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2010
Justice spatiale / Spatial Justice, 2018
Entretien réalisé le 10 juillet 2017 à Paris, entre Anne Clerval et Fabrice Ripoll, du groupe JEDI, et la revue Justice Spatiale / Spatial Justice (Sophie Moreau et Pascale Philifert). Publié dans le numéro anniversaire des dix ans de Justice spatiale-Spatial Justice, l'entretien ouvre à des débats contradictoires autour du concept de justice spatiale.
Université Paris Nanterre, 2020
Un travail d'habilitation n'est pas une production scientifique comme une autre ; il engage bien plus que ce que l'on pense-et bien plus que ce que l'on souhaite. Pour ma part, c'est un effort de près de six années qui trouve ici son achèvement. Sans doute était-ce le temps nécessaire pour laisser arriver à maturité un certain nombre d'idées et de positions de recherche. C'est aussi un temps de constante préoccupation, haché au quotidien par les multiples tâches universitaires, et qui a ainsi nécessité beaucoup de patience autour de moi, du fait des inévitables doutes et moments de pression que l'écriture entraîne. Je remercie donc avant toute chose mes parents et ma famille, à qui je dois cet aboutissement, et partage avec Gaëlle, Tanguy, Emilien et Meaulnes la très grande satisfaction de voir enfin tant de moments de travail prendre la forme concrète d'un mémoire et d'une soutenance. Je leur dois bien plus que ce que ces lignes peuvent exprimer. J'aimerais aussi, au plan scientifique, remercier Frédéric et Monique pour leur suivi, même à très longue distance ! C'est pour moi un véritable plaisir d'avoir pu ainsi, avec eux, retrouver l'université de Paris-Nanterre dans laquelle j'ai eu une expérience d'enseignement particulièrement riche et motivante en tant qu'ATER, voici quinze ans. Frédéric est un collègue qui s'est réellement intéressé à mon premier travail sur les espaces protégés, et a lui-même piloté un programme de recherche passionnant sur le sujet (programme UNPEC, 2012-2015). Sa sympathie et son sourire sont, en soi, un soutien constant dans l'écriture. J'ai aussi retrouvé en Monique, outre une spécialiste reconnue de la ruralité française, une attention très humaine qui m'avait déjà frappé lorsqu'elle dirigeait le département de géographie de Nanterre. Merci donc pour tout cela. Ma gratitude va également en direction de tous les membres du jury qui ont bien voulu accepter un long travail de lecture et de (pré)-rapports d'évaluation de plus ; c'est là certes le lot commun de notre métier, mais j'en mesure toute l'importance et le prix. Je me dois aussi de remercier plus encore Ulrike GRABSKI-KIERON qui a assumé la lourde tâche du dialogue international et vient représenter, dans le jury, mon attachement aux terres d'Allemagne. Depuis plus de douze années, nous avons en effet pu monter ensemble de multiples échanges et manifestations scientifiques, dont plusieurs voyages d'étude, une Graduate School franco-allemande, deux séminaires doctoraux internationaux et une publication d'ouvrage. J'ai aussi pu être accueilli grâce à elle en 2014 en tant que chercheur invité à Münster lors de mon CRCT. Avec la ruralité en objet de partage, ce travail transnational est aussi devenu un lien d'amitié : ich möchte mir also für so viele schöne gemeinsame Erfahrungen bei Dir ganz herzlich bedanken ; Dir ist diese Habilitationsarbeit in gewisser Weise auch gewidmet. D'autres collègues sont également inscrits dans le sillage de cette expérience scientifique. Je pense en particulier à mes collègues de recherche sur les espaces protégés, Sylvain Guyot, Stéphane Héritier et Lionel Laslaz : cette équipe a su, même à distance, produire un champ de recherche bien spécifique, et je remercie chacun d'eux pour ce qu'il est, tant en ce qui concerne la réflexion théorique que la cordialité des moments de rencontre ou de terrain. S'y adjoignent quelques autres collègues, notamment l'équipe de géographie rurale de l'ancienne unité de recherche Mutations des territoires en Europe, à Montpellier, avec notamment Pascal Chevalier, qui a su construire également de solides travaux sur la ruralité. J'ai aussi beaucoup apprécié les explorations théoriques particulièrement fécondes de l'équipe