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Recension d'ouvrage

2018, Emulations

Abstract

Durant les dix dernières années, les Genocide studies ont connu un développement remarquable dans le monde anglo-saxon, mais aussi dans les sphères germanophones et francophones. En témoigne la traduction en plusieurs langues étrangères de l'ouvrage de Jacques Sémelin Purifier et détruire qui se donne pour but d'étudier « comment des États peuvent, dans certaines circonstances, impulser, organiser, mettre en mouvement ce qu'on pourrait appeler des pratiques politiques de « purification » et de destruction du « corps social » (…) » (Sémelin, 2005, 21). On a désormais affaire à un champ scientifique très dynamique, de portée transnationale, traitant de la problématique des violences de masse à en impliquant au-delà de l'histoire, la diversité des disciplines des sciences sociales et la psychologie. L'encyclopédie en ligne des violences de masse, dont Sémelin est l'instigateur, en est un des moteurs incontestable. Un des aspects saillants de ce renouveau épistémologique est qu'il vient questionner de manière originale l'historiographie de la Shoah. Il en résulte un certain nombre de colloques et de publications de premier plan, qui se penchent sur une problématique déjà ancrée dans les débats historiques sur le nazisme et qu'on peut résumer de la manière suivante : au regard des recherches récentes sur les violences de masse, les violences étatiques contre des populations civiles, les violences de guerre ou les violences coloniales, quelle est la place du génocide perpétré contre les Juifs d'Europe dans l'histoire de la violence aux XIX e et XX e siècles ? 1 Dans le même ordre d'idée, la Revue d'histoire de la Shoah a consacré en 2008 un numéro 1 Sur cette discussion, bien ancrée dans le débat historiographique anglo-saxon, voir entre autres les ouvrages de référence suivants :