2013, Cahiers du Genre
Le travail a constitué un objet privilégié des premières recherches académiques sur les rapports sociaux de sexe en France et les 'études genre' y sont restées marquées par cet héritage. Peut-on affirmer pour autant que les dimensions sexuées du travail sont désormais intégrées au coeur de la sociologie du travail et que les spécialistes du genre y sont reconnu•e•s à part entière ? Pour répondre à ces questions, nous proposons une analyse comparative de l'évolution du nombre d'articles consacrés au 'genre du travail' dans deux revues de sociologie du travail en France et en Grande-Bretagne. Nous montrons que la part de recherches portant sur les dimensions sexuées du travail à trouver place dans ces revues est beaucoup plus réduite en France qu'outre-Manche, et ceci tout au long de la période étudiée. La 'cécité au genre' qui perdure au sein de la sociologie du travail en France n'occulte pas seulement la réalité laborieuse des femmes de ce pays, elle invisibilise et marginalise également les (femmes) spécialistes du genre au sein de ce champ académique. 1 1 L'analyse des résultats présentés ici s'est effectuée en partie au sein de l'IP6 du Pôle de recherche national (PRN) LIVES « Surmonter la vulnérabilité. Perspective du parcours de vie », financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS). Nous remercions le Comité de lecture et les expert•e•s anonymes des Cahiers du genre pour leurs commentaires éclairés sur une version précédente de ce texte.