Géolab, à Limoges, autour de Frédéric Richard. Déclaration d'intérêts / Selbsterklärung J'ai choisi de faire apparaître ici un élément peu souvent présent dans un texte de recherche en France, mais plus commun dans d'autres environnements scientifiques à l'étranger. Je m'en explique d'ailleurs plus loin dans le texte [ §08]. Il s'agit d'une déclaration d'intérêts permettant de ne pas masquer, à l'arrière-plan du travail de recherche, des positions personnelles susceptibles de venir influencer la recherche sans le dire. Ces positions individuelles étant énoncées, assumées et ainsi connues avant d'aborder le travail, il n'y a plus nécessité de chercher à convaincre le lecteur ; cela permet en outre de mieux situer les discours et les présupposés de l'auteur dans son travail, et d'estimer dans quelle mesure il parvient lui-même à s'en prémunir autant que faire se peut. Je déclare donc ici, au plan politique, un engagement dans les courants de pensée de la socialdémocratie de gauche et de l'écologie. J'ai également participé un temps à la structuration du parti Génération.s à Lyon, et me suis engagé en tant que personnalité civile en position non-éligible dans une liste d'union de la gauche et de l'écologie dans cette même ville. Je mène également des actions de terrain dans l'éducation en tant que parent élu et bénévole en soutien scolaire, ce qui contribue à placer l'éducation au coeur de mes préoccupations morales. Je déclare également être engagé aux côtés de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) à travers plusieurs conférences, une publication dans leur revue 36 000 communes et un programme de recherche en partenariat sur la période 2020-2022. Cet engagement reste cependant exempt de toute affiliation à un parti politique, quel qu'il soit, l'association étant elle-même politiquement diverse. J'interviens au titre d'une consultation externe, l'objet central de l'association étant la défense des territoires ruraux et des petites communes comme principal levier de la démocratie locale. 10 La réponse à cette question constitue en quelque sorte le dévoilement, pour le chercheur, des motivations profondes qui le poussent à choisir son objet d'étude. Pour ma part, travailler sur les marges rurales et naturelles, c'est d'une certaine manière s'autoriser à examiner du « micro » et à étudier des signaux faibles, discrets, sans subir la pression d'une concurrence scientifique ou éditoriale permanente. Se donner le luxe de ce temps quelque peu suspendu, c'est aussi prétendre à une certaine décantation des faits. Une fois ce temps passé, loin d'une temporalité marquée par un agenda de programme de recherche ou des effets de mode incessants de l'actualité métropolitaine, la réflexion sur ces territoires marginaux permet de mieux éclairer, en miroir, les autres espaces géographiques. Ce terme de « miroir » a d'ailleurs été de nombreuses fois souligné par les chercheurs sur les espaces protégés (Laslaz et al., 2012) comme sur les marges rurales [D55]. Plus encore : si le rural ou la nature permettent, dans le fond, de penser le social d'une manière plus générale, il doit donc être possible d'y appliquer aussi des modèles d'analyse plus universels : de fait, travailler dans le rural ou les marges naturelles des territoires ne doit pas être une forme de repli, pas plus qu'elle ne doit prêter à l'exceptionnalisme. Il s'y joue les mêmes tensions et pressions sociales qu'ailleurs, si bien que les modèles d'analyse éprouvés ailleurs méritent d'y être testés. Mieux : pour rendre justice à leurs habitantes et leurs habitants, ils doivent l'être absolument. La justice spatiale, un modèle théorique à prétention englobante La notion de « justice spatiale » est précisément venue combler ce dernier impératif, tout en offrant le liant qui manquait à des thématiques de recherche en apparence éparses [figure 1]. Le terme fera l'objet d'une définition détaillée dans le premier chapitre de ce volume, puis constituera la base d'une modélisation analytique construite dans le second. Dans l'immédiat, on se contentera d'envisager l'idée de justice spatiale comme une mise en lumière des formes d'inscription des inégalités sociales dans l'espace, afin de mieux