
Alia Ben Ayed
Alia Ben Ayed est architecte, Maîtresse de Conférences à l'Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis. Elle est membre fondateur de l’ « Equipe de Recherche sur les Ambiances » associée au Réseau International Ambiances architecturales et urbaines.
Après un parcours professionnel elle s’est engagée dans la recherche et a obtenu sa Thèse de doctorat en architecture ((Université de Carthage, ENAU) en 2014, sous la direction du Pr. Jean- Pierre Peneau et son habilitation universitaire en 2021. Ses activités d’enseignement sont l’occasion de développer, d’approfondir et de mettre en oeuvre concrètement le cadre théorique de ses travaux de recherche axés sur les effets de filtrage de la matérialité construite. Son programme de recherche propose de mettre l’épreuve la notion de porosité, dans le cadre d’une pensée opératoire tournée vers une projectuelle sensible. Cette notion traverse et croise de très nombreuses dimensions (architecturale, culturelle, géographique, climatique, spirituelle, écologique). Ses perspectives méthodologiques permettent d’élargir l’esthétique architecturale en mobilisant une approche multisensorielle. La projectuelle qui en découle procède d’une acclimatation aussi bien physique que sociale et sensible.
Après un parcours professionnel elle s’est engagée dans la recherche et a obtenu sa Thèse de doctorat en architecture ((Université de Carthage, ENAU) en 2014, sous la direction du Pr. Jean- Pierre Peneau et son habilitation universitaire en 2021. Ses activités d’enseignement sont l’occasion de développer, d’approfondir et de mettre en oeuvre concrètement le cadre théorique de ses travaux de recherche axés sur les effets de filtrage de la matérialité construite. Son programme de recherche propose de mettre l’épreuve la notion de porosité, dans le cadre d’une pensée opératoire tournée vers une projectuelle sensible. Cette notion traverse et croise de très nombreuses dimensions (architecturale, culturelle, géographique, climatique, spirituelle, écologique). Ses perspectives méthodologiques permettent d’élargir l’esthétique architecturale en mobilisant une approche multisensorielle. La projectuelle qui en découle procède d’une acclimatation aussi bien physique que sociale et sensible.
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Papers by Alia Ben Ayed
À la même époque, Martin Heidegger surprenait son audience constituée d’ingénieurs et d’architectes alors en charge de la reconstruction de l’Allemagne d’après-guerre, en lui annonçant que la véritable crise de l’habitation résidait dans le fait que « les mortels en sont toujours à chercher l’être de l’habitation » et venait à considérer que « l’homme habite le monde ; le monde est son espace » et que « cet entre-deux est la mesure assignée à l’habitation de l’homme » (Heidegger, 1958).
Le nouveau paradigme de « l’habiter » qu’instaure le philosophe allemand et par lequel, il désigne « un rapport avec le monde » venait ébranler un autre paradigme, celui de « la machine à habiter » sur lequel se base le modèle moderniste véhiculé par les CIAM et la charte d’Athènes.
Le quartier d’El Menzah I produit à Tunis durant la reconstruction d’après-guerre avait été pensé comme la démonstration de ce modèle, offrant ainsi un cadre de vie moderne codifié pour être efficace, comme une machine, depuis l’échelle du quartier jusqu’à l’échelle de la maison. Mais la confrontation au contexte tunisien et la nécessité d’adapter le modèle moderniste aux enjeux climatiques a abouti à une production habitable au sens large, et ce à toutes les échelles depuis l’appartement, l’immeuble et jusqu’au quartier (Ben Abdelghani, 2016)
Dans ce papier nous souhaitons discuter l’idée que cette production des années 40 tout en faisant référence à la machine à habiter, constitue également une alternative critique au logement minimum rationnel préconisé par le Mouvement moderne.
Le quartier se caractérise en effet par une porosité particulière qui se décline à travers la mise en oeuvre de dispositions et de dispositifs permettant un filtrage ambiantal (thermo-aéraulique, lumineux, visuel, sonore, olfactif, etc.) subtilement dosé, qui s’avère favorable à l’accessibilité à l’environnement et à autrui et par conséquent propice à l’habiter (Jallali, 2022).
En effet le choix du site, la disposition paysagère de l’ensemble, les dispositifs de filtrage mis en oeuvre à toutes les échelles de la plus urbaine à la plus architecturale, donnent lieu à une gradation du public au privé qui en même-temps qu’elle favorise la relation intérieur/extérieur protège le chez-soi.
