littéraire le mieux représenté dans ce secteur, font l'objet d'une étude précise : souvent convenus et dénués d'originalité, ils constituent une littérature alimentaire qui délaisse le bonheur promis, pour ne le traiter que dans les dernières pages. A la manière des contes, ils s'achèvent par un avatar du célèbre « ils vécurent heureux… », si bien que le bonheur n'y a de définition que négative : absence de malheur. Il n'en est pas de même chez Beauvoir et Giono, abordés dans une perspective qualitative : la première, représentative de son époque, permet de souligner les tensions cristallisées autour du bonheur ; les romans de Jean Giono, également dédiés à la vie heureuse, participent de l'acculturation au bonheur et annoncent le primat de cette notion.
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Durpaire, François (dir.), Histoire mondiale du bonheur, Paris, Cherche Midi, 2020
Revista brasileira de estudos políticos, 2009
Hypothèses 2017, Paris, 2018, p. 81-90
Flonneau, Mathieu et al. (dir.), Georges Pompidou et une certaine idée de la France heureuse, Bruxelles, Peter Lang, 2018, p. 21-35., 2018
Renaissance and Reformation, 2006
Essais, revue interdisciplinaire d'Humanités, 2013