identifier celles qui constituent des prétextes à la production ou à la reproduction d'injustices-c'est-à-dire de mécanismes de domination entre groupes sociaux-en vue de tendre vers plus d'équité. Cette formulation, de mon fait, souhaite aller un peu plus loin que la définition encyclopédique proposée par Jacques Lévy dans son Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés (2003) : en effet, le projet fondateur de la justice spatiale n'est pas seulement d'étudier « les dimensions spatiales de l'idée, des conceptions et des pratiques de la justice », mais bien de les identifier en vue de l'atténuation des formes d'injustice que l'espace contribuerait à mettre en évidence, voire à renforcer. La justice spatiale n'est pas seulement une théorie ou un champ d'analyse ; c'est aussi et surtout un projet moral, comme on le verra. J'ai pu constater que, dans toutes mes situations de recherche, s'impose une conscience implicite de l'inégalité sociale, voire de l'injustice qui peut s'imposer aux habitants de l'espace rural, que ce soit en matière d'application des politiques de protection de la nature (thème 1), de reconnaissance des particularismes du rural (thème 2) et de dénonciation des processus sélectifs qui peuvent s'y jouer au plan économique et social (thème 3) [figure 1]. Dans les trois cas de figure, en découlent des problèmes sociaux (les « constats » : conflits d'usage, rapports de domination, inégalités de richesse). Dès lors, on souhaite interroger à chaque fois le rôle de l'espace dans la manière dont ces problèmes s'enracinent dans l'espace rural (les « questions » : imposition d'une norme d'occupation de l'espace ou accaparement d'un territoire par un groupe La conclusion porte alors sur l'estimation de l'ampleur des effets de renforcement entre éléments du dispositif de ruralité, tout en revenant sur les leviers d'intervention spatiale que proposent chacun des chapitres précédents : car ce travail, motivé par l'enjeu de la justice spatiale, se veut également hybride et (en partie) tourné vers...
Les actes que nous accomplissons dans l'espace géographique ne manquent jamais d'affecter la vie des autres, tantôt en la compliquant, tantôt en l'améliorant. Quelle que soit l'échelle d'appréciation, ces interactions spatiales induisent des responsabilités sociales et, de ce fait, peuvent faire l'objet de jugements moraux de la part de ceux qui en font le constat. La justice spatiale désigne alors toute situation dans laquelle les formes d'organisation de l'espace perceptibles par un évaluateur permettent de générer des rapports sociaux que lui-même estime conformes à sa propre conception de la morale 1. Elle s'apparente donc à un ensemble de modèles normatifs à l'aune desquels la réalité géographique devient éthiquement signifiante, débouchant sur la formulation de jugements d'approbation ou de condamnation. En spécifiant le réel à l'aune de ce qu'il devrait être, la justice spatiale autorise à penser l'espace en termes géoéthiques et à envisager la géographie comme un savoir à caractère moral et politique, engagé dans le débat d'idées. La dimension spatiale de la justice concerne des problématiques très diverses : la composition interne des lieux, la distance qui les sépare, les liens et les interfaces qui les connectent, c'est-à-dire l'ensemble des paramètres qui contribuent à la structuration des systèmes spatiaux. Les rapports entre les centres* et leurs périphéries* entrent ainsi dans la composition de la justice spatiale au même titre que les conditions sociales d'appropriation des ressources localisées, les rapports scalaires de pouvoir ou l'articulation des identités et des hiérarchies territoriales. Toute forme géographique peut ainsi être lue à travers le prisme de la justice spatiale. Celle-ci ne correspond cependant à aucun schéma absolu. Les formes qu'elle est susceptible de prendre dépendent de paramètres variés qui portent non seulement sur la nature des normes morales reconnues comme fondatrices de la justice mais aussi sur le cadre géographique à l'intérieur duquel celle-ci est censée s'épanouir. Selon les situations géographiques, un même système de normes morales pourra conférer à la justice spatiale des