L’abondance et le manque

1 I. La déficience ontologique du sensible dans le Phédon et le Banquet L'élucidation de l' comme dans le Phédon donne lieu à une réflexion sur l'être du sensible 1 . L'exemple de la lyre introduit la notion d'altérité ( ) : le souvenir est souvenir à partir de quelque chose qui renvoie à quelque chose, tout en étant autre que ce à quoi il renvoie ; il contient la dimension de la transcendance vers l'autre ( ), donc du lien audelà de lui-même propre à l' qui provoque l' la connaissance de la lyre n'est pas la connaissance ( ) 2 de l'homme que pourtant elle suscite 3 . Il y a donc un manque dans le point de départ du souvenir : « […] n'est-on pas, en plus, forcé d'avoir cette réaction : réfléchir et se demander s'il manque ou non quelque chose ( ) à un objet donné quant à sa ressemblance avec ce dont on se ressouvient ? C'est forcé, dit Simmias » 4 .

L'art même, 2024

A travers l'exemple du Dépôt Boijmans Van Beuningen et un ensemble d’expositions qui se sont tenues en 2023 à Rotterdam, cet essai se penche sur certaines des inégalités et des violences qui sont au coeur de l’écosystème artistique globalisé contemporain. Alors que s’achèvent la COP28 à Dubaï, mais aussi la commémoration des 150 ans de l’abolition de l’esclavage aux Pays-Bas, il paraît nécessaire de sonder ce qui se joue, au XXIe siècle, dans l’économie visuelle contemporaine de l’abondance, telle qu'elle est mise en scène par/dans les collections muséales européennes.

2008

Le travail qui s’écrit ici se propose au lecteur comme un agencement (Deleuze et Guattari, 1980) momentané qui s’inscrit dans un temps particulier à l’auteur, ce sujet à l’ouvrage. Il se constitue à travers un chassé-croisé entre l’écrit et la parole – temps d’écriture, temps de présentation orale, temps d’échanges dans différents contextes se sont succédé en spirale – vers l’élaboration progressive des idées dans le discours (Nassif, 2006 : 150). Le discours en question cherche à témoigner d’une collaboration entre l’auteur, en tant qu’animateur d’atelier d’Expression Créatrice (Lafargue, 1999) et praticien de la psychanalyse, et une Institution Publique de Protection de la Jeunesse (IPPJ) pour jeunes filles autour de la mise en place d’un Atelier d’Expression à Visée Thérapeutique (AEVT), comme il a été dénommé. Un tel témoignage s’inscrit dans les enjeux du transfert qui, par ses impairs et ses manques, permet la production d’une théorie qui situe en retour la place des témoins.

Revue Tiers Monde, 2012

L'article analyse le phénomène des éco-migrants, en introduisant des réflexions sur la définition de « réfugié de l'environnement » et sur la question de sa protection sur le plan juridique. Une première partie est consacrée aux caractéristiques et à l'ampleur des flux migratoires liés aux facteurs environnementaux et à la multiplicité des causes -politiques, économiques et sociales -expliquant ce phénomène. Dans la deuxième partie, on considère les principaux facteurs de départ pour ce type de migration internationale. L'article vise à faire une première estimation des éco-migrants provenant des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. La dernière partie est consacrée à la relation entre l'environnement et la sécurité dans la région méditerranéenne qui présente des facteurs particuliers d'exposition au changement climatique, et de vulnérabilité en termes de capacité d'adaptation et de gestion des risques liés à l'environnement.

1997

Ce titre, qui peut d'abord paraître énigmatique, tente de dire sans inquiéter le public de cette conférence quelle entreprise incertaine elle constitue du fait qu'elle se place à un entrecroisement qui est toujours risqué, entre la permanence d'un concept-ici celui de valeur-et sa brûlante actualité immédiate : en effet notre réflexion va avoir pour objet les valeurs, au moment même où nous entrons à grand bruit dans ce qui devient sous nos yeux un monde de valeurs, en tout cas un monde où triomphe une rhétorique de la proclamation des valeurs. De nombreux signes nous montrent jour après jour que nous sommes entrés dans cette ère des valeurs, ère au sens où on dit l'ère industrielle, l'ère du numérique ou bien l'ère du soupçon : on peut parler d'ère chaque fois qu'un ensemble limité et repérable de réalités éclaire la réalité globale, ou quand un épisode particulier infléchit ou perturbe la chronologie dans laquelle il s'inscrit, et en ce sens une ère des valeurs a en effet commencé. Alerte dans le ciel de l'éthique : des OVNI nommés valeurs Les valeurs, sans qu'on sache jamais lesquelles, car dans l'expression « les valeurs », l'article est défini mais le substantif ne l'est pas, les valeurs, donc, sont désormais au centre du discours public. C'est le cas, à l'évidence, du discours politique, à commencer par le discours des politiques, à quelque niveau qu'il soit tenu, depuis les fêtes de village jusqu'aux allocutions prononcées dans les plus hautes sphères de l'État. Par exemple, reçu par l'Assemblée nationale française en janvier 2018, le président du Bundestag allemand commençait son allocution aux députés par ces mots : « c'est pour moi un très grand honneur de m'adresser à vous en ce lieu chargé d'histoire pour votre pays et pour l'Europe et ses valeurs » 2. On remarque ici que l'évocation des valeurs a lieu dès la première phrase, dans les premiers mots qui sont prononcés, parce qu'elle est en réalité la condition même du discours qui va suivre : sans ces valeurs, supposées communes à tous dans l'ensemble dont on parle, on ne pourrait pas invoquer l'Europe, qui ne serait plus qu'une notion géographique, une catégorie à tendance anecdotique comme disait Kant en soutenant en ce sens que la géographie n'existe que si elle donne « un lieu à l'histoire ». Sans ces « valeurs » invoquées par l'orateur, si peu définies qu'elles soient-car le texte de l'intervention n'y reviendra pas et elles n'ont donc qu'une fonction purement rhétorique d'annonce et d'invocation éthique-c'est le discours tout entier qui aurait été dépourvu d'objet et même de portée. On voit ici comment les valeurs,

Relations, 2012

Dossier, 2008

À partir d’une lecture de nombreux recueils mais aussi des romans de Michel Beaulieu, Frédéric Rondeau suit certaines constantes de cette oeuvre faites de dualités, tels que l’exil et la claustration, la présence et le vide, l’Un et le multiple. Faire advenir de l’impossible adéquation à soi-même une présence nouvelle constitue, selon l’auteur, une dynamique fondamentale de l’oeuvre du poète. À travers l’importance du corps, la problématique de l’exil intérieur, ainsi que le travail formel des romans et des derniers recueils, une tension est dominante dans l’oeuvre de Beaulieu, où le poème apparaît comme un rempart contre la dissolution du sujet, lieu de la saisie de la mesure et de la tentation à l’excès.

De Gruyter eBooks, 2021