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L'écriture de la guerre chez V. Makanine

2008, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)

Abstract

Le thème de la guerre n'est pas caractéristique de l'écrivain russe contemporain Vladimir Makanine (né en 1937), mais il apparaît au moins deux fois dans son oeuvre. D'abord dans la nouvelle Le Prisonnier du Caucase, publiée en 1994, puis plus récemment, en 2001, dans un court récit 1 intitulé La guerre d'un jour. Dans un cas comme dans l'autre, la critique littéraire a été frappée par le caractère « prémonitoire » de ces oeuvres. La première, en effet, est écrite à la veille de la première guerre russo-tchétchène et publiée « sous le fracas des canons ». Le second récit a été écrit juste avant l'attentat new-yorkais du 11 septembre 2001 qui a déclenché l'affrontement américano-islamiste que l'on sait 2. Et pourtant, avec le recul, on peut dire que ni l'une ni l'autre de ces oeuvres ne sont directement des oeuvres sur la guerre. La lecture immédiate et la coïncidence avec l'actualité ont masqué le sens profond de ces récits, la véritable recherche ontologique de leur auteur et son dialogue avec la tradition littéraire russe. Le Prisonnier du Caucase, voilà un titre qui inscrit explicitement la nouvelle de Makanine dans une longue lignée d'oeuvres classiques, dominée par les « poèmes du sud » de A. Pouchkine. Au delà il renvoie à toute la littérature romantique sur ce thème byronien (on pense au poème Le Giaour), portant l'influence de J.-J. Rousseau et du mythe du bon sauvage, et s'appuyant sur l'opposition Nature/Culture. Le grand poète romantique M. Lermontov a développé le thème principalement dans Mtsyri, dans Un Héros de notre temps, dans Valérik, et il a également intitulé un poème en 35 strophes Le Prisonnier du Caucase, en 1828. L. Tolstoï a écrit, lui aussi, un Prisonnier du Caucase, dans lequel on trouve la même trame narrative que dans les poèmes romantiques : le prisonnier russe Ivan Jiline est aidé pour son évasion par la jeune Caucasienne Dina. Chez Pouchkine, le thème du Caucase est déjà inséparable de celui de la guerre aux confins de l'Empire russe. Toute l'oeuvre de Lermontov est lié au Caucase et au thème de la liberté, ou plutôt de la non-liberté de l'homme (sa condition de « prisonnier ») par rapport à sa condition sociale et humaine, (c'est le thème du démon, de l'ange déchu, qui aspire à