allures très différentes. Dans l'hypothèse où la justice consisterait à fournir des droits égaux à l'ensemble des habitants de territoires distincts (voir la définition d'équité territoriale*), il peut arriver qu'une même distribution spatiale s'apparente tantôt à un état de justice, tantôt à l'inverse. Dans certains cas, en effet, un semis régulier d'équipements ponctuels pourra être considéré comme favorable à l'égalisation des droits en matière d'accès, notamment s'il s'agit de permettre à une population répartie de façon homogène, au sein de laquelle les habitants ont des besoins égaux, d'accéder à cet équipement dans des conditions équitables. Si ce n'est pas le cas, c'est-à-dire si le service en question s'adresse en priorité à une certaine catégorie d'habitants inégalement répartie dans l'espace, une distribution homogène aboutirait à des inégalités d'accès assimilables à une situation d'injustice : certains équipements seraient saturés et offriraient des conditions d'accueil insuffisantes, tandis que d'autres fonctionneraient en sous-régime. En conséquence, la justice spatiale ne s'apparente à aucune configuration prédéfinie, indépendante des particularités géographiques des sociétés dans lesquelles elle est supposée prendre forme. Elle n'est pas non plus assimilable à un fonctionnement naturel ou mécanique. Pour être effective, la justice requiert des habitants qu'ils consentent des efforts pour nouer des relations responsables à l'intérieur de l'espace. La justice spatiale a donc à voir avec l'intentionnalité des acteurs. Bien souvent, elle exige cependant plus qu'une simple individualisation de la responsabilité. Il n'est pas rare, en effet, qu'une structure sociale aboutisse à dessiner des formes géographiques incompatibles avec la conception que les habitants concernés peuvent se faire de la justice. Dans Espace, société et justice (1981), Alain Reynaud a ainsi mis en évidence l'existence de « classes socio-spatiales » aux relations souvent inégalitaires. Ces rapports hiérarchiques entre des centres et des 1 Dans la mesure où aucun accord général n'existe sur la distinction sémantique entre « morale » et « éthique », nous considérons les deux termes comme synonymes.
La justice spatiale est l’horizon de la plupart des politiques territoriales et demeure un levier politique essentiel. Cet ouvrage interroge sous cet éclairage les rapports entre territoires, actions publiques et inégalités. L’influence de la justice spatiale est telle que l’aménagement du territoire et la recherche de la justice spatiale ont été considérés comme équivalents. Cela n’ôte rien à la complexité des questions sur les objectifs des politiques publiques à conduire. Force est de constater également que l’essor du libéralisme économique globalisé et les mutations à l’œuvre dans l’action publique contemporaine ont modifié les paradigmes, les acteurs et les modalités d’action. Poser le problème du sens et du bien-fondé de la territorialisation des politiques, c’est aussi engager une réflexion sur les arbitrages, les articulations et les possibles contradictions entre justice structurelle et justice procédurale. Elles semblent bien toutes deux avoir pour conséquence – volontaire ou non – une plus forte « territorialisation », mais selon des modalités très différentes. Plus fondamentalement encore, réfléchir aujourd’hui sur l’idée de politique territoriale juste, particulièrement dans le domaine urbain, suppose de questionner la notion même de justice spatiale.
Spire | Marianne Morange | Muriel Froment-Meurice | Claire Hancock Entretien avec Amandine Spire et Marianne Morange, coordinatrices du programme DALVAA, réalisé en mai 2018 à Paris, par Muriel Froment-Meurice et Claire Hancock CH : Bonjour. Nous vous avons sollicitées en tant que coordinatrices du programme DALVAA 1 car la revue JSSJ fête ses 10 ans, et nous souhaitions rassembler une série de discussions avec des groupes que nous identifions comme ayant des choses à dire sur la Justice Spatiale afin d'échanger autour de nos idées, nos pratiques et nos réflexions sur le sujet. Marianne a la double casquette JSSJ et DALVAA, puisqu'elle participe au projet de la revue depuis les origines, et toi, Amandine ?