Habiter, ici, prend tout son sens, au-delà de la satisfaction des exigences biologiques de confort physique, habiter c’est prendre en compte l’existant, c’est prendre soin de ce qui est là, c’est le ménager (Heidegger, 1958). Cette attention au contexte et à l’habiter, ouvrirait des pistes de réflexion pour une conception contemporaine sensible du logement social.
Mots clés : Porosité, Ambiances oasiennes, Soufisme, Esthétique du souffle
Summary : Starting from the idea that the vernacular urbanism oasis is marked by a particular porosity at the origin of the lived atmosphere, we hypothesize that this porosity corresponds to the lifestyle of the inhabitants that gives primacy to sharing. This way of life aligns with a certain integrative conception of being in the world proposed by the Islamic philosophy, especially ingrained in popular Sufi thought. In this paper, we propose, to follow this line of thought that Aristotle has been following through Western and Arab philosophy and goes against the predominant dualism. Hence, It is a question of finding some lines of thought to evaluate the operational scope of the concept of porosity and its capacity to renew our understanding of urbanism in question.
Keywords: Porosity, Oasis atmospheres, Sufism, Breath aesthetics
À la même époque, Martin Heidegger surprenait son audience constituée d’ingénieurs et d’architectes alors en charge de la reconstruction de l’Allemagne d’après-guerre, en lui annonçant que la véritable crise de l’habitation résidait dans le fait que « les mortels en sont toujours à chercher l’être de l’habitation » et venait à considérer que « l’homme habite le monde ; le monde est son espace » et que « cet entre-deux est la mesure assignée à l’habitation de l’homme » (Heidegger, 1958).
Le nouveau paradigme de « l’habiter » qu’instaure le philosophe allemand et par lequel, il désigne « un rapport avec le monde » venait ébranler un autre paradigme, celui de « la machine à habiter » sur lequel se base le modèle moderniste véhiculé par les CIAM et la charte d’Athènes.
Le quartier d’El Menzah I produit à Tunis durant la reconstruction d’après-guerre avait été pensé comme la démonstration de ce modèle, offrant ainsi un cadre de vie moderne codifié pour être efficace, comme une machine, depuis l’échelle du quartier jusqu’à l’échelle de la maison. Mais la confrontation au contexte tunisien et la nécessité d’adapter le modèle moderniste aux enjeux climatiques a abouti à une production habitable au sens large, et ce à toutes les échelles depuis l’appartement, l’immeuble et jusqu’au quartier (Ben Abdelghani, 2016)
Dans ce papier nous souhaitons discuter l’idée que cette production des années 40 tout en faisant référence à la machine à habiter, constitue également une alternative critique au logement minimum rationnel préconisé par le Mouvement moderne.
Le quartier se caractérise en effet par une porosité particulière qui se décline à travers la mise en oeuvre de dispositions et de dispositifs permettant un filtrage ambiantal (thermo-aéraulique, lumineux, visuel, sonore, olfactif, etc.) subtilement dosé, qui s’avère favorable à l’accessibilité à l’environnement et à autrui et par conséquent propice à l’habiter (Jallali, 2022).
En effet le choix du site, la disposition paysagère de l’ensemble, les dispositifs de filtrage mis en oeuvre à toutes les échelles de la plus urbaine à la plus architecturale, donnent lieu à une gradation du public au privé qui en même-temps qu’elle favorise la relation intérieur/extérieur protège le chez-soi.
Habiter, ici, prend tout son sens, au-delà de la satisfaction des exigences biologiques de confort physique, habiter c’est prendre en compte l’existant, c’est prendre soin de ce qui est là, c’est le ménager (Heidegger, 1958). Cette attention au contexte et à l’habiter, ouvrirait des pistes de réflexion pour une conception contemporaine sensible du logement social.
Mots clés : Porosité, Ambiances oasiennes, Soufisme, Esthétique du souffle
Summary : Starting from the idea that the vernacular urbanism oasis is marked by a particular porosity at the origin of the lived atmosphere, we hypothesize that this porosity corresponds to the lifestyle of the inhabitants that gives primacy to sharing. This way of life aligns with a certain integrative conception of being in the world proposed by the Islamic philosophy, especially ingrained in popular Sufi thought. In this paper, we propose, to follow this line of thought that Aristotle has been following through Western and Arab philosophy and goes against the predominant dualism. Hence, It is a question of finding some lines of thought to evaluate the operational scope of the concept of porosity and its capacity to renew our understanding of urbanism in question.
Keywords: Porosity, Oasis atmospheres, Sufism, Breath aesthetics