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La crise de la Covid-19 a commencé très tôt pour The Conversation France. Dès la fin de l'année 2019, notre chef de rubrique « Santé » avait repéré cette drôle de pneumonie qui se développait en Chine, plus particulièrement à Wuhan. Il avait échangé avec quelques chercheurs et chercheuses et tenté d'en savoir un peu plus, alors que les informations étaient peu nombreuses et imprécises à l'époque. Nous avons finalement publié notre première analyse sur ce qui n'était pas encore une pandémie en février 2020, quand les premiers éléments factuels commençaient à être disponibles. Rapidement, il nous a fallu changer l'organisation éditoriale de notre média. Face à l'afflux de propositions venues de nos chercheurs et chercheuses, nous avons mis en place une centralisation de ce que l'on appelle les « pitchs », c'est-à-dire les propositions d'articles venant de nos experts et expertes. Au mois de mars, nous recevions jusqu'à 80 propositions d'articles, alors que la recherche se mobilisait pour donner à comprendre un cataclysme sanitaire dont on n'entrevoyait encore pas tout à fait l'ampleur. Mais le plus surprenant à ce moment précis de la crise, c'est que déjà, certains de nos chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales (SHS) commençaient à s'interroger sur l'impact que pourrait avoir ce virus sur nos sociétés, nos habitudes, nos valeurs, notre quotidien. Avec une volonté claire de se projeter afin de ne pas se laisser dépasser par une épidémie qui prenait la planète de court et qui ne cessait de croître. Déjà donc, les SHS se mobilisaient. La perception immédiate était que cette crise n'était pas que sanitaire mais aussi globale, et qu'elle allait Sciences sociales et pandémie 291 intronisée virtuelle, sur les réorganisations géopolitiques à venir, sur notre relation à notre environnement ou encore sur la notion de respect, dont on aimerait tant qu'elle devienne l'une des vertus de l'après-crise. Plus d'un an après l'apparition de la Covid-19, les SHS pensent toujours le maintenant et l'après, et réalisent aussi que c'est certainement la même chose. L'exercice du pouvoir politique dans la crise, dont nous n'avons pas encore parlé, est également l'objet d'analyses pointues dont le but, on peut l'espérer, est de mieux faire à l'avenir. Les débats sur le lien entre scientifiques et politiques doivent se poursuivre s'ils veulent produire des résultats et permettre de mieux faire comprendre au public que le doute et l'incertitude sont aussi des éléments de la science. Dans une contribution à The Conversation, à l'occasion du colloque « Ruptures des pratiques et dynamique du débat. Les SHS face à la crise Covid-19 » dont cet ouvrage découle, Pierre Guibentif et Maryse Bresson rappelaient que « les SHS mènent des recherches concernant l'ensemble des réalités affectées par la crise sanitaire ; elles auront à les poursuivre, les mettre en rapport entre elles et les mettre en rapport avec les travaux menés par d'autres disciplines scientifiques » (Guibentif & Bresson, 2020). Crise sanitaire, crise sociétale, crise culturelle, crise économique : la Covid-19 ne connaît pas de barrières. Et, dans leur réponse face à ce défi majeur, les sciences ne seront jamais aussi fortes que quand elles apprennent les unes des autres. Bibliographie générale Agence nationale de la recherche (ANR), 2021. Covid-19 : panorama des projets de recherche financés. Mars 2020-janvier 2021, https://anr.fr/ fileadmin/documents/2021/ANR_bilan-covid-23032021.pdf [consulté le 07.04.2022]. Albouy Valérie & Legleye Stéphane, 2020. « Conditions de vie pendant le confinement : des écarts selon le niveau de vie et la catégorie socioprofessionnelle », INSEE Focus, n° 197, https://www.insee.fr/fr/ statistiques/4513259 [consulté le 11.11.2020].