Utopies et aspirations à la justice sont intimement liées. A l'opposé des constats désenchantés sur l'inaccessibilité de la justice dans le monde d'aujourd'hui, les utopies donnent forme aux aspirations à la justice et mettent l'esprit en chemin vers un monde que l'on veut meilleur. Pour qui se préoccupe de justice spatiale, le thème des utopies est riche d'enseignements et fournit des pistes nombreuses et fécondes. Réfléchir sur la justice a conduit de nombreux auteurs à ancrer leurs propositions en des lieux, fût-ce de manière métaphorique, comme si l'organisation juste du social passait nécessairement par l'organisation juste du spatial : en ce sens, la réflexion sur la justice spatiale procède souvent d'un geste utopique. Bien sûr, il ne peut s'agir ici d'envisager ce que serait l'utopie univoque de la justice spatiale réalisée. Il faut considérer les tâtonnements utopiques dans leur diversité et dans leur historicité, en ce qu'ils sont porteurs d'aspirations et de représentations, et aussi d'expérimentations (fragiles, éphémères, contextualisées, bien sûr) et de cheminements vers plus de justice spatiale. Les utopies ont déjà été très largement explorées par les chercheurs : le présent numéro de Justice Spatiale / Spatial Justice présente autre chose qu'une collection d'articles sur l'historique des utopies, champ largement couvert par les historiens, les urbanistes, les philosophes… La dimension historique ne sera pas centrale ici, même si un retour sur ces analyses est fondamental pour comprendre les conditions de l'énonciation contemporaine de l'utopie en lien avec la justice. Si certains des articles ici proposés réfléchissent aux enseignements à tirer des utopies passées, c'est toujours en relation avec une utilisation au présent de cette pensée. Ce qui nous intéresse, c'est bien cette articulation d'un discours utopique avec des revendications très contemporaines pour plus de justice, et les enjeux spatiaux engendrés par cette articulation, qui mobilise des échelles très diverses, du mondial au communautaire, ce parfois dans des rapports mutuellement exclusifs ou contradictoires. Loin de constituer un propos univoque et stabilisé, les discours utopiques sont pluriels et intimement ancrés dans leur temps. Il convient donc d'insister sur leur diversité. Ainsi, les textes proposés dans ce dossier renvoient à des propositions utopiques certes très différentes et échelonnées dans le temps en termes de générations utopiques, mais pour la plupart d'entre eux, ils sont ancrés dans le champ utopique contemporain et dans le bouillonnement actuel de la pensée et des propositions visant à une réforme parfois radicale de nos sociétés.
Karine GINISTY, 2018
2019
Dans ce livre « Carte d’identités, l’espace au singulier » nous nous intéressons à l’unicité des individus en lien avec leur épaisseur géographique et celle des lieux qu’ils habitent. Dans ce chapitre nous procédons à un développement par le prisme de la justice spatiale. Au premier regard, l’approche de chaque individu dans sa singularité spatiale semble mal se marier avec la justice. En effet, les théories de philosophie politique ne sont pas issues de recherches sur l’individuation des habitants du monde contemporain et n’ont pas de préoccupations spatiales explicites au centre de leur construction. Cependant, elles partagent avec les sciences sociales l’objectif de penser la société par les enjeux de coexistence de ses membres, dans toute leur diversité. Partant de l’hypothèse que l’espace compte dans l’imagination et la production d’une société plus juste, les chercheurs ont placé la parole des individus dits ordinaires au centre de deux enquêtes réalisées au Portugal, à Porto ...
Chapitre 2 (pp. 32-42) de l'ouvrage dirigé par Régis Cortéséro (dir.), La Banlieue change ! Inégalités, justice sociale et action publique dans les quartiers populaires, Le Bord de l'eau, coll. « Clair & Net », 2012, 216 p., ISBN : 978-2-35687-197-8.
In recent years, spatial justice has been the subject of renewed attention. This trend should not obscure important theoretical disagreements. Going back to the last fifty years, we realize that this concept covers very different interpretations according to the authors and the historical context. Such variety reflects how geographers who have considered this question have positioned themselves within the intellectual debate. This observation leads to questioning the normative and ideological dimension of the geographical discourse while showing that the pluralism of contemporary geography largely results from ethical commitments on the part of the specialists who do it.
In favour of geoethics. Elements for analysing conceptions of spatial justice.— A geoethical approach is an analysis of geographical values and, through them, conceptions of territorial justice that structure public debate. Depending on the circumstances, the geoethical norms promoted might be tolerance, ownership, equity or harmony. Geoethics can be applied to several forms of social evaluation (academic, institutional). The analysis of the discourse of French magazines provides a first example of the way in which social preferences structure spatial organisation
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2014
Les interactions entre un paysage, son régime hydrologique (avec sa variabilité spatiale et temporelle), et des acteurs caractérisés par des niveaux de pouvoirs financier et politique variables déterminent largement la manière dont les ressources en eau sont utilisées ainsi que les conséquences de ces usages en termes de changement environnemental et socioéconomique. Des bénéfices, des coûts et du risque sont constamment générés et déplacés spatialement à travers le bassin, et socialement à travers les différents groupes d'acteurs concernés. Ce chapitre examine comment les questions de justice spatiale, appréhendées à l'échelle du bassin hydrographique, sont liées à des modes de mise en valeur et de gouvernance particuliers.
2017
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. © Presses de Sciences Po. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
(In)justices spatiales, langue(s) et discours : Théorisations politiques et interventions, 2018
Introduction de l'ouvrage collectif "(In)justices spatiales, langue(s) et discours : Théorisations politiques et interventions"
2016
Les coordinatrices de ce numero thematique posent une question primordiale et pertinente : quelles sont les dimensions spatiales de la justice alimentaire ? On ne peut pas entierement repondre en substance aux questions « qu'est-ce que la justice alimentaire ? » et « comment est-elle pratiquee ? » sans prendre en compte l'importance de l'espace. L'analyse radicale implicite de la justice alimentaire necessite d'analyser les structures sociales sous-jacentes aux inegalites existant dans l'organisation socio-spatiale des systemes alimentaires. Nous suggerons qu'il existe quatre noeuds interdependants dans les reseaux de justice alimentaire, qui s'organisent autour du questionnement « quels changements sont en train de se produire ou doivent s'operer ? » : le traumatisme/l'equite, l'echange, la terre et le travail. L'identification de ces noeuds provient de nos recherches ethnographiques et de la litterature critique. Comme la preoccupati...
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2016
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2016
Méditerranée, 2016
Abstract – This article draws from eldwork conducted in 2004-2008 in San Felice and Milano 2, using among other methods ethnographic observation and 34 in-depth interviews. It analyzes how discrimination- based segregation takes place in the refounded neighborhoods of Milan’s metropolis, and the relation of their inhabitants to spatial justice. The rst section of the article shows in particular how the refusal of diversity by the residents was based on xenophobic, Islamophobic and Romaphobic prejudices and obsidional representations (more or less strong depending of the period). The second section focuses on the effects – over the sense of justice of the inhabitants – of a national public sphere where urban segregation is never addressed or even framed as a problem. Résumé – À partir d’une enquête de terrain, combinant notamment observation participante et 34 entretiens approfondis, réalisée entre 2004 et 2008 dans les quartiers de San Felice et Milano 2, cet article analyse les ressorts de la ségrégation discriminante et le rapport à la justice spatiale dans les espaces refondés de la métropole milanaise. La première partie montre notamment comment le refus de la mixité s’appuyait chez les habitants de ces quartiers sur des préjugés et des sentiments obsidionaux xénophobes, islamophobes et tsiganophobes (plus ou moins prononcés selon la période considérée). La seconde partie s’intéresse quant à elle aux effets, sur le sens du juste des habitants, d’un espace public national dans lequel la ségrégation urbaine n’est pas une question débattue.
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